ASOS, célèbre société britannique de vente de vêtements en ligne, n’en finit pas de monter en puissance. Mais le succès de l’enseigne s’accompagne également de la diffusion d’un modèle culturel de plus en plus prégnant. Comme en témoigne une récente publicité.
Machine de guerre commerciale
Les amateurs de mode et plus généralement l’ensemble des moins de 30 ans connaissent l’enseigne. ASOS (pour As Seen On Screen) a été créée en 2000 au Royaume-Uni. Directement issue du milieu des créatifs londoniens, la marque vient bousculer l’univers du prêt-à-porter de l’époque. Zara et autres H&M se mettent alors à trembler. À juste titre puisque ASOS lance dès 2004 sa propre ligne de vêtements.
Pour les deux fondateurs Nick Robertson et Quentin Griffiths, le concept est simple et épouse totalement la pop culture : s’inspirer des vêtements portés par les grands noms du cinéma et de la musique et en décliner des modèles revisités et peu coûteux. Le tout à destination d’une clientèle 15-25 ans, boulimique de mode mais souvent fauchée. Et commercialisé en ligne uniquement.
Source : lsa-conso.fr
Une jeunesse séduite
Le succès ne tarde pas à arriver et ASOS devient une place virtuelle incontournable. Y compris en France où la marque touche déjà un large public dès le début des années 2010.
Depuis, la prospérité de la firme anglaise ne s’est pas démentie. Le dernier résultat publié au mois d’août 2017 annonçait un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros. Une progression de 27 % par rapport aux montants de 2016. De quoi laisser rêveurs bien des acteurs du prêt-à-porter ces temps-ci. D’autant plus que la société envisage une nouvelle progression de 25 à 30 % de son chiffre d’affaires pour l’exercice 2018.
ASOS revendique par ailleurs près de 15,4 millions de clients dans le monde tandis que sa valeur en bourse avoisine les 6,4 milliards d’euros.
Hipsters et métissage vestimentaire
De plus, cette réussite démontre que le temps où ASOS ne touchait qu’une certaine jeunesse urbaine toujours en quête d’une longueur d’avance vestimentaire est révolu. La tendance hipster, en provenance des USA et confinée durant un moment à certains quartiers branchés de Londres, Berlin ou Paris, a ensuite déferlé sur toute l’Europe de l’Ouest.
Source : samusicscene.co.za
Une période de gloire éphémère approximativement comprise entre 2012 et 2015, et désormais aux oubliettes. Mais ce sont bien ces quelques années qui ont propulsé ASOS au sommet de la mode en ligne. Il était alors question de se procurer des vêtements variés, provenant de cultures diverses, et surtout peu chers. Ce brassage des codes, propre aux hipsters, s’est vite cherché un fournisseur unique.
Un métissage vestimentaire dont la société britannique a rapidement saisi tout le potentiel. Sa boutique en ligne fut ainsi l’une des premières à proposer une marketplace, gigantesque lieu d’échange virtuel ou des professionnels comme des particuliers peuvent vendre leurs articles.
Disponible dans 230 pays
Voilà donc en résumé la recette du succès d’ASOS. Qui investit par ailleurs massivement dans l‘ouverture d’e-commerces un peu partout dans le monde. La marque livre déjà ses produits dans 230 pays.
Autre argument de poids, l’arrivée quotidienne de nouvelles pièces. ASOS propose dorénavant plus de 85 000 produits et 850 marques à ses clients. 5 000 nouveautés sont mises en ligne chaque semaine.
Enfin, la société ne lésine pas non plus sur les réseaux sociaux. Le compte Instagram principal (il en existe près d’une dizaine en tout) est suivi par plus de 7 millions de personnes. ASOS n’hésite d’ailleurs pas à rémunérer plusieurs Instagramers influents pour promouvoir ses vêtements. Quant à la page Facebook, elle dépasse les 5 millions d’abonnés.
Publicité sans équivoque
Une fois cette longue présentation effectuée, il apparaît donc évident que chaque publicité réalisée par la marque a une portée considérable sur la jeunesse occidentale. Et, à l’instar d’Ikea ou de Tinder, le message diffusé ne manque pas de verser dans le politiquement correct. Peu surprenant toutefois.
Toutefois, force est de reconnaître que la dernière vidéo promotionnelle publiée par ASOS va encore un peu plus loin sur les thématiques sociétales habituelles : métissage, homosexualité, promotion d’un mode de vie urbain et déraciné.
https://www.youtube.com/watch?v=YZBuZbhfzM8
« Et si on brisait les codes ? »
Diversité fortement mise en avant, barre d’immeubles, street culture et phrasé aux accents de rappeur. La publicité en question plante le décor. Mais aussi le futur des générations à venir. Car rien ne semble venir remettre en cause la tendance.
« Et si l’on vivait à contre-courant ? », « Et si on brisait les codes ? », se demandent les acteurs de la vidéo. Des interrogations faussement subversives puisque c’est bien le modèle de société version ASOS qui est ardemment promu chez nous actuellement. Les clichés mis en scène ici ne font que suivre le courant dominant, les codes étant déjà brisés depuis longtemps.
« Et si l’on rêvait les yeux ouverts ? Sans jamais attendre de réponse. », conclut enfin le clip. Mais pour les tenants du mondialisme culturel, le rêve est déjà réalité. Quant à la réponse, le camp de l’Europe enracinée semble avoir bien du mal à la trouver !
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/ASOS)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
