Au cours de ces années où les « pro – aéroport » et les « anti – aéroport » se sont affrontés sévèrement, on a pu remarquer que Vinci, concessionnaire de Nantes-Atlantique et de Notre-Dame-des-Landes, a brillé par sa discrétion. Ses dirigeants jouaient la carte du silence, laissant les petites mains de l’association « des Ailes pour l’Ouest s’exciter. Après l’annonce par Édouard Philippe de l’arrêt du projet (mercredi 17 janvier 2018), Xavier Huillard, PDG de Vinci, s’est contenté d’indiquer qu’il se tenait « à la disposition du gouvernement » (Les Échos, 19-20 janvier 2018). Prudence obligatoire alors que des négociations s’engageaient avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, pour déterminer le montant de l’indemnisation ; même si ce dernier souhaite que « le coût soit le plus réduit possible », il y aura quelque chose à gratter.
Les compensations ne manqueront pas. En Bretagne, le Premier ministre a annoncé la rénovation des aéroports de Brest, Rennes et Nantes. Pour ce dernier « la modernisation coûtera 450 millions, a estimé Élisabeth Borne, ministre des Transports, prenant le bas de la fourchette donnée par les médiateurs, qui l’estimaient dans leur rapport en décembre entre 465 et 595 millions. A la charge de qui ? Des compagnies aériennes, a rappelé Élisabeth Borne, qui se rembourseront via les taxes et redevances aéroportuaires un montant qu’il faudra cependant bien, dans un premier temps, débourser. » (Les Échos, 19-20 janvier 2018). Or, un heureux hasard veut que Vinci soit à la fois le concessionnaire… et un géant du BTP !
Autre compensation intéressante : l’État vend le groupe ADP (Paris Aéroport). Produit de premier choix « que beaucoup désignent comme « l’actif le plus convoité de la planète ». Il a même un acheteur désigné, Vinci, l’un des groupes les plus agressifs à l’international sur le marché aéroportuaire » (Journal du dimanche, 11 février 2018).
Et puis l’année 2017 se termine en fanfare pour Vinci. Avec un résultat net en forte progression : 2,7 milliards d’euros (+15,2%). Nantes-Atlantique a participé brillamment à cette belle performance avec une hausse de la fréquentation de 15%. « L’aéroport breton « a accueilli 5,5 millions de passagers, soit 700 000 de plus qu’en 2016 », s’est félicité le groupe. Ceci grâce, il est vrai, au travail de Vinci pour attirer de nouvelles compagnies aériennes et ouvrir de nouvelles lignes. Rien qu’au quatrième trimestre 2017, à Nantes-Atlantique, « cinq nouvelles lignes ont été lancées et douze lignes saisonnières ont été annualisées », a souligné le concessionnaire » (Les Échos, id.)
Ces quelques données expliquent le manque d’acharnement de Xavier Huillard, le PDG de Vinci, à se battre en faveur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes puisqu’il est gagnant, quel que soit le résultat. Et puis on imagine mal le patron d’une multinationale se fâcher avec le gouvernement alors qu’il a trop besoin de l’appareil étatique dans ses opérations à l’international. Alain Mustière ignorait-il tout cela ?
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Notre-Dame-des-Landes. Vinci tire son épingle du jeu”
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