Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures a fait couler beaucoup d’encre et de salive en Bretagne (1er février 2018). Son président, Philippe Duron (ancien député-maire PS de Caen), a fait hurler des Finistériens en jugeant le projet d’un TGV reliant Brest et Quimper à Paris en trois heures de temps « non prioritaire ».
Il préfère privilégier « l’amélioration des lignes existantes, notamment entre Rennes et Nantes ». Évidemment, « les dessertes de la Bretagne bénéficient déjà des apports importants de la mise en service récente de la ligne nouvelle Bretagne. » D’où la proposition de Duron de reporter à 2038 l’étude d’une ligne à grande vitesse à l’ouest de Rennes. Voilà qui ne pouvait pas étonner Gérard Lahellec, vice-président en charge des transports au conseil régional, Duron ne lui avait-il pas lancé, il y a cinq ans, quand le projet TGV Le Mans – Rennes a été engagé : « Vous êtes servis, ne vous attendez pas à autre chose » (Le Télégramme, samedi 3 février 2018).
Bien sûr, Christian Troadec (régionaliste), maire et conseiller général de Carhaix, est dans son rôle lorsqu’il affirme : « Paris nous maltraite et méprise la Bretagne ». Nathalie Sarrabezolles, présidente du conseil départemental du Finistère, a raison de rappeler la différence de traitement entre la Bretagne et Paris : « Quand j’ai lu que pour le Grand Métro, il y avait un dépassement de 18 milliards, et qu’il allait être accepté, c’est difficile à entendre ! » (Le Télégramme, samedi 3 février 2018).
Une information rassurante cependant, conséquence du séjour d’Emmanuel Macron en Corse. Profitant du vol retour Bastia – Paris à bord du Falcon présidentiel, Richard Ferrand, député de Carhaix et président du groupe des Marcheurs à l’Assemblée nationale, en a profité pour demander des explications au Chef de l’État. Il a donc interpellé directement le président de la République : « Je lui ai indiqué combien tout cela ne me paraissait pas conforme aux intérêts de l’Ouest, explique-t-il. Le rapport Duron est utile, mais le choix de ne pas faire Notre-Dame-des-Landes étant intervenu après sa finalisation, il est nécessaire d’en reconsidérer les conclusions. » (Ouest-France, vendredi 9 février 2018). Réponse du Président : « Le rapport Duron n’est plus d’actualité. Au moins pour ce qui concerne l’Ouest » (Le Canard enchaîné, 14 février 2018).
Voilà qui devrait satisfaire Christian Troadec pour qui « la LGV doit arriver à la pointe bretonne ». Mais la méfiance s’impose lorsque l’on sait que 70% des lignes TGV sont déficitaires ; il n’y a donc pas d’encouragement à en construire de nouvelles. Les utilisateurs du TGV Montparnasse – Quimper ont également leur petite idée sur la question. Si le train arrive plein comme un œuf à Rennes, il se vide immédiatement dans la capitale bretonne. Pour le reste du voyage, on ne trouve plus qu’une poignée de voyageurs dans chaque voiture. Après les arrêts de Vannes et de Lorient, combien reste-t-il de clients à Quimper ? Au ministère des Transports et à la SNCF, on n’ignore pas cette réalité.
B. Morvan
Crédit photo : Patrick Janicek/Flickr (cc)
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