Dans le cadre de l’Affaire dite du Financement libyen de la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue. L’ancien président de la République est actuellement entendu dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre sur les soupçons de financement illicite qui pèsent sur sa campagne victorieuse de 2007.
Cela pose la question de sa défense médiatique qui a été marquée jusque-là par une ligne fixe : dénonciation d’une instrumentalisation de la justice et d’un complot politique fondé sur l’existence d’un cabinet noir au sein de la Présidence de François Hollande. Emmanuel Macron étant à l’Elysée, la donne change.
Si nos hommes et femmes politiques ont aujourd’hui à affronter une judiciarisation des affaires publiques, ce risque faisant partie de leur quotidien, ils ont désormais à faire face, dans le même temps, à une professionnalisation de la communication des services de police et de la justice. En effet, nul doute que dans cette affaire, comme cela se fait au quotidien, les policiers feront fuiter des déclarations effectuées pendant la Garde à vue et le Parquet fera fuiter des informations du dossier permettant aux médias de traiter le dossier.
Si le tribunal médiatique a toujours jugé avant celui de l’institution judiciaire, le temps de la justice n’a jamais été celui des médias. Il en est autrement aujourd’hui, où, compte tenu de ces fuites, la Présomption d’innocence est bafouée autant que le secret de l’instruction ne se résume plus qu’à une fiction juridique.
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Les personnalités politiques se retrouvent de plus en plus souvent propulsées devant la justice. Elles se retrouvent alors face à une situation déstabilisante qui peut rapidement se transformer en spirale destructrice de leur image et de leur réputation, pourtant patiemment construite. Et ce ne sont jamais des éléments de langage, aussi excessifs soient-ils, qui peuvent permettre de se protéger efficacement. La stratégie de défense doit être bien plus large que cela.
Le Droit pénal des Affaires fait le bonheur du Tribunal de l’opinion. De la corruption en passant par le blanchiment jusqu’à la fraude fiscale en passant par la prise illégale d’intérêts, le trafic d’influence ou le délit d’entrave, sont autant de risques judiciaires se transformant en risques d’image et de réputation pour nos hommes et femmes politiques.
Le mouvement cliquet vers la transparence (on ne reviendra pas à moins de transparence), couplé aux chaines d’informations en continue et à l’hyper-médiatisation du monde politique ont cassé la présomption d’innocence et le secret de l’instruction. L’immunité médiatique n’existe plus.
Face à la crise médiatique qui vient de s’ouvrir, Nicolas Sarkozy doit se demander comment gagner le procès médiatique avant de se demander comment se faire judiciaire innocenter ? Son rendez-vous avec la police avait été préparé avec son avocat. Cependant, désormais se pose une autre question. S’il ne doit pas rater son rendez-vous avec la justice, il doit aussi d’abord ne pas rater son rendez-vous avec avec l’opinion publiques et cela se fera devant les médiateurs naturels de l’information que sont les médias.
Ce nouvel épisode de communication sous contrainte judiciaire révélera les leçons tirées par Nicolas Sarkozy de l’épisode Bygmalion.
Par Florian Silnicki, Expert en stratégies de communication de crise et Fondateur de LaFrenchCom.
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