Pakistan. Violer la sœur d’un violeur en guise de réconciliation

Il est des faits divers sordides qui en disent parfois beaucoup sur le gap culturel nous séparant de certaines sociétés. C’est notamment le cas de cette affaire de viol au Pakistan.

« Viol de vengeance »

La police pakistanaise a arrêté entre 10 et 12 hommes (selon les sources) le 27 mars. Le motif de ces interpellations est qu’un « viol de vengeance » a été commis à Toba Tek Singh, une ville de la province du Punjab, à 275 km au sud-ouest de Lahore.

L’histoire a d’abord débuté par le viol d’une jeune fille de 16 ans par un certain Wasim Saeed dans cette ville de 87 000 habitants. L’homme pris sur le fait a ensuite dû s’expliquer devant tout son quartier tandis que la population demandait sa mort.

Une situation électrique à laquelle les familles de la victime comme du violeur ont trouvé une issue pour le moins stupéfiante : les deux parties ont alors convenu de se réconcilier à la condition que la sœur du violeur soit d’abord soumise à un « viol de vengeance ».

Pakistan

Source : KfW Entwicklungsbank

Justice traditionnelle

Au final, les proches de Wasim Saeed ont ensuite donné à la famille de la victime la possibilité de violer n’importe quelle femme de leur famille. Et c’est une femme de 40 ans qui a alors subi la « vengeance » du frère de la jeune fille de 16 ans.

Par la suite, les deux familles ont donc rédigé un accord écrit stipulant qu’elles oubliaient l’incident et que l’affaire était close. Parmi les personnes arrêtées, se trouvent des membres d’un conseil de village, des aînés et des membres de la famille. Car dans cette région du Pakistan central, cette méthode très particulière de conciliation est multiséculaire.

Une situation qui perdure

C’est par l’intermédiaire d’un membre de la police locale, ayant réussi à obtenir le document de conciliation en question, que la plainte a ensuite pu être déposée contre les signataires. Bien qu’elles soient interdites par la loi, ces pratiques sont encore en vigueur dans plusieurs zones rurales du Pakistan.

Au cours de l’année dernière, un cas similaire dans la même province avait d’ailleurs conduit à l’arrestation de 25 membres d’un conseil de village informel, accusés d’avoir ordonné le viol d’une autre jeune fille de 16 ans pour se venger d’une agression sexuelle commise par son frère.

Pakistan

Source : asianews.it

Malgré un appel émis en 2017 de la part d’Amnesty International auprès des autorités pakistanaises à « mettre un terme à l’impunité pour les violences sexuelles », la tradition semble toujours bien ancrée.

Gap culturel

Par ailleurs, le Pakistan est classé avant-dernier (143ème sur 144 pays) dans le Global Gender Gap Report 2017 (Rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes) publié par le Forum Economique Mondial (FEM). Une position occupée depuis 2012.

Dans ces conditions, il est assez compliqué de ne pas faire un rapprochement avec le récent et immense scandale de viols collectifs sur mineurs et d’abus en tout genre commis par des gangs pakistanais au Royaume-Uni, une communauté très présente outre-Manche. Plus de 1 000 jeunes filles en auraient été victimes.

Un véritable drame passé sous silence par les médias français mais qui, mis en perspective avec les pratiques traditionnelles aussi douteuses que celles évoquées ci-dessus, questionne tout de même sur le gap culturel quasi-infranchissable entre ces populations et notre société européenne.

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/UK DFID)
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