L’absence de perspective d’emploi dans certaines zones incite-elle au décrochage scolaire ? C’est ce qu’une équipe de chercheurs de l’Université de Nantes tend à démontrer. Les jeunes des zones rurales seraient ainsi les plus démunis.
Inégaux face au décrochage
C’est le CREN (Centre de recherche en éducation de Nantes) qui est à l’origine du projet en lançant un programme dénommé TEDS (pour « territoires et décrochage scolaire »). Ce dernier est conduit par plusieurs chercheurs.
Le but initial de la démarche était donc de dresser le bilan du décrochage scolaire dans l’Hexagone selon les territoires. Ceci afin de déterminer l’incidence du contexte sur ce phénomène touchant de nombreux jeunes. L’étude a été réalisée sur 42 mois, entre octobre 2014 et avril 2018. Cinq laboratoires ont ainsi contribué aux travaux qui ont porté sur près de 3 000 individus dans cinq académies différentes.
Cercle vicieux
Les résultats de ce programme donnent lieu à des conclusions intéressantes. Mais qui n’en sont pas moins inquiétantes. Le décrochage scolaire est effectivement corrélé avec la bonne ou mauvaise santé du marché de l’emploi local. Et ce marché connait des situations bien différentes selon qu’il s’agisse des zones urbaines, rurales ou périurbaines.
Dans les faits, l’étude indique que les jeunes vivant dans des territoires où l’emploi est morose sont plus enclins à abandonner les cours ou à être moins motivés en classe. L’inverse se vérifie également selon les chercheurs.
Cette absence de perspective d’emploi sur un espace donné n’est donc pas stimulante pour les élèves qui peuvent la constater. De même, les élèves scolarisés près de centres économiquement dynamiques avec un taux de chômage faible sont plus déterminés à réussir leur scolarité.
Les ruraux en difficultés
Bien que les conclusions de l’étude insistent sur les difficultés des zones périurbaines, il apparaît que la jeunesse des zones rurales est autant (si ce n’est davantage) démunie face à ces problèmes de décrochage scolaire. Tandis que les rapporteurs du projet tendent à souligner l’isolement social des habitants des quartiers et villes périphériques, précisons tout de même que les jeunes ruraux connaissent en plus un autre type d’isolement.
Ainsi, en plus d’un environnement social souvent modeste (à l’instar des banlieues), le jeune décrocheur vivant en campagne se trouve également éloigné des différentes possibilités de remédiation. Un éloignement géographique qui s’accompagne généralement d’une mauvaise information sur les structures et aides existantes.
Enfin, cette étude va faire l’objet d’un prochain colloque à Nantes où les résultats seront présentés dans leur intégralité. Rendez-vous les 30, 31 mai et 1er juin 2018.
Crédit photos : Wikipedia (CC/Enzo Fortunato)
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