On peut craindre que François de Rugy (LREM), député de Nantes – Orvault et président de l’Assemblée nationale, souffre d’une sous information. Que fait son service de presse au Palais-Bourbon ? C’est manifestement le cas avec la question de l’introduction d’une dose de proportionnelle lors de l’élection des députés.
Actuellement, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est la règle pour tous. « Je suis favorable à ce qu’il y ait un quart des députés élus à la proportionnelle. Cela ferait donc cent députés élus selon ce mode de scrutin sur quatre cents », annonce-t-il (Le Monde, 11-12 mars 2018).
Mais quelques jours plus tôt, les chefs des parlementaires macroniens avaient appris ce que l’Élysée avait décidé : « Le nombre de députés élus à la proportionnelle serait limité à 50 (sur 400). On a un régime présidentiel assis sur une majorité ferme, a expliqué le Premier ministre. Nous voulons rénover la vie politique, pas changer de régime. Il n’est pas question d’une VIe République » (Le Canard enchaîné, 7 mars 2018). François de Rugy n’avait pas l’air d’être au courant ! Peut-être ne lit-il pas les journaux ?
Et afin que nul n’en ignore, Emmanuel Macron a remis une couche. « La prochaine assemblée ne devrait pas compter plus de 50 députés élus à la proportionnelle. Soit au maximum 12,5% des effectifs, si le nombre de députés est ramené à 400. Macron a tranché en faveur de ce chiffre, et tant pis pour François de Rugy, qui en réclamait le double. Et tant pis surtout pour François Bayrou, qui en tenait aussi pour la centaine depuis son accord passé avec le candidat pendant la campagne présidentielle. Cent députés, considère Macron, cela relève de la « culture des minoritaires, qui ne veulent jamais de majorité pour pouvoir jouer les forces d’appoint ». « On ne va pas faire la VIe République », a confirmé Richard Ferrand le 6 mars en réunion de groupe. Pas plus qu’on ne veut revenir à la IVe. Ce que l’on veut c’est une Ve plus efficace. » (Le Canard enchaîné, 14 mars 2018)
La « culture minoritaire », de Rugy connaît. Lors de son long séjour chez les écolos, il en a fait l’expérience. A Nantes, au final, c’était le boss Jean-Marc Ayrault (PS) qui décidait… La distribution des postes (adjoint au maire, vice-président de Nantes-Métropole, conseiller départemental, député, sénateur…) dépendait de lui. Aujourd’hui, le boss du président de l’Assemblée nationale s’appelle Emmanuel Macron.
Bernard Morvan
Crédit photo : Bruno Perroud/Wikimedia (cc)
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