À Nantes, le 22 janvier 1941, l’officier de marine Honoré d’Estienne d’Orves est arrêté. Ainsi est démantelé son réseau de résistance qui a permis la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Une bande dessinée vient de faire l’éloge de ce résistant de droite qui avait pour valeurs la patrie, la famille et la foi chrétienne.
Né dans une famille patriote et catholique, lycéen proche de l’Action française, sorti de l’École polytechnique en 1923, Honoré d’Estienne d’Orves s’engage dans la Marine nationale. En 1929, il épouse Éliane de Lorgeril, descendante de Louis de Lorgeril, maire de Rennes, avec qui il aura cinq enfants. Lieutenant de vaisseau, il est affecté en décembre 1939 à bord du croiseur lourd Duquesne. Cette escadre se trouve à Alexandrie au moment de l’armistice de juin 1940. Refusant de rallier l’armée britannique suite au bombardement des bâtiments français à Mers-El-Kébir, Honoré préfère entrer dans la Résistance française.
Il rallie la France libre à Londres. Le 21 décembre 1940, il traverse la Manche à bord d’un petit chalutier à destination de Plogoff. Il organise un réseau de renseignement en France, le réseau Nemrod. Il établit la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Installé à Nantes, il fournit ainsi des renseignements capitaux sur les défenses côtières allemandes, les sous-marins, les aérodromes et les dépôts d’essence de la région nantaise. Trahi, il est arrêté le 22 janvier 1941, ainsi que les époux Clément, chez qui il se trouvait, et, par la suite, les vingt-trois autres membres du réseau. Les accusés sont transférés à Berlin puis à Paris. Il clame sa seule responsabilité pour tenter de sauver ses compagnons. Il écrit depuis sa cellule en attendant son procès : « Mes enfants, vous constituez un maillon dans la chaîne de notre famille. Cette famille, vous en devez connaître les traditions, que vous aurez, à votre tour, à transmettre à vos enfants ». La ferveur patriotique d’Honoré force l’admiration de ses juges. L’abbé Stock lui annoncera la veille de son exécution que la peine de ses camarades a été commuée en temps de bagne. Le 29 août 1941, il est fusillé au Mont-Valérien, son recours en grâce ayant été rejeté. Au moment de son exécution, il embrasse l’officier allemand qui commande le peloton, car celui-ci accomplissait son devoir de soldat…
Jean-François Vivier (scénario) et Régis Parenteau-Denoël (dessin) retracent la vie de cet officier exemplaire. Ils en ont eu l’idée lors de leur précédent projet en commun : une bande dessinée sur l’abbé allemand Franz Stock, aumônier des prisons de Paris de 1940 à 1944.
Jean-François Vivier avait déjà scénarisé des bandes dessinées sur Hélie de Saint Marc et l’alpiniste Frison-Roche. Pour Honoré d’Estienne d’Orves, son scénario va de l’arrestation à l’exécution. On découvre sa vie sous forme de retours en arrière. Conçue avec l’assistance des descendants du héros, cette bande dessinée est une réussite. Elle fait l’éloge d’un résistant de droite qui avait pour valeurs la patrie, la famille et la foi chrétienne. Certes, le scénariste a dû faire des choix. Ainsi ne précise-t-il pas que l’amiral Darlan, vice-président du Conseil au gouvernement de Vichy, demanda aux autorités allemandes la grâce de d’Estienne d’Orves.
On se souvient que Denoël avait réalisé une bande dessinée à la gloire de Cathelineau. Ses dessins, dans le style de la « ligne claire », sont soignés. Les visages sont fidèlement dessinés.
Kristol Séhec
Honoré d’Estienne d’Orves, pionnier de la Résistance, 48 pages, 14,50 euros. Éditions du Rocher.
Illustrations : DR
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