Après avoir quitté la vie politique française en mai 2017 et observé un grand silence, elle est de retour. Ou plutôt she’s back, comme le révèle l’Incorrect : Marion Maréchal le Pen s’exprime ce 22 février à 11h30 au CPAC ( Conservative political action conference), le grand rendez-vous des conservateurs américains. Ce n’est pourtant pas un retour en politique mais l’occasion pour la jeune femme d’exposer sa vision du conservatisme et de faire connaître son projet d’école de sciences politiques. Nous avons pu joindre un de ses (très) proches.
Arnaud Stéphan, qui écrit aussi pour l’Incorrect, fait partie des très proches de Marion Maréchal Le Pen. Fidèle à sa résolution de ne pas parler aux médias, elle les a refusés. Tous. Y compris Fox News qui lui proposait un grand entretien le soir, en prime-time. Mais ses proches, eux, peuvent s’exprimer. « Vous pouvez me citer, ça me fait rire lorsque les journalistes disent l’entourage de Marine alors que tout le monde sait que c’est moi. Je suis condamné », se rit-il des confrères.
« Marion devait de toute façon se rendre aux États-Unis pour trouver des investisseurs pour son projet d’école », qu’elle décrit dans une tribune à paraître sur Valeurs Actuelles comme une « académie de sciences politiques » destinée à être le « terreau où tous les courants de la droite pourront se retrouver et s’épanouir » pour, notamment, « détecter et former les dirigeants de demain ». Cette ambition de former les dirigeants à venir est déjà celle du programme Young leaders de la French American Foundation, l’un des instruments du soft power américain en France.
Cette école sera « une prépa pour les écoles de commerce ou de sciences politiques » dans un premier temps, poursuit Arnaud Stephan, qui précise cependant que « le tour de table n’est pas achevé, le comité scientifique non plus ». Pas de noms : « tout ce que je peux dire, c’est que ce sont des gens dans un esprit de droite, mais extérieurs au FN », finit-il par confier.
Outre une dimension métapolitique assumée, l’école veut inculquer à ses futurs élèves « un capitalisme raisonné hérité des valeurs chrétiennes, loin de l’esprit d’appropriation qui règne aujourd’hui dans les écoles de commerce ». Ce capitalisme raisonné « s’inspire de René de la Tour du Pin ou d’Albert de Mun », théoriciens du catholicisme social, préfère « le réinvestissement des profits à la financiarisation ou associer les salariés à l’outil de travail plutôt que de donner les dividendes aux retraités en Floride ».
« Il faut trois ans pour être reconnu comme école, au bout de cette période, elle pourra délivrer des masters ». Alors que « Marion cherchait des sponsors et avait prévu d’être aux États-Unis en ce moment, elle a reçu l’invitation du CPAC et a décidé d’y aller ; jusque là elle avait déjà été invitée mais n’y est pas allée dans un souci de loyauté par rapport à la direction du FN », autrement dit Marine Le Pen.
Pendant son allocution – une dizaine de minutes – elle va « développer son discours sur le conservatisme, une idée très moderne », poursuit Arnaud Stephan. « Notre civilisation est attaquée par des minorités toujours tournées vers l’avant, mais qui en oublient le passé. Il faut un socle commun de culture ». Mais son discours sera aussi l’occasion « de défendre la liberté de penser et d’entreprendre » et de rappeler « les 240 ans de la reconnaissance des États-Unis par la France ; nous sommes le premier allié des États-Unis ».
Par la liberté de penser, il s’agit du « fait de ne pas subir le politiquement correct et de pouvoir s’opposer à lui sur les questions de société. Notamment sur la question du transhumanisme ou face à une société excessivement compliquée, fondée sur un mode de vie qui épuise les gens et ne produit que des tarés, des drogués et des dépressifs ».
Marion Maréchal Le Pen souhaite aussi féliciter les conservateurs américains dont le travail idéologique, des années durant, a permis la victoire de Trump contre l’establishment et la plupart des médias américains comme étrangers. « Vous avez ouvert la voie, rendu la parole au peuple », Arnaud Stephan cite son discours, de mémoire. « Je suis pour la communauté des peuples libres, au-delà des superstructures déshumanisées comme l’Union Européenne ».
Cependant, qu’on se le dise, « ce n’est pas un retour en politique », même si de son côté Marine Le Pen ébauche la possibilité qu’en 2022, ce ne soit plus elle qui se présente à la présidentielle ; elle a affirmé aussi que l’éventuel retour en politique de Marion Maréchal Le Pen ne lui pose « aucun problème ». Et à moyen terme ? « Si elle souhaite revenir, c’est que les conditions seront réunies », coupe Arnaud Stéphan. « Marion prend la parole avec pertinence à des moments particuliers et ne gâchera pas sa parole pour faire de la politique ».
Louis-Benoît Greffe
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