Après la victoire de l’équipe de France en finale de la Coupe du Monde 98, Thierry Rolland, le célèbre commentateur sportif, déclarait « on peut mourir tranquille après avoir vécu cela ». Il en va peut être de même pour ceux qui ont vécu la troisième journée du tournoi des 6 nations et les matchs d’une rare intensité entre l’Irlande et le Pays de Galles et l’Ecosse et l’Angleterre.
Mais parlons d’abord de la deuxième division du rugby, avec le match entre la France et l’Italie. Victoire poussive des Bleus, 34 à 17, sans même prendre le bonus offensif, et après avoir eu toutes les peines du monde, pendant 55-60 minutes, à bousculer des Italiens dont on se demande vraiment de plus en plus ce qu’ils font dans ce tournoi (136 points encaissés en 3 matchs…).
Le match en lui même fût inintéressant au possible, avec énormément de fautes et d’imprécisions. Du côté de l’équipe de France, seul Mathieu Bastareaud démontré que Brunel n’aurait jamais du se passer de lui contre l’Ecosse et qu’il est indispensable à la reconstruction d’une équipe qui n’a clairement pas le niveau par rapport aux 4 qui la devancent au classement du tournoi. A noter aussi la belle prestation de Gabrillague et de Rémy Grosso, et c’est tout.
Une équipe comme celle-ci ne peut clairement pas espérer rivaliser avec l’Angleterre, y compris à domicile, et encore moins à Cardiff, au Pays de Galles. Il y’a plusieurs divisions d’écart entre ces équipes, alors que le France – Italie semblait d’un niveau équivalent à un Montauban – Perpignan (l’intensité en moins) ou à un Mont de Marsan Biarritz.
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La maîtrise de l’Irlande
What a game ! Quel match entre l’Irlande et le Pays de Galles, à Dublin. Au final, les Irlandais s’imposent 37-27, mais les gallois ne sont pas passés loin de l’exploit. Quoique sur le papier, vu le nombre de blessés côté irlandais , cela semblait équilibré eu égard du retour de plusieurs gallois clés (williams, Bigar notamment).
Durant toute la rencontre, on a assisté à un bras de fer dominé par l’Irlande (même si les Gallois ont mené un moment 5-13 avant de prendre un 22-0 monumental) avant 20 dernières minutes de folie, avec deux essais gallois et une possession à suivre dans les arrêts de jeu, avant que les gallois ne cèdent définitivement sous un contre libérateur du jeune prodige Stockdale (deux essais).
Dans ce match, les Irlandais ont fait preuve d’une solidité défensive à toute épreuve, ont concédé très peu de faute, et jouent juste, même si on a pu s’apercevoir de quelques temps de jeu un peu plus brouillon une fois l’intégralité du banc rentré. Côté gallois, ce sont clairement les fautes qui ont joué, tout comme la furia irlandaise en attaque.
Un grand match donc, deux belles équipes, et au final, l’Irlande qui a un boulevard en route vers le Grand Chelem, avec en point de mire, un Angleterre – Irlande à Twickenham le 17 mars, jour de la St Patrick (les billets s’arrachent à 1200 livres sur Internet) , qui va être totalement dingue.
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Le triomphe de l’Ecosse
Entendre une fois dans sa vie le Flower of Scotland raisonner à Edimbourg. Impératif. Ce genre d’hymne qui vous plante un décor, et qui vous en dit long sur la mentalité des joueurs comme des supporteurs de l’Ecosse, dès les minutes qui précédent le coup d’envoi du match. Et voir ensuite le XV du Chardon dérouler, jouer, briser les tentatives anglaises, marquer des essais. Laidlaw, Jones, Russell métamorphosés par rapport aux premiers matchs, et revenus « on fire » comme fin 2017 contre l’Australie.
Le XV d’Ecosse, en venant à bout 25 à 13 de l’équipe d’Angleterre, étouffée, imprécise, malchanceuse aussi (un essai refusé en seconde période de manière assez injuste sans doute), a réalisé un exploit, que les hommes de Townsend recherchaient depuis 2008. A un an de la Coupe du Monde, on peut être sûr que cette équipe va monter encore en puissance.
A noter que le retour de plusieurs premières ligne qui étaient absents lors des deux premiers matchs aura permis à l’Ecosse de retrouver une force qu’elle avait perdu (il faut voir le nombre de grattages réalisés durant ce match….). La folie écossaise additionnée à une rigueur défensive peuvent faire mal, très mal, y compris à Dublin prochainement contre l’Irlande, où une victoire de l’Ecosse, qui affrontera l’Italie à domicile ensuite, relancerait totalement le tournoi.
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Le tournoi des 6 nations apporte des moments de rugby intense, comme ces deux derniers matchs, mais interroge aussi : ne faut-il pas instaurer, une bonne fois pour toute, un système de montée/descente, qui entrainerait la relégation du dernier du tournoi en Rugby European Championship, et la montée du premier de ce championnat européen, ce qui donnerait une chance de briller à des équipes comme la Géorgie, la Roumanie, l’Espagne ou autres, tout en obligeant les équipes qui descendent à se remettre en question.
Prochain rendez vous pour le 6 nations, les 10 et 11 mars.
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