Hostiles, un western porté par l’acteur gallois Christian Bale, est à l’affiche depuis le 14 mars dernier. L’occasion de remarquer que le genre est loin d’avoir tiré sa révérence, les succès étant encore régulièrement au rendez-vous depuis le début des années 1990.
Le western, un genre parmi d’autres…
Le western n’est plus que l’un des nombreux genres de l’offre filmique, une offre par ailleurs extrêmement abondante puisque de nombreux longs métrages sortent chaque semaine. Les films sur l’Ouest américain sont ainsi noyés dans la masse et passent donc plus inaperçus que lors de l’âge d’or, au siècle dernier, dans les années 50 et 60. Il n’y a pas pour autant de désamour du western, les acteurs et réalisateurs sont simplement davantage mis en avant que les genres cinématographiques, et lorsque les meilleurs d’entre eux s’attaquent au Far West, le succès est toujours au rendez-vous.
Contrairement aux idées reçues, les westerns n’ont jamais disparu des salles obscures, l’on peut facilement remettre la main sur une soixantaine de longs métrages sortis depuis l’an 2000, sans parler des sorties directes en DVD. Comme autrefois, ces films abordent toutes les facettes du Far West, sous différentes formes et avec des tonalités très variées. L’on peut ainsi voir des oppositions traditionnelles entre cow-boys et indiens, des histoires de bandits ou de héros solitaires, des œuvres réalistes, mythiques ou parfois même moralisatrices, sans oublier des comédies et des dessins animés. Fort logiquement, certains de ces films tournés aux quatre coins du monde sont extraordinaires, d’autres passables, et quelques-uns totalement ratés ! Désolé, Bandidas, le duo Penelope Cruz/Salma Hayek n’est pas suffisant pour faire un chef d’œuvre !
…mais les spécialistes du western existent toujours !
De nombreux réalisateurs et acteurs du 20ème siècle avaient fait du western leur spécialité, citons notamment John Ford, Sergio Leone, John Wayne, Henri Fonda, Gary Cooper et bien sûr Clint Eastwood, mais le 21ème peut en dire autant, même si cela est moins établi dans l’inconscient collectif. Ed Harris, Tommy Lee Jones, Christian Bale, Russel Crowe ou encore Quentin Tarantino, tous reconnus par leurs pairs, ont chacun participé à plusieurs projets traitant de l’Ouest américain ces dernières années, la plupart rencontrant un franc succès.
En 1990, Kevin Costner réalisait Danse avec les loups et y tenait le rôle principal, avant de revenir dans Wyatt Earp en 1994 puis Open Range en 2002. L’acteur fut par ailleurs narrateur du documentaire 500 Nations, diffusé en huit parties durant les années 90 et traitant des différentes tribus indiennes qui peuplaient jadis l’Amérique du Nord. Une omniprésence qui n’est pas due au hasard puisque Kevin Costner a des racines cherokees !
Ed Harris est un exemple intéressant, puisqu’en plus de ses rôles dans Appaloosa (2007) et Sherif Jackson (2013), il est l’un des acteurs principaux de la série Westworld, dont la deuxième saison très attendue sortira en ce mois d’avril 2018. Il y retrouve au passage la belle Evan Rachel Wood, elle aussi habituée du genre.
D’aucuns expliqueront que Westworld n’est pas un western mais une série futuriste, on pourrait leur répondre que les scénaristes ont justement su réinventer le genre, en surfant sur l’attrait du public pour la conquête de l’Ouest et en lui donnant le soupçon de modernité la rendant originale. Un exploit que n’avaient pas réussi à accomplir les films Wild Wild West (1999) et Cowboys & Envahisseurs (2011).
Toutes les thématiques de l’Ouest sont dans ce show, et si l’on croit longtemps que tout est factice et sous contrôle, l’aspect sauvage de l’époque finit par resurgir. La dimension « science-fiction » permet, quant à elle, de mener d’autres réflexions, notamment sur le transhumanisme (thème que nous évoquions récemment sur Breizh Info).
Cinéma. L’humanité face au transhumanisme et à l’intelligence artificielle
Ed Harris est immédiatement devenu le personnage le plus charismatique de Westworld, dans la peau d’un loup solitaire impitoyable, et est même le point central de l’histoire, signe de sa crédibilité dans le rôle.
Christian Bale, évoqué plus tôt, est lui aussi rapidement devenu une icône de l’Ouest. Nul besoin de faire cinquante apparitions le revolver à la main puisque ses performances dans 3h10 pour Yuma et Hostiles ont mis tout le monde d’accord.
Hostiles, nouveau western monumental
Contrairement à Westworld, Hostiles raconte une histoire et présente des personnages bien plus habituels, le film parvient donc à se démarquer sur d’autres secteurs.
Un capitaine de la cavalerie expérimenté mais usé par la guerre est chargé d’accompagner un chef indien mourant pour qu’il puisse terminer sa vie sur la terre sacrée de ses ancêtres. Problème, les deux hommes sont des ennemis de longue date et les souvenirs des batailles passées n’ont pas encore cicatrisé. Tout de même obligés de faire route ensemble, ils vont rencontrer une femme en détresse, affronter une tribu indienne rivale et des mercenaires sans foi ni loi…
Sans dévoiler les événements qui s’y déroulent, la scène d’ouverture est un immense choc, moins spectaculaire mais aussi intense que peut l’être la scène du débarquement en Normandie dans Il faut sauver le soldat Ryan. On l’accepte, comme on accepte les moments violents du film, car ils ne sont jamais gratuits et servent toujours une intrigue parfaitement ficelée, dont on pourrait faire un schéma précis en sortant de la salle de cinéma. Le destin des protagonistes est étroitement lié !
Si, comme c’est le cas depuis le début des années 90, l’idée d’une certaine repentance blanche vis à vie des indiens est présente dans Hostiles, nous n’avons pas affaire à un manichéisme immature, les sacrifices et les repentis de part et d’autre sont crédibles et touchants. Enfin, ce véritable « road movie » dans l’Ouest américain, du Nouveau-Mexique au Montana, propose des décors absolument grandioses qui donnent à eux seul l’intérêt de le voir sur grand écran pour en prendre plein les yeux.
Salué par la critique comme par le public, Hostiles est la preuve que le western se porte toujours très bien, mais Impitoyable (1992), Dead Man (1995), Open Range (2002), 3h10 pour Yuma (2007), True Grit (2010) ou encore Les Huit salopards (2015) nous l’avaient déjà fait comprendre !
Alexandre Rivet