Il faut se méfier des exagérations que l’on trouve parfois sur les réseaux sociaux. Trop de propos injustes n’honorent pas leurs auteurs. C’est le cas lorsque, par exemple, on qualifie les présidents des caisses locales du CMB et leurs administrateurs de pantins, de potiches ou de marionnettes.
On a pu le vérifier lorsque la direction générale a entrepris de fermer des bureaux (anciennes agences qui constituaient autrefois une caisse) en zone rurale dans le but de tout regrouper au bourg principal. Certains conseils d’administration s’y opposèrent. Et ces bureaux sont restés ouverts. Il suffit que le président soit un homme de caractère et que les administrateurs possèdent un peu de jugeote pour que les exigences de la ruralité soient prises en compte.
Malheureusement ce ne fut pas toujours le cas, si bien que nombre de ces bureaux furent fermés après un vote favorable du conseil d’administration. Ces présidents et ces administrateurs avaient oublié tout simplement qu’ils avaient été élus pour défendre les intérêts de leur caisse et des sociétaires et non pas pour obéir aux desiderata de la direction générale. Ils oubliaient également que le CMB est une coopérative et non pas une entreprise capitaliste comme la BNP ou la Société Générale. Le CMB n’est pas coté en bourse !
Si la décision de fermeture fut prise par le conseil d’administration de la caisse – aiguillonné par la direction générale -, bizarrement les sociétaires ne furent pas consultés ; on oublia que cette décision stratégique – et historique puisqu’on avait affaire à d’anciennes caisses paroissiales crées dans les années 1960 – exigeait d’être ratifiée par l’assemblée générale. On peut donc dire que ces présidents et ces administrateurs ne furent pas à la hauteur de leurs responsabilités.
Restait à faire passer la pilule lors de l’assemblée générale qui suivit ces fermetures. Pour éviter d’être embêté par quelques protestataires, on inventa un nouveau type d’assemblée générale : l’« assemblée générale portes ouvertes » (sic). Aucune présentation des résultats, aucun débat, aucun vote public… Au cours de la matinée en question, les sociétaires étaient invités à défiler à l’agence. Dans un bureau, ils étaient supposés consulter les documents se rapportant à l’ordre du jour – évidemment la fermeture du bureau n’y figurait pas -, chose qu’ils ne faisaient pas évidemment, se contentant de voter en faveur des résolutions concoctées par le directeur (ou la directrice). Au fond, c’est la seule chose qu’on leur demandait. Après quoi ils avaient le droit de faire un tour au buffet ! D’où la question : est-ce que cette façon de procéder tenait la route juridiquement ? Les décisions validées par des sociétaires qui passaient, sans véritable « assemblée » générale pouvaient-elle être contestées ?
Voilà les mauvaises manières que le tandem Denis – Le Moal a peu à peu introduites au CMB. En décourageant les sociétaires et en les réduisant à de simples clients, on obtient une faible assistance aux assemblées générales. Même méthode qu’à l’Assemblée nationale et au sénat : une poignée de participants suffit pour organiser un vote. On peut dire que le « modèle coopératif et mutualiste » (Les Échos, 2-3 mars 2018) que prétend défendre Jean-Pierre Denis a du plomb dans l’aile. C’est dans cette ambiance que le groupe Arkea (CMB + Crédit mutuel du sud-ouest + Crédit mutuel du Massif central) entend prendre son indépendance et quitter la Confédération nationale du Crédit mutuel.
« Nous sommes coopératifs et mutualistes aujourd’hui, le projet qui est soumis aux caisses locales est de rester coopératifs et mutualistes. C’est notre ADN et il n’a jamais été question de s’en éloigner », insiste Jean-Pierre Denis. Les caisses locales doivent se prononcer à partir du 23 mars sur le projet présenté comme un choix entre « indépendance avec sortie de la Confédération qui permet de poursuivre la stratégie engagée depuis 2008 » et « un scénario d’intégration dans un groupe de crédit mutuel centralisé ». La consultation doit s’achever autour de la mi-avril. « Un premier vote permettra aux caisses locale s d’exprimer une orientation. Si l’indépendance venait à s’imposer, nous finaliserons le projet de séparation, que nous soumettrons au comité central d’entreprise. Les caisses locales seront à nouveau consultées à l’automne sur la base d’un projet d’indépendance finalisé », annonce le président d’Arkea – CMB (Les Échos, 2-3 mars 2018).
Tout cela est bel et bon, mais le président Denis oublie de préciser ce qu’il entend par « caisses locales ». On peut répondre à sa place : les conseils d’administration de ces dernières et non point les sociétaires – pourtant porteurs des parts sociales – réunis en assemblée générale. Manifestement, on n’a pas l’intention de leur demander d’approuver ou de désapprouver le divorce. Seconde observation : Denis a prévu de soumettre le projet de séparation au « Comité central d’entreprise ». Certes, informer le personnel relève d’une louable intention, pour autant les employés ne disposent pas du pouvoir souverain ; il appartient aux sociétaires.
B. Morvan
Illustration : DR
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