On le sait depuis longtemps : la presse est malade. Chute des ventes d’un côté, effondrement des recettes publicitaires de l’autre, rien ne va. C’est pourquoi le différend Arkéa – CMB/Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM) est une bonne affaire. Car les deux belligérants achètent des espaces publicitaires dans Ouest-France et dans Le Télégramme pour expliquer leur position et faire valoir leurs arguments.
Incontestablement, les plus généreux dans l’arrosage sont les gens de la CNCM ; non seulement ils achètent des pages dans les deux quotidiens en question, mais également dans Presse Océan alors que la Loire-Atlantique n’est pas directement concernée par le conflit.
Évidemment, l’accroche n’est pas terrible pour une banque qui se veut mutualiste ; en effet, la CNCM nous explique fort maladroitement : « Dans une banque qui n’a pas d’actionnaires, les conseillers n’ont que leurs clients à satisfaire » (samedi 17 mars 2018). L’agence à qui a été confiée la réalisation de cette page semble ignorer qu’au Crédit mutuel, il n’y a pas des clients mais des sociétaires porteurs de parts sociales. On n’est pas à la BNP – Paribas !
Du côté du CMB, on nous explique le jeudi (15 mars) : « Nous voulons rester une banque libre de soutenir l’économie locale et les emplois, la nouvelle économie, les créateurs d’entreprise, les associations, les collectivités ». Et le samedi (17 mars) : Nous voulons rester une banque libre d’être coopérative, mutualiste, territoriale, humaine, innovante, solidaire, engagée ». Vaste programme !
Dans le cas du CMB, on peut contester la réalité de la banque « coopérative » et « mutualiste ». Alors que nous entrons dans la période des assemblées générales, on constate qu’il y a à boire et à manger dans leur organisation.
Dans certaines caisses, on a affaire à une assemblée générale traditionnelle ; les sociétaires sont « convoqués » à une heure fixe (18h30 ou 19h00). C’est le cas à Brest (Saint-Pierre, Lambézellec, Bellevue), à Plonéour-Lanvern, à Plouescat, à Carantec… Dans d’autres caisses, les sociétaires sont « convoqués » à l’agence le vendredi ou le samedi « à partir de 08h30 » (Bannalec, Rosporden, Coray, Plozévet…). On les attend jusqu’à midi ! Dans ce cas, l’assemblée générale n’a d’ « assemblée » que de nom puisqu’à aucun moment les sociétaires ne formeront une « assemblée ». Ils se contentent de passer et votent vite fait bien fait en faveur de résolutions qu’on leur a ni présentées ni expliquées. Aucun débat, aucune question. Ils boivent un coup et s’en vont. Quelquefois les viennoiseries sont bonnes, comme à Redon… très fiers d’eux, les dirigeants du CMB appellent cette formule qui permet d’escamoter toute curiosité de la part des sociétaires « Assemblée générale portes ouvertes » (sic). Les marchands de motoculteurs et de voitures sont également les champions des « portes ouvertes ». Mais là, le client n’est pas un sociétaire.
A ce jour, il est curieux de constater que dans ces caisses « fantaisistes » où l’on se moque du monde, on ne trouve pas de sociétaires un peu « Bonnets rouges » sur les bords pour s’opposer à cette façon de faire et réclamer une véritable assemblée générale.
B. M.
Photo : Cremeto/Wikimedia (cc)
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