Suffisait-il d’y penser ? Un navire produisant des bouteilles d’eau prête à la consommation à partir de l’eau de mer bientôt opérationnel ? Retour sur l’aventure audacieuse de la société OFW Ships.
Le concept
À l’origine de cette idée, il y a Régis Revilliod, un ancien commandant de la marine marchande désormais en retraite. C’est en 2013 que la société OFW Ships voit le jour. Si la transformation de l’eau de mer en eau potable est réalisée à bord des navires depuis bien longtemps déjà, l’idée de mettre cette eau en bouteille directement à bord puis de la commercialiser n’avait pas encore été émise.
À la fois armateur et affréteur, OFW (initialement pour Ocean Fresh Water) Ships entend bien voir se concrétiser son projet de navire baptisé Marine Bottling Plant. Tandis que la phase d’étude a duré deux ans et demi, le Bureau Veritas, organisme de certification des navires a validé la conformité du navire. Quant à la qualité de l’eau produite, elle a été, pour sa part, approuvée par un laboratoire agréé.
Le principe consiste à pomper de l’eau à plus de 300 mètres de profondeur au-dessus des zones de grands fonds (2 000 mètres et plus). Des zones où l’eau est moins exposée aux pollutions et plus riche en minéraux qu’en surface. Une fois le traitement de désalinisation effectué, l’eau est directement embouteillée à bord.
Soucieux de l’environnement
Des initiatives de ce genre, aux confins de l’innovation éco-responsable et du monde maritime, ont déjà cours aux États-Unis. Sur les navires d’OFW Ships, le plastique des bouteilles usagées sera recyclé afin d’en faire des palettes qui serviront aux transports des bouteilles fraîchement remplies.
De plus, alors que le transport international des eaux embouteillées occasionne des coûts économiques comme écologiques élevés, OFW Ships fusionne cette fois le transport et la production. Un moyen concret de réduire l’emprunte carbone. Enfin, selon Régis Revilliod, les navires embouteilleurs respecteront l’équilibre salin de l’eau de mer en ne dispersant que très faiblement la saumure.
Quelle commercialisation ?
En ce qui concerne les débouchés commerciaux de cette eau d’un nouveau genre, des marques de boissons auraient déjà validé un contrat de location de navire pour plusieurs années. Y compris des marques d’eau souhaitant étoffer leur gamme ainsi que des sociétés de la grande distribution.
Comme souvent avec les produits issus de la mer, les Asiatiques en sont friands, notamment les Japonais. Ce sont près d’1,8 milliard de litres de cette eau de mer transformée qui ont été produits l’année dernière.
Entrée en bourse
Cependant, le projet nécessite des financements conséquents. Alors qu’OFW Ships a déjà levé 3 millions d’euros depuis 2013, les fonds sont encore largement insuffisants. C’est pourquoi l’entreprise compte faire son entrée en bourse. L’objectif étant d’atteindre les 45 à 60 millions d’euros d’apports afin de constituer une flotte économiquement viable, soit 3 navires en activité d’ici 2022.
Ne reste plus qu’à convaincre les investisseurs sur le potentiel d’un marché encore méconnu en Europe.
Crédit photo : Pixabay (CC0/priyanka98742)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine