Bernard Poignant (PS), ancien député-maire de Quimper et ancien conseiller de François Hollande, en est convaincu : « L’idée socialiste ne disparaîtra pas ». Evidemment, le socialisme à la sauce Poignant ne peut pas effrayer les dirigeants des multinationales. Car notre homme attend des socialistes « qu’ils acceptent l’économie ouverte dans le monde » (Ouest-France, 27-28 janvier 2018). Pierre Gattaz ne dit pas autre chose ! Socialistes et capitalistes, même combat !
L’historien et démographe Emmanuel Todd lui répond à distance. « Les économistes du monde entier, et de tous bords, y compris à gauche, ont développé une espèce de charbonnier dans le libre-échange ! Celui-ci est devenu pour eux un horizon indépassable, une sorte de religion. » Todd remet également les choses à leur place à propos de la « guerre commerciale » lancée ( ?) par Donald Trump. « En réalité, nous sommes déjà en guerre commerciale. Notre libre-échange, avec la tension structurelle sur la demande, c’est déjà la guerre commerciale. Donald Trump ne fait qu’inverser les règles du jeu à l’intérieur de cette situation de guerre. »
Les technocrates responsables de cette situation « ne savent même pas, lorsqu’ils parlent de guerre commerciale, que s’il y a une zone dans le monde où l’intensité de cette guerre est maximale, c’est précisément la zone euro ! La contraction « austéritaire » de la demande couplée à l’impossibilité de jouer sur les taux de change y rend cette guerre plus intense encore qu’ailleurs. » (Le Figaro magazine, 16 mars 2018).
Un débat Poignant – Todd serait effectivement fort intéressant. Mais les préoccupations du premier se situent ailleurs : « Le Parti socialiste survivra, mais sa convalescence risque d’être très longue » (Ouest-France, 27-28 janvier 2018). L’infirmier Poignant a beaucoup de pain sur la planche…
Bernard Morvan
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