Pêche. Le bar, roi des eaux bretonnes, va-t-il disparaître ?

Il est le poisson le plus prisé des pêcheurs amateurs comme des professionnels. Par ailleurs, le bar breton a aussi ses adeptes en cuisine. Mais son succès va-t-il le conduire à sa perte ?

Poisson en sursis

C’est au cœur de l’hiver que ce poisson perpétue son espèce. Pour cela, les bars se regroupent massivement dans les frayères. Ces dernières sont des zones où se retrouvent les poissons pour se reproduire. Les femelles y déposent tout d’abord leurs œufs afin que les mâles les recouvrent de semence ensuite.

Ce mode de reproduction externe rend par ailleurs l’espèce vulnérable puisque certains pêcheurs professionnels en profitent pour chaluter dans ces espaces afin de capturer de grandes quantités de bars.

De janvier à mars

Mais tout le monde ne reste pas les bras croisés face à la situation. Ainsi, le mouvement baptisé « Le bar hors des étals de janvier à mars » a lancé une page Facebook. Mais aussi et surtout une pétition en ligne afin de demander l’interdiction de la pêche au bar du mois de janvier au mois de mars. En ajoutant à cela une interdiction pour les enseignes commerciales de vendre ce bar sauvage sur la même période.

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Source : Facebook

La pétition en question a dépassé les 9 600 signatures et vient rappeler un principe que nos modes de consommation tendent à nous faire oublier : la saisonnalité des produits dans le respect de la nature… et du bon sens.

Le Comité régional des pêches dénonce

Un bon sens que ne semble pas partager le Comité régional des pêches de Bretagne. Celui-ci voit dans ce mouvement d’opposition un lobbying de plaisanciers mécontents. Des plaisanciers qui se sont vu interdits de pêche au bar sauvage au nord du 48ème parallèle suite à une décision de l’Union européenne.

Pour leur défense, les chalutiers évoquent aussi la diminution des quotas autorisés par la Commission européenne, le passage de la taille minimale de capture de 36 à 38 centimètres ou encore le prix du gazole. Une défense qui a du mal à justifier les saignées hivernales des pélagiques sur les frayères.

Les ligneurs de Bretagne protègent

Quant à l’Association des Ligneurs de la Pointe de Bretagne, elle n’a pas attendu l’arrivée du mouvement « Le bar hors des étals de janvier à mars » pour alerter sur la nécessaire préservation de la ressource.

Sur son site, elle explique ainsi que « le bar est une espèce qui subit depuis plus de vingt ans une surpêche massive en hiver par les chalutiers pélagiques sur les zones de frayères où les poissons se rassemblent par milliers pour se reproduire ».

Puis l’Association détaille : « Ces navires pêchent en bœuf, c’est-à-dire qu’ils traînent avec leurs deux bateaux un chalut de très grande dimension et peuvent ainsi réaliser des coups de chalut de plusieurs tonnes de bar, écrasant et piquant le poisson, et débarquent ainsi d’énormes quantités de poisson, de faible qualité, qu’ils écoulent à bas prix pour les promotions de grandes surfaces ».

Les ligneurs de la pointe de Bretagne, pêchant le bar à la ligne notamment dans le Raz de Sein sur de petites unités, se battent « depuis des décennies pour que cesse cette surpêche hivernale et qu’on laisse une période de repos pour le bar lors de la reproduction. En vain… »

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Source : Audierne.info

Stock surexploité

L’Association des Ligneurs nous apprend également que le nombre de ces petits pêcheurs conscients de la fragilité de la ressource diminue chaque année. Mais cette corporation, loin des grands armements de chalutiers, ne pèse pas lourd au sein de la filière pêche. Sa mise en cause à moyen terme ne suscite donc aucune réaction chez les représentants des pêcheurs. Comité régional y compris.

De plus, les Ligneurs de Bretagne soulignent que le consensus scientifique a fait état, en 2014, d’une surexploitation du stock en Manche et en Mer du Nord.

Un signal d’alarme que personne n’a souhaité entendre jusqu’ici. Gageons que le battage médiatique de la pétition de cet hiver permettra enfin une prise de conscience politique sur la gravité de la situation.

Crédit photo : Pixabay.com (CC0/nouveaumonde34)
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