Les vieilles gloires du PS ne savent plus à quel saint se vouer. Alors on se pose des questions. A l’approche du congrès, les interrogations abondent. Faut-il remplacer l’enseigne « Parti socialiste » par une autre ? Comment redéfinir « l’idéal socialiste » ? Quelle stratégie électorale suivre ? On peut d’abord rappeler que, depuis mars 1983, le Parti socialiste n’a plus de « socialiste » que le nom. Le discours n’est plus « socialiste ». Le programme n’est plus « socialiste ». L’action n’est plus « socialiste ». Petit à petit, le PS s’est mué en parti « de gauche », oubliant lutte des classes et appropriation collective des moyens de production.
« Le projet socialiste se définissait, au départ, comme une critique intransigeante du système libéral (ou capitaliste) et des nouvelles manières de vivre (individuelles et collectives) que sa dynamique concurrentielle impliquait nécessairement (comme l’écrit Hayek – avec sa concision habituelle – le socialisme, au départ, est « une réaction contre le libéralisme de la Révolution française ») », nous rappelle fort utilement Jean-Claude Michéa (Les systèmes de la gauche. De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Climats).
Persuadé que « l’idée socialiste ne disparaîtra pas », Bernard Poignant, ancien député-maire de Quimper et ancien conseiller de François Hollande, propose une méthode qui présente l’avantage de concilier tout et son contraire. « J’attends des socialistes qu’ils respectent les engagements européens de la France et qu’ils acceptent l’économie ouverte dans le monde. C’est dans ce cadre-là qu’il faudra définir une politique de solidarité nationale. Nous vivons dans un monde libéral et capitaliste. Vous avez le monde libéral à l’américaine avec des libertés ou à la chinoise sans liberté. Mélenchon veut changer tout ça tout seul, mais ça ne marche pas. Il faut pouvoir introduire dans ce monde des idées et des actions de facture socialiste ou social-démocrate. » (Ouest-France, 27-28 janvier 2018). Vaste programme ! Pour autant, Poignant ne perd pas de vue les prochaines élections municipales : « Je pense qu’il vaut mieux se rapprocher d’En marche que de Mélenchon » (Ouest-France id.) La messe est dite.
Stéphane Le Foll, candidat à la direction du PS, fait figure, lui aussi de socialiste d’opérette : « Nos valeurs restent des valeurs fortes : la démocratie, la liberté, la lutte contre les inégalités… ». Il se propose de reconstruire le PS sur cinq bases : l’Europe, l’écologie, la lutte contre les inégalités, la République (« Le socialisme, c’est la lutte contre les réflexes identitaires et la défense de la République ») et la laïcité (Ouest-France, vendredi 16 février 2018). A coup sûr, voilà un programme qui enthousiasmera les classes populaires !
On comprend mieux pourquoi quatre secrétaires de section de communes d’Ille-et-Vilaine ont récemment décidé de quitter le Parti socialiste pour rejoindre le mouvement de Benoît Hamon, Génération –s. Pourtant ces jeunes ne sont pas méchants – «au PS, on a un héritage dont on peut être fier» – mais « le problème c’est qu’on n’a plus que des vieux au PS. Nous, on veut aller vers l’avenir. » (O.F., vendredi 8 décembre 2017)
Bernard Morvan
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