26/02/2018 – 07h00 Rome (Breizh-info.com) – Menaces de mort et intimidations variées ; assauts sur les stands électoraux des partis de droite par des mouvements radicaux ; jet de pierres pour bloquer le passage des candidats : le mois précédant les élections est plus que mouvementé en Italie où l’on y recense des violences d’extrême gauche un jour sur deux.
Le sommet de ce sinistre palmarès a été atteint mardi dernier à Palerme, quand une dizaine d’individus cagoulés prenaient par surprise le responsable local de Forza Nuova, lui liant pieds et mains avant de le rouer de coups au corps et au visage sous l’œil amusé d’une complice reprenant la scène.
Cette action planifiée – non évoquée dans la presse française bien silencieuse – a nécessité au préalable pistage et organisation. La victime, Massimo Ursino, soufre de plusieurs fractures graves, mais son pronostic vital n’est pas engagé.
L’alarme, lancée le jour même par Forza Nuova, qui avait déjà subi incendies volontaires, irruptions armées et menaces et dénonçait une « campagne électorale marquée par une intimidation constante, exercée sous des formes diverses par les gauches institutionnelles et des centres sociaux [squats d’extrême gauche, NdT] », n’aura pas servi.
Quelques heures plus tard, à Pérouse, plusieurs personnages issus de l’extrême gauche locale, descendaient de leur voiture, visage masqué et armés de bâtons, et chargeaient des militants de Casapound occupés au collage des affiches électorales.
À Bologne, le 16 février des militants d’extrême-gauche voulant interdire un rassemblement FN attaquaient des forces de l’ordre. A Plaisance, le 11 février, un gendarme était lynché lors d’affrontements en vue d’empêcher les commémorations en souvenir des victimes des foibe (profondes crevasses où les communistes yougoslaves ont précipité les Italiens des zones conquises).
Un climat de haine alimenté par les institutions
On oublie souvent que la violence est un élément constitutif de l’extrême gauche. Des terroristes des brigades rouges en passant par les assassins bolchéviques… les lieux et les époques changent mais l‘idée perdure : la fin justifie les moyens, pas de libertés pour les ennemis de la liberté !
La nouveauté, aujourd’hui, c’est la légitimation que cette violence trouve auprès de la gauche au pouvoir et des médias officiels. Leur mutisme sur les exactions des militants « antifascistes », l’absolution qu’ils leur accordent – pour le maire de Palerme, Leoluca Orlando, c’est « la sous-estimation de la recrudescence des phénomènes et comportements fascistes et racistes » qui serait à l’origine du lynchage de Massimo Ursino – ou encore les propos qu’ils tiennent (« il n’y a pas de place pour eux dans notre république ,» Laura Boldrini) signent l’ouverture officielle de la chasse aux « fachos », dont la définition est extensible à volonté.
Et la bienveillance dont ils jouissent auprès des magistrats, les rares fois où ils sont arrêtés – les poseurs de bombes et autres casseurs sont rarement recherchés -, amplifie ce phénomène.
Un retour aux années de plomb ?
Pas vraiment, puisque les mouvements souverainistes ou d’inspiration fasciste sont pleinement insérés dans le jeu démocratique et le respectent. Avec un mouvement comme Casapound aux portes du Parlement (des sondages portent à 4,5 % les intentions de vote), tout est mis en œuvre pour provoquer une escalade de la violence, transformant les naturelles oppositions idéologiques en altercations, dans le but, non seulement de ruiner le long travail social et politique entrepris ces dernières années, mais surtout en vue de faire passer quelque loi de restriction des libertés, si ce n’est la dissolution pure et simple de ces mouvements, comme préconisé par la présidente de la chambre des députés Laura Boldrini.
Le tout sous-couvert de bons sentiments, puisqu’il s’agit, pour ces défenseurs de la démocratie (sic) de réduire au silence des adversaires à qui l’on a préalablement nié l’humanité : diabolisés, bestialisés, les « fachos » n’auraient que ce qu’ils méritent, attendu qu’« il n’y a pas de place pour eux dans notre République».
Leur faillite étant manifeste et n’ayant rien à proposer de positif, les différentes gauches, institutionnelles ou non, se replient donc sur la seule lutte contre un prétendu fascisme, qui, à tort ou à raison, n’est pas, en Italie, synonyme de totalitarisme, mais recouvre un corpus idéologique qui se veut une alternative de troisième voie, réelle et ancrée dans le pays.
Audrey D’Aguanno
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