Les gens de droite seraient-ils plus attentifs et sensibles aux odeurs corporelles ? C’est en tout cas ce qu’affirment en substance des scientifiques suédois, qui viennent de publier une étude sur la question.
« Hate body odour? You’re more likely to have rightwing views » titre le Guardian, ce qui se traduit par « Vous n’aimez pas les odeurs corporelles ? Vous avez plus de chance d’avoir des idées de droite ».
Les chercheurs de l’ l’Université de Stockholm en Suède voulait comprendre si le dégoût vis-à-vis de l’odeur d’une personne pourrait révéler leur orientation politique. Ils ont demandé à 201 volontaires du monde entier de remplir un sondage en ligne, sur leur sensibilité aux odeurs.
Les scientifiques suggèrent que les attitudes autoritaires — qu’ils attribuent donc explicitement à la droite oubliant sans doute d’où proviennent les grands massacres de masse du 20e siècle — peuvent être en partie fondées sur le besoin biologique d’éviter d’attraper les maladies de personnes inconnues.
Ainsi, les personnes qui seraient plus rebutées par les odeurs d’urine ou de transpiration seraient susceptibles d’avoir des attitudes autoritaires « de droite » selon les chercheurs.
« Nous pensons que les attitudes autoritaires pourraient, au moins en partie, s’enraciner dans la biologie », a déclaré le Dr Jonas Olofsson, coauteur de la recherche de l’Université de Stockholm et du Collège suédois d’études supérieures. « Mais les sentiments de dégoût ne sont pas immuables. Même si le dégoût est une émotion très primitive qui est définitivement enracinée dans notre survie biologique, elle peut encore être altérée ».
Des études antérieures ont établi un lien entre les niveaux de dégoût et l’orientation politique, certaines recherches suggérant que ceux qui s’identifient comme conservateurs ont une plus grande aversion pour les images révoltantes.
« Nous pensons que l’olfaction pourrait être à la base du système de détection des agents pathogènes, donc que le dégoût des odeurs corporelles pourrait être la façon la plus primitive et la plus fondamentale de détecter ces agents pathogènes », a déclaré le Dr Olofsson.
Dans la revue Royal Society Open Science, Olofsson et ses collègues rapportent comment ils ont exploré la question à travers trois expériences, impliquant plusieurs centaines de participants recrutés en ligne. Les participants ont reçu des questionnaires sur un certain nombre de sujets, y compris sur leur degré de libéralisme social, fiscal et moral et sur leur degré de dégoût envers les agents pathogènes. Ainsi, les participants devaient par exemple noter sur une échelle de sept points leur attitude et leur ressenti lorsqu’ils sont « assis à côté de quelqu’un qui a des plaies rouges sur le bras ».
De plus, un groupe de participants a également été invité à répondre à une série de déclarations conçues pour évaluer dans quelle mesure ils appuyaient cinq des candidats à la présidence américaine de 2016, dont Donald Trump et Hillary Clinton.
« Nos résultats montrent qu’environ 10 % des penchants autoritaristes des participants pourraient s’expliquer par leur sensibilité à un odorat corporel dégoûtant », a expliqué Olofsson. Selon ce dernier, ces résultats signifient qu’il n’est pas possible d’évaluer avec exactitude l’autoritarisme ou la préférence politique d’une personne en fonction de ses réactions à l’odeur corporelle. « Les effets sont subtils », dit-il.
Roger Giner-Sorolla, professeur de psychologie sociale à l’Université du Kent, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré que des études menées antérieurement suggèrent que les personnes plus facilement dégoûtées physiquement par quelqu’un sont également plus intolérantes vis-à-vis des groupes sociaux de statut inférieur.
Pour conclure, voici ce qu’affirme le Dr Olafsson : « Le dégoût est une émotion humaine universelle qui nous protège des substances nocives. De nombreuses études ont montré que le genre de dégoût que nous éprouvons lorsque nous rencontrons quelque chose qui pourrait transmettre la maladie se propage également dans d’autres émotions, comme le dégoût moral. Les gens qui sont socialement conservateurs, par exemple, semblent plus dégoûtés ».
Une étude scientifique pour le moins insolite.
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