L’ambiance continue de se tendre à l’Université de Nantes, bloquée par 70 cagoulés dont la plupart ne sont pas étudiants. Ils ont d’ailleurs étendu ce mercredi matin le blocage à la fac de Droit qui n’en demandait pas tant. Après une grosse AG dans un amphi de droit – réquisitionné en plein cours – une micro-manifestation a eu lieu mercredi, sous la pluie. Le blocus est levé ce jeudi matin, mais une « table de négociation » a été ouverte entre une direction toujours prompte à s’humilier devant l’ultra-gauche et les bloqueurs.
La semaine avait pourtant bien commencé avec la « reprise normale des activités », enfin des cours, dans un campus du Tertre débloqué le lundi matin. Mais ce n’était pas parti pour durer. Un communiqué des bloqueurs faisait état de leur organisation : « Ainsi naissent le C.H.A.T (Comité des Historien.ne.s Autonome du Tertre), le GAG (Groupe Autonome des Géographes), le C.A.P (Comité Autonome de Psycho), le D.A.B (Droit Autonome Bloqueurs) ou encore l’O.U.R.S (Organisation Universitaire des Révolté·e·s Scientifiques). Ni hiérarchie ni organigramme, ces groupes fonctionnent sur la confiance mutuelle et des principes d’horizontalité, se construisent par la confiance entre camarades de classe, tissent des liens avec les autres étudiant·e·s, les professeur·e·s, les chargé·e·s de TD, les doctorant·e·s, des personnels administratifs ». En réalité ces quelques « comités » regroupent les mêmes étudiants ou militants de l’ultra-gauche, fonctionnent par cooptation, ont des chefs identifiés et ne sont ni ouverts, ni représentatifs.
« Nous allons tout faire pour que vous ne soyez pas pénalisé.e.s » : quand l’UFR Lettres se met à l’écriture inclusive
Le 26 mars toujours, le département de Lettres modernes envoie une lettre aux étudiants, où il indique ses inquiétudes et « réticences » quant à la réforme Parcoursup. La lettre condamne aussi le blocage qui « perturbe massivement le déroulement des cours, instaure une atmosphère de tension et parfois même de violence, risque de dévaloriser les lettres et sciences humaines sur le campus et enfin place le personnel dans des situations délicates ».
Mais un peu plus bas, l’UFR Lettres plie devant l’ultra-gauche et adopte son écriture : « nous allons tout faire pour que vous ne soyez pas pénalisé.e.s par la situation. Chaque enseignant.e s’organisera pour adapter les critères et les méthodes d’évaluation ». Autrement dit, pour l’image des lettres et sciences humaines, ce n’est pas gagné.
Pour faire une AG d’importance, qui a rassemblé 800 personnes et a été filmée par Mediapart, les bloqueurs avaient « réquisitionné » un grand amphi en droit. Outre les considérations habituelles sur la légitimité du blocus, l’évacuation musclée des bloqueurs de la fac de droit de Montpellier, la réforme, des manifestations avaient été décidées pour le mercredi 28 mars, le mardi 3 avril, les samedis 7, 14 et 21 avril et les jeudis 12 et 19 avril. Cerise sur le gâteau, on notera l’intervention d’étudiantes « engagées » dans la lutte contre le « sexisme » informant de réunions de travail non mixtes dans les amphithéâtres occupés, pendant que les garçons seront préposés au ménage…
Mercredi, 200 personnes étaient présentes pour faire un petit tour, de Bouffay au château jusqu’au cours des 50 Otages via la Préfecture, de 14 à 16h, en criant « Flics fachos hors de nos facs ! », « La police assassine ! La police mutile, la police assassine », « De Nantes a Montpellier pas de fachos dans nos quartiers » et autres insanités.
Pendant ce temps, le campus du Tertre était bloqué, ce qui a engendré tensions et difficultés, comme l’a expliqué le président Olivier Laboux dans un courrier : « Si certains d’entre-vous estiment que cela est une modalité efficace, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui m’interpellent pour me faire part de leur exaspération, voire de leur sentiment d’insécurité sur leur lieu de travail et d’étude. Par ailleurs, des bâtiments sont dégradés et deux amphithéâtres sont occupés jour et nuit. Des altercations entre étudiants ont eu lieu aujourd’hui, à plusieurs reprises, sur le campus, entre des bloqueurs et des étudiants qui cherchaient à accéder à leurs bâtiments ».
Cependant, plutôt que de faire appel aux forces de l’ordre pour dégager les quelques dizaines de cagoulés qui perturbent l’Université depuis des mois, la mollesse a repris le dessus : « Je fais le choix, car je souhaite une issue pacifique, d’ouvrir une table de négociation dont l’objet sera d’aboutir à la reprise des activités tout en permettant aux étudiants qui le souhaitent de se mobiliser ». Suite du feuilleton au prochain numéro.
Louis Moulin
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