Avortement en Irlande. Le gouvernement proposera l’objection de conscience

Le 7 mars dernier, la Cour Suprême d’Irlande a autorisé la tenue d’un référendum sur l’avortement.

Il s’agira en effet d’une potentielle modification constitutionnelle, du huitième amendement reconnaissant le droit égal à la vie de la mère et de l’enfant à naître, ce qui consacrait l’enfant à naître en tant qu’être reconnu constitutionnellement, uniquement dans le cadre de cet amendement selon le procureur général de la Cour suprême.

Le référendum sur l’avortement devrait se tenir à la fin du mois de mai, et les débats s’annoncent tendus. Le document, préparé par le ministère de la Santé, indique qu’il appartient désormais au peuple irlandais d’examiner et de déterminer par voie de référendum s’il convient d’amender la Constitution.

Le gouvernement proposerait, si le oui l’emportait, une loi autorisant l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesses, dans un projet de loi contenant 21 mesures dont l’objection de conscience pour les professionnels médicaux ne souhaitant pas le pratiquer.

Voici les principales mesures :

  • Avortement possible en raison des risques pour la santé, y compris des risques vitaux, pour la femme enceinte.
  • Aucune distinction ne sera faite entre la santé physique et mentale;
  • Deux médecins seront appelés à évaluer la pertinence d’un avortement pour cause de risque pour la santé;
  • Un médecin peut évaluer s’il y a un risque pour la santé en cas d’urgence;
  • Dans le cas d’une affection fœtale susceptible d’entraîner la mort avant ou peu après la naissance, un avortement peut être prévu
  • Deux médecins seront requis pour évaluer la pertinence d’une rupture dans de tels cas (d’anomalie fœtale mortelle);
  • Les avortements peuvent être prévus jusqu’à 12 semaines « sans aucune restriction »;
  • Un laps de temps devra s’écouler entre l’évaluation initiale par un médecin et l’interruption de grossesse;
  • Ces précautions ne s’appliqueront pas en cas d’affection fœtale ou de risque pour la santé;
  • Un médecin est défini comme toute personne certifiée en tant que médecin praticien sur le registre médical national ;
  • L’interruption de grossesse doit être certifiée par un médecin;
  • L’interruption de grossesse doit être notifiée au Ministre de la Santé par le médecin compétent;
  • L’objection de conscience sera admise;
  • Rien n’empêchera dans la loi à une femme de voyager ou de demander des renseignements sur l’avortement.
  • Le délit d’avortement en dehors de ces conditions sera maintenu ;
  • Un rapport annuel sera fourni;
  • la Loi sur la protection de la vie durant la grossesse sera abrogée.

Du côté des institutions catholiques, c’est l’opposition : Selon Mgr Doran, l’évêque du diocèse d’Elphin, l’Église s’inquiète depuis quelques années d’une culture de «compassion» qui présente l’avortement comme un acte qui soulage les femmes en grande difficultés.

Pour lui une chose est certaine: «les femmes en situation difficile doivent être aidées mais quand elles attendent un enfant, on ne peut pas choisir librement entre la vie et la mort. L’enfant à naître, explique t-il, n’a aucun instrument pour se défendre».

Aujourd’hui, avorter est dans la majorité des cas illégal en Irlande et est passible de 14 années de prison. En effet, seul l’avortement dans le cas où la vie de la mère est sérieusement en danger est accepté, depuis 2013.

Dans les faits, pour bénéficier d’un avortement dans un cadre médical, les Irlandaises sont contraintes de partir et elles sont nombreuses à le faire. Elles doivent ainsi quitter l’île (puisque bien que faisant partie du Royaume-Uni, l’Irlande du Nord n’autorise l’avortement qu’en cas de danger grave de la mère) et le font en Angleterre notamment, à leurs frais, dans un anonymat total et sans accompagnement.

A noter que les républicains irlandais du Sinn Fein semblent partis pour faire campagne pour le non dans ce référendum.

Crédit photo : Pixabay (cc)
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