En Bretagne (5), 2 298 adhérents du PS ont voté à l’occasion de l’élection du premier secrétaire (jeudi 15 mars). Soit 563 dans le Finistère, 220 dans le Morbihan, 229 dans les Côtes d’Armor, 379 (sur 1120 inscrits) en Ille-et-Vilaine et 907 (sur 2013 inscrits) en Loire-Atlantique.
A l’échelon national, Olivier Faure (« Socialistes, le chemin de la renaissance ») a obtenu 48, 56% des suffrages. En Bretagne, les résultats ressemblent à la moyenne nationale puisque dans le Finistère, Olivier Faure récupère 45,83% des suffrages, 50,45% dans le Morbihan et 57,14% en Ille-et-Vilaine. Deux particularités cependant. D’abord les Côtes-d’Armor où Stéphane Le Foll devance Faure de dix voix (94 contre 84) et la Loire-Atlantique où Olivier Faure écrase la concurrence avec 65,88% des voix.
Il n’y a donc pas eu de vote « ethnique » : Stéphane Le Foll n’a pas enthousiasmé les adhérents bretons du PS. Pourtant, il a tenté de montrer un lien particulier avec la Bretagne puisqu’il a terminé sa campagne par Brest et Vannes. « Cette région a une place particulière dans la conquête du pouvoir par le Parti socialiste. Elle est un modèle de bascule. En regardant les dates, on constate la concordance entre l’accès des socialistes aux responsabilités locales en Bretagne et leur arrivée au pouvoir au plan national. C’est vraiment très spécifique à cette région. La Bretagne est une vraie terre social-démocrate. » (Ouest-France, 15 mars 2018).
On pourrait compléter utilement l’analyse de Stéphane Le Foll concernant l’irruption du Parti socialiste en Bretagne. Jusqu’en 1971 et la mainmise de François Mitterrand sur la « vieille maison », la SFIO (nom de l’ancien PS) en Bretagne n’existait que dans les villes avec une clientèle électorale limitée aux milieux laïques (instituteurs, professeurs, fonctionnaires, petite bourgeoisie urbaine). Avec le nouveau PS, Mitterrand récupère en Bretagne une armée de militants provenant de l’action catholique (JEC, JOC, JAC, MRJC, scouts de France…). Ils deviendront maires, députés, présidents de conseil général « socialistes ». Les couches jeunes de l’ancien électorat démocrate-chrétien (MRP) suivront le même mouvement et prendront l’habitude de voter socialiste. Les parents votaient MRP, les enfants votent PS.
Si la Bretagne « est une vraie terre social-démocrate », comme le prétend Stéphane Le Foll, elle l’est mâtinée de centrisme ; c’est ce qu’à fort bien compris Jean-Yves Le Drian.
B. Morvan
Photo : stagiaire MGIMO/Wikimedia (cc)
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