27/02/2018 – 07h00 Rome (Breizh-info.com) – Les élections générales italiennes se tiendront le 4 mars prochain. La campagne bat actuellement son plein (voir notre présentation des élections ici, et des partis en présence ici) . Le tout dans un climat de tension extrême, avec de violents affrontements provoqués par l’extrême gauche, qui tente de s’attaquer à tous les représentants des partis nationalistes, souverainistes, identitaires d’Italie.
Parmi ces partis, il en est un qui ne cesse de monter dans les sondages – et d’inquiéter notamment la presse subventionnée en France qui ne parvient pas à percevoir les raisons de l’ascension de ce mouvement : Casapound, emmené notamment par Simone Di Stefano, qui mène, malgré des moyens financiers limités, une campagne tambour battant dans toute l’Italie, multipliant réunions, meetings et interventions sur les chaines de télévision.
Adriano Scianca, notre correspondant en Italie – par ailleurs journaliste pour Il Primato Nazionale, le journal alternatif qui monte dans le pays – est allé à sa rencontre afin de l’interviewer. Nous vous en rendons compte ci-dessous :
Breizh-info.com : Les élections italiennes approchent et les sympathies pour CasaPound augmentent. Beaucoup de gens de droite, cependant, n’osent pas franchir le pas en raison d’un “vote utile” pour l’alliance de Silvio Berlusconi. Pourtant, vous donnez plusieurs raisons qui vous permettent d’affirmer que le vote Casapound serait lui aussi un vote utile, lesquelles ?
Tout d’abord, cette fois, personne ne pourra être en mesure de gouverner seul, car il n’y a personne qui puisse prendre plus de 40% des votes et 70% des circonscriptions uninominales. Il est clair que personne ne gagnera et qu’il n’y aura pas de gouvernement de centre-gauche ou de centre-droit, mais un accord avec les deux partis. Tout le monde pourra être représenté pour le vote qu’il aura donné. Nous savons déjà que le centre-droit est déjà prêt à soutenir un gouvernement de coalition avec la gauche. Aujourd’hui, par conséquent, un électeur devrait se sentir complètement détaché de la logique bipolaire ou tripolaire.
Passons à la deuxième raison.
Voter pour CasaPound n’empêchera pas le centre-droit d’atteindre un certain seuil, au-delà duquel il sera certainement capable de gouverner tout seul. Un 3% donné à CasaPound, cela veut dire qu’il y aura 12 députés de CasaPound au Parlement à la place de 12 députés centristes prêts à trahir .
Enfin, troisième raison :
Nous avons clairement dit que nous serons prêts à soutenir extérieurement (donc sans demande de postes de ministre) un éventuel gouvernement souverainiste, s’il existe, même si j’en doute fortement, s’il propose des politiques concrètes visant à sortir de l’euro et à arrêter l’immigration. Je ne pense pas qu’il y aura un gouvernement de ce genre, je suis sûr que Berlusconi a déjà un gouvernement technique à l’esprit, mais l’électeur qui veut voter pour CasaPound doit savoir que ce n’est pas un vote inutile, mais le vote le plus fort qu’il peut exprimer aujourd’hui .
Breizh-info.com : Comment jugez vous le cheminement politique de Salvini (Ligue du Nord) qui ne peut désormais plus se désengager de Berlusconi?
Ce rapprochement avec Berlusconi est un désastre politique. Salvini pensait que le “Cavaliere” était finì et que ses pourcentages étaient dérisoires. Mais aujourd’hui c’est Berlusconi qui semble être le leader de la coalition. Et en fait il n’y a que lui à la télé: à la fois sur ses réseaux et sur les autres médias mondialistes. Salvini a été mis au placard. En outre, Berlusconi parle aujourd’hui de la Ligue d’une manière qui est éloquente: « C’est moi qui vais modérer Salvini, il est populiste seulement à la télévision, la réalité est différente, croyez-moi, etc.».
Le même Berlusconi a clairement changé, comparée à l’époque où il a représenté une certaine rupture avec l’établissement.
Il est sous la menace d’un chantage politique. Et puis, soyons clairs, il a 80 ans. Toutes les révolutions qu’il a promise, bonnes ou mauvaises, il ne les a jamais réalisées. Il n’a pas réformé le pouvoir judiciaire, sa « révolution libérale », que nous n’aimons pas, n’a jamais été réalisée. Il est simplement tombé sous la coupe de tous les dirigeants occidentaux, qui marchent dans un chemin tout tracé avec un modèle économique dont on ne peut dévier et qui est dicté par la haute finance et la mondialisation idéologique. De là, on ne peut pas sortir.
Breizh-info.com : Parlez nous également du Mouvement 5 étoiles.
Au début, il y avait Grillo et aujourd’hui il y Casaleggio junior, le fils du co-fondateur du mouvement, Gianroberto Casaleggio, qui est le propriétaire du parti, selon la loi. Il y a quelque année, Grillo parlait de la présence de l’État dans l’économie, du blocage de la mondialisation, de la sortie de l’euro. Aujourd’hui, nous avons Di Maio, qui semble être le fils de Berlusconi et Renzi, qui est modéré. De quoi parlons-nous? D’un mouvement qui est aujourd’hui exactement le contraire de ce qu’il était au début.
Breizh-info.com : Beaucoup disent de CasaPound : «Ils sont bons, ils font de bonnes choses, mais pour réussir, ils doivent gommer toutes références au fascisme». Est-ce vrai?
Le fascisme fait partie de notre patrimoine idéal, il est donc hors de question de tirer un trait dessus. Mais aujourd’hui, nous sommes également en mesure d’attirer le soutien et la participation de tous les Italiens, pas seulement ceux qui ont de la sympathie pour l’Italie des années 1930. Nous parlons à toute la nation. Évidemment, nous avons réussi à décliner cette idée d’une manière ouverte sur le peuple.
Breizh-info.com : Une autre objection: Certains déclarent que « CasaPound était séduisante quand elle a fait des provocations métapolitiques, une foi qu’elle a choisi la voie des élections, elle est devenu banale ». Qu’est-ce vous en dites ?
Notre vitalité métapolitique a été transposée dans nos programmes politiques, qui sont et restent absolument révolutionnaires. Nous n’avons pas cessé de faire de la culture et de l’art. Mais rappelons-nous que si CasaPound n’était que l’avant-garde d’un milieu auparavant, aujourd’hui nous sommes un point de référence pour de nombreux Italiens, qui ne connaissent pas forcément l’histoire de Casapound.
Pendant un certain temps, CasaPound faisait scandale. Des intellectuels célèbres venaient chez nous pour le plaisir de parler avec le diable. Aujourd’hui tout ça c’est fini, parce que nous sommes une force mature, pas seulement une mode.
Breizh-info.com : Un thème moins politique, mais central dans le débat sociétal d’aujourd’hui : la vague néo-puritaine suivie de l’affaire Weinstein. Un procès du sexe masculin est-il en cours?
Ils essaient de frapper la virilité. Même l’homosexualité n’est plus acceptable si l’homosexuel se considère viril, comme le styliste Gabbana qui a déclaré : « Ne m’appelez pas ‘gay’, je suis un homme », et qui finalement devient lui-même un paria.
Cette tentative de dévirilisation de la société vient du fait que ceux qui sont au pouvoir ont peur d’un soulèvement et savent bien que les révoltes passent toujours par les hommes qui sont prêts à descendre dans la rue. On essaye donc de transformer la population en une bonne mélasse. Bien sûr, Weinstein semble être le porc classique qui utilise le pouvoir pour coucher avec des belles filles intimidées par sa position sociale. Peut-être que c’est ça, peut-être que tout est vrai.
Mais tout cela sert de prétexte pour dire aux hommes que toute approche envers les femmes peut être suspecte. Donc, à la fin, vous n’essayez plus de séduire une fille, vous vous refermez sur vous même, qui vous stérilise et qui conduit ensuite l’homme à se fermer, à renoncer, à adopter un mode de vie individualisé, atomisé. Je suis seul dans ma maison, où j’ai tout, porno sur l’ordinateur, la série sur Netflix, les amis sur les réseaux sociaux…
Breizh-info.com : Pour conclure, une question plus personnelle : le succès de CasaPound est reconnu par tout le monde. Ce mouvement, cependant, est parti d’un très petit noyau, dont vous faisiez partie. Avez-vous imaginé, à l’époque, en arriver là ?
Même avant la naissance de CasaPound, il y avait une sorte de décalogue pour le militant de notre communauté, dans lequel, au premier point, nous disions: “Vous devez croire en la victoire”. Quand ça a été écrit, avons perçu cette idée de victoire, même si à l’époque on ne faisait pas trop de recherches dans le domaine spirituel. Mais l’idée était déjà claire.
Cela signifie que toute cette histoire, de Zetazeroalfa, en passant par CasaMontag, était déjà en quelque sorte imaginée depuis le début.
Chaque fois que nous avons opéré une transition forte, nous avons ressenti avec force cette dimension et avions déjà anticipé la prochaine étape dans nos têtes. Donc, je peux déjà vous dire aujourd’hui que oui, nous entrerons au Parlement en Italie. Nous le ferons durant cette législature. Ou peut-être à la prochaine. Mais je sais déjà que CasaPound est destinée à être un mouvement décisif dans l’histoire de cette nation.
Propos recueillis par Adriano Scianca.
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