D’année en année, le festival Pen Ar BD de Quimper s’affirme comme un des rendez-vous incontournables en Bretagne des amateurs de bandes dessinées et vinyls de collections. Cette huitième édition n’aura pas dérogé à la règle en réussissant à proposer sur une seule journée un programme de qualité à ses nombreux visiteurs.
En effet, malgré un temps peu clément, les amateurs étaient présents et ce dès les premières heures du salon. Un début de foule essentiellement adulte, à dominante masculine même si au fil de la journée, nous allions voir une certaine parité se rétablir. Il faut dire que pour tous ceux, et ils étaient nombreux, qui venaient là à la recherche du Grall du collectionneur, la dédicace où le dessin personnalisé, mieux valait être matinal.
Si les files d’attentes étaient assez inégales en fonction des auteurs, les favoris allaient devoir à peine arriver, sortir plumes, stylos où pinceaux afin de satisfaire leurs afficionados.
Sans grande surprise, dans le peloton de tête, nous pouvions trouver entre autres Jean-Claude Fournier, une des figures tutélaires de ce salon, Paul Salomone dessinateur de la série « L’homme qui n’aimait pas les armes à feu » pleine d’humour et largement inspiré par le « western spaghetti », Emmanuel Lepage auteur-illustrateur déjà multi récompensé père heureux de l’album «Ar Men» qui se verra attribué le prix recherché de la Bande Dessinée Bretonne de l’année 2018.
Cette remise de prix précédant de peu la coupure du déjeuner verra s’exprimer Ludovic Jolivet, maire de Quimper, qui félicitera les organisateurs du salon et les remerciera pour leur dynamisme bénéfique à la communauté Quimpéroise ; puis Marc Bugeaud, président de l’Association Penn Ar BD, pour la remise des prix dont celui récompensant le concours des Petits Dessinateurs.
Bien que quelque peu excentré, Sébastien Corbet dessinateur de la série Fanch Karadec, notre commissaire Maigret Breton et Christophe Babonneau rencontrèrent aux aussi un vif succès. Il est vrai qu’en ce qui concerne ce dernier dont nous avions déjà pu admirer les remarquables illustrations dans les 3 tomes de La Légende la Mort d’après Anatole Le Braz (série l’Histoire de la Bretagne – éd Soleil-Celtic), la parution en avant-première et en exclusivité pour le salon, du tome second des « Mémoires d’un paysan Bas-Breton » n’était pas étrangère à son succès.
Il reste à espérer que cette bande dessinée réaliste et fidèle au texte d’origine, remporte le même succès que l’œuvre initiale de Jean-Marie Déguignet, auteur Cornouaillais de la fin du XIX°, qui après une première publication quasi confidentielle en 1904 dans la Revue de Paris devait connaitre un immense succès lors de sa réédition en 1998.
Il faut souligner l’excellente ambiance qui régnait dans les files d’attentes de dédicaces. Aucune animosité mais une belle et rare solidarité entre les visiteurs. Vous pouviez sans problème aucun laisser vos affaires pour marquer votre place et aller vous promener dans les allées du salon où encore prendre une boisson à la buvette, parfaitement tenue et organisée par des bénévoles.
Il était d’ailleurs amusant de voir que bon nombre de Bédéphiles se connaissaient ayant l’habitude de se croiser de façon assez régulière sur ce type d’évènements. En tendant l’oreille à leurs échanges et en discutant avec eux, force était de constater qu’ils venaient d’un peu partout en Bretagne, parfois d’assez loin et se rendre compte qu’un grand nombre était prêt à bien des sacrifices pour assouvir sa passion. Une seule ombre au tableau mais de taille, la plupart confessaient un peu gênés ne lire que des BD et être plutôt, voir totalement hermétiques au livre traditionnel.
Pour ceux qui étaient insensibles aux charmes du siège pliant et de l’attente en vue d’un dessin, nombreuses étaient les occupations possibles.
En flânant dans les allées du salon, ils pouvaient au choix, partir à la recherche de la bd manquante dans leur série préférée, casser leur tirelire sur les dix années à venir où demander un crédit en urgence pour acheter une édition originale d’Alix où de Blueberry, compléter leur collection de figurines, petites voitures Tintin et autres produits dérivés mais aussi découvrir plusieurs stands de petits éditeurs indépendants, des spécialistes des Marvel, des stands associatifs dont un tenu par des bénévoles de l’hôpital de jour de Quimper qui offrait là un résumé de ses activités au service des enfants malades.
Certains stands méritaient vraiment d’y passer un long moment, tel que celui de l’association des amis de Bruno Le Floc’h. Crée par sa veuve, cette association tente de préserver et perpétuer l’œuvre de cet auteur illustrateur profondément attaché à la Bretagne, mort bien trop jeune et qui laissa en partie orphelin le 9eme art Breton. Un stand superbement installé et riche de belles découvertes dont un tirage limité du magnifique album qu’il avait consacré aux coiffes et costumes traditionnels en pays Bigouden.
Le stand voisin venait prolonger avec bonheur cette agréable étape en proposant d’admirer les originaux de nombreux dessins et peintures qui servirent pour illustrer la très intéressante et esthétique série « Une Bretagne par les contours » de Yann Lesacher, parue aux éditions YAL.
Les enfants n’étaient pas oubliés et plusieurs stands proposaient des livres jeunesses, essentiellement consacré à la découverte du richissime patrimoine des contes Bretons, de petites aventures mêlant découvertes géographiques, historiques et légendes locales mais aussi quelques ouvrages en langue Bretonne. Un des rares endroits où trouver des livres en Breton dans le salon mais nous ne doutons pas que les organisateurs sauront remédier à ça dans les éditions à venir.
Enfin, malgré une prédominance de la bande dessinée, ce salon reste aussi un lieu de passage obligatoire pour les collectionneurs de vinyles. Plusieurs stands sont donc là pour eux offrant un choix éclectique de musiques : Jazz, Rock, Métal, Variétés, Soul, Classique, Ska, Punk où Oï ; mais aussi des textes lus, quelques témoignages historiques sonores souvent édité par la défunte Serp où bien encore des albums collectors, illustrés, tirages limités.
Pour ceux qui seraient encore tentés par la mise au pilon de vos anciens vinyles, le retour en force de ces derniers, le nombre d’amateurs en constante augmentation et la courbe ascendante des prix pratiqués devraient les inciter à réviser votre jugement.
Au final et pour être sûr de réussir votre visite de l’année prochaine, prévoyez d’être là dès l’ouverture, amenez un siège pliable, économisez pendant les trois moins précédent votre visite pour préserver votre compte en banque et surtout notez dès maintenant la date du 10 Mars 2019 dans vos agendas.
Yannig Berthelot
Crédit photo : Breizh-info.com
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