Maodez Glanndour. Que ceux qui parlent de Bretagne sans connaître l’ancien recteur de Louannec se taisent ! Le grand écrivain de langue bretonne mériterait d’ailleurs bien des rues à son nom. Mais à Pontrieux, sa ville natale, la mairie fait la sourde oreille malgré une pétition demandant cette reconnaissance.
L’abbé Le Floc’h
À l’état civil, Maodez Glanndour était L’abbé Louis Augustin Le Floc’h, Loeiz ar Floc’h de son nom breton. Il naquit à Pontrieux en 1909. Officiant comme recteur de Louannec en Trégor, il y restera durant 30 ans, de 1956 à 1986. Si bien que son image restera très longtemps attachée à celle de la petite commune dans la tête de ses paroissiens. Ironie du sort, Louannec était aussi la paroisse de saint Yves, saint patron de la Bretagne que Maodez Glanndour n’a pas manqué de remettre à l’honneur.
Traditionalistes, ses messes, malicieusement appelées « FLB » pour Français-Latin-Breton, n’avaient rien de commun avec les cérémonies modernes et détenaient cette rigueur dont la Bretagne avait encore le secret au début du siècle dernier. Par ailleurs, à l’instar de l’abbé Perrot au presbytère de Scrignac avant lui, il organisait aussi régulièrement des retraites pour les familles bretonnantes dans les années 1950 et 1960 à Keresperz.
Il s’éteindra le 25 novembre 1986 à l’hôpital de Lannion puis fut enterré au cimetière de Guingamp.
Feiz ha Breizh
Ayant ainsi croisé à quelques reprises l’abbé Yann-Vari Perrot dans sa jeunesse, Maodez Glanndour restera fidèle toute sa vie à la devise de Feiz ha Breizh, ne séparant jamais la foi de la Bretagne. Écrivain prolifique et acteur majeur de l’Emsav, il se coupera toutefois d’une partie de celui-ci au cours des années 1970 alors que certains militants bretons épousaient de plus en plus les idéaux de mai 1968.
Une rue Maodez Glanndour ?
Alors que l’année 2016 marquait les 30 ans de la mort du recteur de Louannec, l’Emsav dans son ensemble et, plus généralement et sans surprise, toute la société bretonne, ont ignoré comme il se doit la mémoire de Loeiz ar Floc’h. Seules la revue Al Liamm et l’école Diwan de Louannec lui ont rendu hommage.
Tandis qu’il y a des boulevards Gambetta et Clémenceau en Bretagne, une rue au nom de Maodez Glanndour serait bien la moindre des choses pour ce serviteur de la Bretagne et de sa culture au sens noble. C’est en tout cas ce que réclame une pétition en ligne lancée il y a six mois concernant une demande auprès de la municipalité de Pontrieux, sa terre d’origine.
Mais, malgré deux mails de relance, la mairie ne daigne répondre, ignorant elle aussi le souvenir de l’enfant du pays. Jointe par téléphone, Anne Floc’h, à l’origine de cette pétition, nous précise : « C’est le même silence à Louannec, où une requête similaire a été formulée. Nous avons aussi contacté la mairie de Lannion il y a quelques mois : une ‘commission compétente’ devait étudier l’idée mais depuis, plus de nouvelles ! »
Une personnalité à (re)découvrir
Si quelques conseils municipaux bretons tournent aujourd’hui le dos à Maodez Glanndour, cette homme de grande culture a pourtant fait régulièrement parlé de lui. Dans sa Bretagne comme en dehors.
La reconnaissance de ses compatriotes Pierre-Jakez Hélias, Xavier Grall et Youenn Gwernig en témoigne. Nous avions d’ailleurs récemment évoqué ce moment de télévision.
Enfin, une page Facebook consultable ICI lui est désormais dédiée. Quant à la pétition, elle est toujours accessible sur CE LIEN.
Crédit photos : Anne Floc’h (tous droits réservés)
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