Le 5 mai prochain se déroulera, comme nous l’avons présenté précédemment, le spectacle Opéra-Rock d’Alan Simon baptisé « Chouans », nouvel hommage de l’artiste à notre histoire et à nos racines. Pour évoquer cette nouvelle fresque historique et musicale, quoi de mieux que d’aller directement interroger son inventeur, son créateur, son réalisateur, Alan Simon, qui, à travers sa création, transmet la mémoire de tout un peuple.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire cet opéra dédié aux chouans ?
Alan Simon : Je suis Nantais et j’ai souvent entendu parler durant mon enfance des guerres de Vendée et du mouvement chouans. Adulte, j’ai réalisé que la vérité sur ce confit terrifiant fût quelque peu « maquillée » (sauf en Vendée ou un véritable effort de mémoire a été effectué). Je ne suis pas homme à polémique, mais je déteste les omissions ou toute forme d’amnésie collective sur notre propre histoire.
Je suis un auteur compositeur qui à la chance d’être reconnu, alors si je puis contribué quelque peu à popularisé ces faits historiques grâce à ce libretto musical moderne, je serai heureux…
Vous savez, j’ai été élevé par des femmes : ma mère, mon arrière grand-mère paternelle et sa mère soit mon arrière arrière grand mère paternelle qui était née en… 1874.
Cette femme extraordinaire me racontait des récits du pays que je ne comprenais pas totalement vu mon jeune âge (j’avais 9 ans lorsque est décédée). Il est fou de penser que sa propre mère est née peu de temps après la Terreur. Peu de générations nous séparent de cette période.
Au-delà de l’anecdote personnelle, je croise un nombre incroyable de personnes dont un ancêtre fût tué lors de ce génocide. Naturellement comme beaucoup de passionnés par l’Histoire, j’ai donc beaucoup lu puis j’ai consulté des archives et ce projet d’opéra rock symphonique est né…
Breizh-info.com : D’Excalibur aux Chouans en passant par Tristan et Yseult, et Anne de Bretagne, il semblerait que vous soyez profondément attaché à ces racines. Expliquez-nous ?
Alan Simon : Les légendes et l’histoire souvent se confondent. Ces récits fusionnent dans notre quotidien sans que nous le réalisions puisque ce sont des mythes (ou des faits historiques !) fondateurs. Depuis mon enfance j’ai une proximité naturelle avec les sujets liés à la mémoire, à la terre, aux mythologies ou à l’histoire.
C’est une question de sensibilité. Certaines personnes sont très proches de leurs racines et à son histoire d’autres non. Question d’éducation et de sensibilité, j’imagine ! Et puis comment expliquer l’inexplicable ?
Breizh-info.com : Concrètement, comme est-ce qu’on monte un tel projet, et combien est ce que ça coute ?
Alan Simon : Eh bien il faut d’abord avoir une foi inébranlable, car il est fou de constater combien la mentalité de ce pays consiste à se réjouir de l’échec d’autrui. Donc déjà il faut être solide comme un menhir.
Ensuite il faut tout simplement beaucoup travailler. Je passe environ 18 heures par jour sur le projet « Chouans » depuis des mois. Le projet fut initié en 2013. Il faut se documenter, lire, beaucoup lire. Il faut confronter son point de vue à celui d’autrui. Il est important de visiter les lieux où se sont déroulés les événements. Il faut aussi savoir « écouter » le temps. Je laisse toujours un certain espace afin de fixer mes musiques ou mes écrits. Il y a une dimension irrationnelle à « tutoyer » le passé.
Puis c’est un peu comme une intime conviction personnelle qui vient à vous. Ce que je m’apprête à offrir plaira à certains et déplaira à d’autres, mais c’est dans l’ordre des choses.
Mon ambition première est de proposer une synthèse compréhensible, mais que j’espère juste et honnête sur ce sujet très sensible.
Pour ce qui est du coût de l’opération, permettez-moi de vous répondre qu’au-delà des aides obtenues, cela me coûtera environ 3 ans de droits d’auteur pour couvrir l’ensemble de ces coûts. Donc ce n’est pas chose facile, car un tel spectacle nécessite de gros moyens. Fort heureusement il y a des partenaires sérieux et solides qui soutiennent ce projet. Je doute fort de m’enrichir à titre financier avec ce projet ;) …Je le fais par conviction personnelle et donc par choix !
Breizh-info.com : Il semblerait que vous soyez désormais l’un des plus gros exportateurs de mythologie celte dans le monde… qui est ce que cela vous fait d’être une forme d’ambassadeur, notamment de la Bretagne ?
Alan Simon : Euh bon si vous le dites ! :)… Il est vrai que l’opéra rock Excalibur est joué en Allemagne depuis 10 ans et Tristan & Yseult en Russie et en Biélorussie depuis 5 ans. Je ne prétends surtout pas être l’ambassadeur de la culture bretonne, car bien des amis maitrisent cela beaucoup mieux que moi.
Mais effectivement ces projets connaissent une certaine résonance dans ces pays. Près de 300 000 spectateurs pour Excalibur et plus de 100 000 personnes pour Tristan & Yseult cela pourrait faire tourner les têtes.
Cela me permet simplement de rester indépendant et libre de mes choix. Je rassure les mauvaises langues, car j’ai lu je ne sais où que j’avais un château : non je ne vis pas dans le luxe, j’ai la même voiture depuis 12 ans (hélas), je vis dans une charmante petite maison en bois en Bretagne au cœur du pays Chouans et je ne mange pas de caviar, mais je vais tous les midis à la cantine ouvrière de mon village que j’aime bien.
Enfin ambassadeur peut-être, mais curieusement, et puisque vous en parlez, je ne suis jamais programmé par des tiers en Bretagne. Eh oui ni Excalibur, ni Anne de Bretagne, ni Tristan & Yseult ne furent programmés dans les fameux festivals bretons. (Deux exceptions : Excalibur en l’an 2000 à Quimper et Anne de Bretagne au Celti Vannes en 2014)
Pas de soucis, cela ne m’empêche pas de dormir. Cela me rend un peu triste bien sûr, mais bon qui sait… peut être pour mes vieux jours…
Breizh-info.com : Outre le spectacle du 5 mai prochain, pensez-vous le répéter ailleurs par la suite ? Au Puy du Fou ? :)
Alan Simon : Eh bien nous verrons déjà ce qui se passe le 5 mai. Il y a des villes qui sont effectivement intéressées. Concernant Le Puy du Fou, ils ont déjà leur propre spectacle qui est d’ailleurs très impressionnant. But who knows ? :)
Je serais heureux si une troupe reprenait ensuite à son compte mon libretto que cela soit pour un son et lumière ou autre. Et qui sait ce spectacle sera peut-être repris à l’extérieur…
Breizh-info.com : Avez-vous d’autres projets à venir ? D’autres rêves ?
Alan Simon : Vous savez j’ai mille rêves et beaucoup de projets en tête. Mais il me reste une courte vie, alors vivons le présent intensément et le futur dira le reste. Merci à vous pour cet espace d’expression posée.
Propos recueillis par Yann Vallerie
Rappel : Il va falloir rapidement réserver sa place, puisque le Vendéspace ne contient que 2000 places assises qui devrait rapidement trouver preneur. Les tarifs vont de 27 € à 32 €. Plus d’informations en cliquant ici.
Crédit photo : Konan Mevel (cc)
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