Un refuge pour chat à errants, des horloges numériques dans les amphis, une salle de sieste, des transats ou encore une très onéreuse plaque à la mémoire de Malik Oussekine. Voici les dernières dépenses qui seront faites, en partie avec des fonds payés par les étudiants non boursiers, dans le cadre du « budget participatif » de l’Université de Rennes 2, un budget qui s’élève à 34 000€.
Pour Armel, étudiant à Rennes 2, « re zo re », trop, c’est trop. « Ces gens qui proposent ce type de projets ont de graves problèmes mentaux. A ce niveau c’est pathologique. Un endroit pour faire une sieste sérieusement ? C’est une insulte à tous ceux qui ne peuvent pas aller à l’Université. Je ne comprends même pas que la direction de l’Université puisse valider cela, c’est scandaleux ».
Sur le site de l’Université de Rennes 2, on peut lire dans une écriture inclusive que « Le budget participatif est un dispositif proposé par les élu·es étudiant·es, et pour les étudiant·es, soutenu par la direction. 34 000€ issus du fonds FSDIE dédié au financement des initiatives étudiantes vont être mis au vote pour des projets d’aménagement et d’amélioration de la vie étudiante à Rennes 2. Étudiant·es, le principe est simple : c’est vous qui proposez les projets et c’est vous qui votez pour les départager ! »
Pour rappel, le FSDIE (Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes) est un fonds de subvention spécifique aux universités. Il est constitué par une partie des droits d’inscription acquittés chaque année par les étudiants non boursiers. Les crédits du FSDIE sont affectés à l’aide aux projets des étudiants, notamment par le biais des associations.
« Le FSDIE est une aide pour les initiatives étudiantes impliquant un projet particulier. Les projets subventionnés suivent, en général, la même directive : ils participent à l’animation des campus, améliorent les services aux étudiants et promeuvent la vie associative sur le campus.» peut-on lire.
Au final, c’est le CVFU (Commission de la formation et de la vie universitaire) qui valide les projets qui seront soumis au vote après étude par la commission de gestion du FSDIE . Une organisation très bureaucrate façon soviétique donc composée comme suit
Composition de la Commission de gestion FSDIE : • le ou la Vice-président-e en charge de la Vie Étudiante ; • le ou la Vice-président-e étudiant-e ; • 1 représentant BIATSS élu à la CFVU ; • 1 représentant des enseignants-chercheurs élu à la CFVU ; • 1 représentant du CROUS ; • 1 représentant de la Ville de Rennes ; • le ou la directrice des Études et de la vie universitaire ou son/sa représentante ; • les représentants des usagers élus à la CFVU.
La commission de la formation et de la vie universitaire est composée de 40 membres :
– 16 enseignants-chercheurs et enseignants et assimilés ;
– 16 étudiants ;
– 4 BIATSS ;
– 4 personnalités extérieures.
Les personnalités extérieures comprennent 1 représentant d’un établissement d’enseignement secondaire et 3 personnalités désignées par la commission de la formation et de la vie universitaire à titre personnel dont le directeur du CROUS ou son représentant.
Parmi ces intervenants extérieurs, on retrouve tout de même la présidente de la CAF d’Ille et Vilaine, celle du Crous et le proviseur du lycée de Bréquigny.
Au total, 26 projets avaient été validés par ces gens (voir la liste complète ici) et 13 retenus et soumis au vote des étudiants. 15 000 euros seront ainsi dédiés à la création d’un bar associatif et d’un foyer étudiant, 2500€ à l’installation d’un micro-onde à Villejean, 7 000€ pour une salle de sieste à la bibliothèque universitaire, 1200€ pour des horloges numériques dans les amphis, 600€ pour un refuge pour chats errants, 1000€ pour des portes manteaux dans les toilettes, 1000€ pour un piano en libre service, 400€ pour un mur d’expression libre ou encore 100€ pour une plaque dédiée à Malik Oussekine.
Sur Internet, quelques réaction eu égard du décalage manifeste entre l’objet des votes (parfois archi minoritaires) et la priorité d’une université.
Et visiblement tout le monde est content, en tant qu’enseignant de l’université je suis mal à l’aise face à cette mascarade, après si c’est comme cela qu’on achète la paix sociale des syndicats étudiants c’est assez triste…
— Boris Mericskay (@BorisMericskay) 28 mars 2018
Armel lui ne décolère pas : « Il y’a des étudiants qui se saignent pour payer leurs études. Voici à quoi on consacre une partie de leurs cotisations. Si on rajoute les grèves fréquentes, ça commence vraiment à faire beaucoup. Avec ces gens là, l’avenir va être absolument terrifiant . Ce sera le règne du vide , du néant, de l’insignifiant. Ca fait peur ».
La situation dans les facultés de France semble actuellement particulièrement tendue. Des visions totalement opposées du monde s’y côtoient et s’y opposent dans un rapport de force et d’influence pour le moment en faveur des défenseurs de la grève et des salles de sieste. C’est le cas à Toulouse, à Lille, à Montpellier, à Strasbourg, à Nantes, à Rennes.
Si la presse subventionnée jette fréquemment l’opprobre sur « l’extrême droite » qui attaquerait les étudiants (en réalité des bagarres entre étudiants de droite ou d’extrême droite contre étudiants de gauche ou d’extrême gauche), on est bien loin de la réalité sur le terrain.
D’un côté, des apprentis révolutionnaires, souvent minoritaires numériquement – les AG ne font pas le plein – mais très influents et dont les administrations ont une peur bleue quand elles ne sont pas tout bonnement complices, de l’autre des groupes qui veulent en découdre du fait de l’inaction de l’administration, pour pouvoir permettre à tous d’étudier librement. Au milieu, une majorité d’étudiants, peu ou pas politisée, qui subissent, presque en silence. Et qui votent pour une salle de sieste dans une bibliothèque universitaire ….
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