Nicolas Théry, président de la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), se prend pour un grand chef. Bien décidé à faire capituler Arkéa – CMB, il exige que la consultation des caisses locales, envisagée par le groupe breton, réponde aux « exigences minimales d’un vote démocratique et éclairé » et suive le principe d’une « charte » que doit élaborer la CNCM (Les Échos, jeudi 8 mars 2018).
Il se trouve que Nicolas Théry est également président du groupe CM 11 – CIC qui comprend onze fédérations et la banque CIC. On peut parier que, dans ses caisses locales, lors des assemblées générales, le vote des sociétaires n’a qu’un rapport lointain avec un « vote démocratique et éclairé ». Les apparences sont respectées, mais c’est tout ; il est donc mal placé pour prétendre imposer à Arkéa – CMB des « exigences » et donner des leçons à Jean-Pierre Denis.
Actuellement, on trouve à l’accueil des agences du CMB des tracts destinés aux sociétaires. L’un reprend la page de publicité parue dans la presse bretonne et parisienne : « La liberté avant tout ». L’autre contient des messages parus sut Twitter : une quinzaine de patrons, un député (Didier Le Gac (LREM), Brest – Plabennec), le président de Brest Métropole et maire de Brest (François Cuillandre), un conseiller départemental (Maël de Calan, Saint-Pol-de-Léon), deux clubs de foot (Brest et Lorient) et un journaliste (Jean-Marc Sylvestre). Les sociétaires peuvent signer une pétition – quelques uns le font. Avec tout ça, on ne va pas bien loin ! Rien à voir avec la mobilisation et l’enthousiasme qu’avaient su créer les fameux Bonnets rouges : le gouvernement avait mis les pouces.
Dans les années 1990, Yves Rocher, qui venait d’acheter Petit Bateau, était entré en conflit avec la BNP – Paribas. Fort de son aura et de sa popularité, il avait organisé des manifestations importantes à Vannes et à Rennes. Une partie des maires du Morbihan avaient même démissionné pour le soutenir – ce qui avait inquiété le Gouvernement, lequel avait prié le président de la BNP, René Thomas, un Breton de Brest, de négocier toutes affaires cessantes avec Yves Rocher. Ce dernier obtint satisfaction grâce au rapport de force qu’il avait su créer ; une convention fut signée et la BNP fournit les capitaux qui permirent de sauver Petit Bateau.
Question communication et mobilisation, Jean-Pierre Denis a donc beaucoup de choses à apprendre. Certes, il possède une excuse de taille : ni à HEC, ni à l’ENA, ni à l’Inspection des Finances, ni à l’Élysée, on ne lui a appris à s’opposer au Système. Se rendre populaire auprès des sociétaires et se comporter en leader, il ne connaît pas le mode d’emploi.
Bernard Morvan
Crédit photo : Kergoulay/Wikimedia (cc)
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