Nantes : le campus Tertre a rouvert, mais pour combien de temps ?

Il aura fallu attendre lundi. La réouverture du campus Tertre, bloqué depuis plusieurs jours par l’extrême-gauche, annoncée par l’administration de l’Université le vendredi matin à 7h30, a loupé. A l’heure dite, il y avait 70 personnes – en majorité extérieures à la fac, armées et cagoulées pour certaines d’entre elles, pour tenir lesdites barricades. Rien d’étonnant quand on constate en AG que le noyau dur n’est composé que… d’une petite dizaine d’étudiants.

Baston entre pro- et anti-blocus : 1 blessé léger

Équipés de barres de fer, de bombes à tag et le visage masqué, certains de ces énergumènes ont tenté de prendre à partie physiquement – et en groupe, c’est plus facile – un journaliste de Breizh Info présent sur les lieux au petit matin. Ce qui ne les a pas empêchés de pleurnicher ensuite dans un communiqué : « aujourd’hui, à 9h30, un étudiant déjà connu pour ses actions fascisantes est arrivé devant l’entrée bloquée du bâtiment de l’UFR de Géographie IGARUN avec une barre de fer. Il s’en est servi à plusieurs reprises pour essayer de frapper les bloqueurs ».

L’altercation n’a pas été confirmée, mais un étudiant a effectivement été légèrement blessé après une discussion à coups d’arguments frappants dans la matinée – ce que nos confrères de Presse Océan ont appelé, avec un doux euphémisme à la clé – « un échange un peu musclé ». Quant à Interassonantes qui est la plus importante en terme de représentation étudiante dans les instances officielles de l’Université, elle s’est émue dans leurs colonnes d’avoir « reçu des menaces de mort » de la part des bloqueurs, qui boycottent les réunions institutionnelles et virent leurs représentants des AG.

Résultat des courses la réouverture n’a pas eu lieu, sauf pour la faculté de Droit. Il a fallu finalement attendre lundi pour que les entrées soient dégagées – chaque porte avait sa barricade, ce qui est d’autant plus simple pour l’ultra-gauche que plusieurs chantiers ont lieu sur le campus – et que les cours reprennent pour les 9313 étudiants bloqués par une infime minorité.

« Peut-être que l’ultra-gauche aurait plus de mal à monter ces barricades si les chantiers en question n’étaient pas aussi facilement accessibles », s’interroge un étudiant en droit, « d’autant que si quelqu’un – étudiant ou bloqueur – se blesse dans l’enceinte des chantiers ou en manipulant des choses qui y ont été prises ou plutôt volées, l’Université pourrait en assumer les responsabilités ? ».

La blague du mouvement de masse étudiant : un blocus voté par 38 personnes, 8000 étudiants pénalisés

Mis en cause par des étudiants et parents exaspérés par son manque de fermeté patent face aux bloqueurs ultra-minoritaires, le président de l’Université Olivier Laboux avait d’ailleurs contesté dans un message diffusé le vendredi 16 mars dernier « la légitimité d’une assemblée générale qui a voté la poursuite du blocus à 38 voix pour, une quarantaine d’abstentions et 7 contre ». Et d’asséner : « je ne peux me résoudre à ce que quelques dizaines de personnes décident unilatéralement de bloquer 8 000 étudiants, sur un campus, qui souhaitent aller en cours ».

« Je tiens également à m’expliquer auprès des étudiants et des parents exaspérés qui nous demandent pourquoi nous ne réussissons pas à lever ces blocus qui sont le fait d’une centaine de personnes. Concrètement, ce matin, l’équipe de direction de l’université, les doyens du site et des personnels techniques étaient présents pour procéder à la levée des barricades qui obstruent les entrées des bâtiments. Les manifestants se sont interposés physiquement pour que nous ne puissions y parvenir », a-t-il précisé, quant à l’échec de la levée du blocus du matin même.

Cependant, «  le recours aux forces de l’ordre pour nous permettre de lever les blocages est une solution à laquelle nous ne pouvons nous résoudre », achève le président Laboux, s’interdisant toute solution qui ne mettrait pas en péril ses personnels – dont les doyens du site, ou les étudiants qui se retrouvent régulièrement confrontés à la violence – verbale comme physique – de bloqueurs qui pour l’essentiel ne sont pas étudiants et n’ont logiquement rien à faire au sein d’une institution dont ils perturbent le fonctionnement.

Ladite infime minorité de bloqueurs a daigné s’afficher – de dos, le courage n’étant toujours pas à l’ordre du jour – et comme prévu, ce sont une quinzaine de personnes qui ont occupé un amphi du bâtiment Censive pour y lancer leur « université populaire » qui n’a pas l’air d’attirer les foules. Une AG est prévue ce mardi 20 mars à midi – elle devrait notamment concerner l’organisation du cortège étudiant lors de la manifestation de la fonction publique et des cheminots le 22 mars – le rendez-vous est fixé à 10h30 à Commerce : « vu l’heure de la manif’, on va se retrouver avec un nouveau blocus à partir de jeudi », s’inquiète un étudiant, pour lequel, « si ça continue, les partiels, ça va être chaud, chaud, chaud ».

Louis Moulin

Crédit photo : Breizh-info.com
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