On se serait cru revenu au bon vieux temps. C’est en effet l’ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault qui a défilé ce mercredi en tête de la marche blanche pour Mireille Knoll, de la place Graslin à la place Royale. Quant à Johanna Rolland, la maire actuelle, elle brillait par son absence. Deux cent personnes ont défilé en rangs serrés, sans bannières ni drapeau – sauf pour les militants de Sud Solidaires, qui ont peut être loupé la mini-manif des étudiants un peu plus tôt dans la journée.
Mireille Knoll, âgée de 85 ans, d’origine juive et rescapée de la rafle du Vel d’Hiv, a été tuée à Paris de 11 coups de couteau ; deux personnes ont été mises en examen pour meurtre à caractère antisémite, et ce même si c’est la piste crapuleuse qui est privilégiée par les enquêteurs. Deux départs de feu ont aussi été constatés dans l’appartement où la victime vivait seule, les auteurs espéraient peut-être masquer leur forfait.
Le meurtrier a-t-il crié Allah Akbar comme celui de Sarah Halimi ?
Les deux hommes sont pour l’un un voisin de cette dernière – qui connaissait sa religion – et pour l’autre un jeune SDF de 21 ans, ami du premier. Celui-ci a accusé son complice d’avoir crié « Allah Akbar » en commettant le meurtre. De quoi dresser un parallèle avec le meurtre de Sarah Halimi, défenestrée dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 par son voisin Kobili Traoré dans un HLM de l’est parisien, après avoir été rouée de coups et insultée. Le meurtrier avait hurlé alors « Allah Akbar » et « j’ai tué le sheitan » [le démon].
Le voisin mis en cause a été déjà condamné pour viols et agressions sexuelles, la dernière fois en 2017 pour des faits commis sur la fille de l’ancienne aide à domicile de Mireille Knoll, au domicile de cette dernière.
Une marche blanche a eu lieu à Paris en mémoire de Mireille Knoll. Mélenchon et Marine le Pen, dont le CRIF ne souhaitait pas la présence, ont été hués, insultés et ont du être exfiltrés du cortège. Le fils de la victime, Daniel Knoll, a pris le contrepied du CRIF : « Nous appelons tout le monde, je dis bien tout le monde. Les gens qui ont une mère peuvent me comprendre, or tout le monde a une mère. Le Crif fait de la politique, et moi j’ouvre mon cœur. Tout le monde est concerné et il n’y a pas de limite, je suis contre les limites ». Rachida Dati, ex-ministre de la Justice, maire du VIIe arrondissement et depuis quelques heures candidate aux municipales de Paris en 2020 a elle aussi dénoncé la position du CRIF.
LBG