Le climat politique devient particulièrement tendu en Allemagne. Dernier épisode en date, la saisie d’explosifs et de produits chimiques chez des membres actifs de la mouvance d’extrême gauche.
Perquisitions inquiétantes
Le Land de Thuringe est en proie à la tourmente. Mardi 13 mars, les forces de police ont en effet perquisitionné quatre appartements situés dans la ville de Rudolstadt. De grandes quantités d’explosifs et une centaine de kilogrammes de produits chimiques ont ainsi été découverts. De là à y voir le début d’une préparation d’attentats, il n’y avait donc qu’un pas.
D’autant plus que ces saisies ont été effectuées chez des activistes (deux individus de 25 et 31 ans) bien connus des milieux de l’extrême gauche allemande. À tel point que l’un des suspects est un membre éminent d’une association dénommée « Alliance pour le Courage civil et les Droits de l’homme ». Une organisation proche du courant « antifa » qui a par ailleurs reçu un prix de la démocratie en décembre 2016 par la ministre (du Land de Thuringe) de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports de l’époque, Birgit Klaubert.
Gauche radicale au pouvoir
Dans ce contexte, autant dire que le gouvernement du Land de Thuringe est vivement critiqué. Car celui-ci, depuis les élections de septembre 2014, est dirigé par une vaste coalition composée notamment d’écologistes et de membres de la gauche radicale.
En ce qui concerne l’enquête menée par la police criminelle (LKA), elle est toujours en cours mais la situation est pour le moins confuse. Ainsi, la CDU, désormais dans l’opposition au parlement du Land, a critiqué le fait que l’enquête en question est particulièrement lente.
Mais, selon le parquet de Gera (Land de Thuringe), les conditions d’un mandat d’arrêt ne sont pas remplies. L’un des deux suspects a notamment été arrêté entre-temps avant d’être libéré peu de temps après. Tandis que les suspects risquent théoriquement jusqu’à dix ans de prison, il reste à prouver leur volonté de planifier un attentat, bien que la détention d’explosifs constitue déjà un délit.
Les critiques fusent
Du côté du parti AfD (classé à droite et anti-immigration), les critiques vont bon train sur le fait que les deux suspects soient toujours en liberté. « Une telle chose aurait été impensable si les motivations avaient été islamistes ou d’extrême droite », a déclaré Stefan Möller, l’un des représentants du groupe parlementaire AfD au parlement du Land de Thuringe.
De même, le prix décerné en 2016 ne manque pas d’aiguiser les attaques. « Le constat, c’est qu’un membre d’une organisation primée par le gouvernement Ramelow préparait des attentats à la bombe » a ainsi déclaré Mike Mohring, L’un des leaders de la CDU dans la région. Avant d’asséner que « le silence de tout le gouvernement du Land est plus qu’étrange ».
L’affaire doit être inscrite à l’ordre du jour de la session parlementaire du Land qui se tient à Erfurt mardi 20 mars. Une affaire dont la gauche locale, déjà malmenée sur la question des migrants, se serait bien passée.
Crédit photo : Flickr (CC/Dominic Alves)
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