Région Bretagne. Réunification et numérique, que retenir du budget 2018 ?

Le budget de la région Bretagne (B4) a été débattu puis adopté il y a quelques jours. Quels sont les principaux enseignements à tirer de ces décisions ?

Budget de 1 538 millions d’euros

La session s’est déroulée sur trois jours. Ainsi, les 15, 16 et 17 février derniers, le Conseil régional de Bretagne et ses 83 élus ont voté le budget 2018. Un budget qui atteint les 1 538 millions d’euros pour l’année en cours.

Plusieurs points ont bien entendu été abordés mais ce qui ressort de ces délibérations est que le Conseil régional n’a que peu de prérogatives. Un pouvoir politique limité qui repose une nouvelle fois la question de la reconnaissance de la spécificité bretonne. À l’instar de ce que demandent les élus corses.

Aménagement du territoire

Parmi ses objectifs, le Conseil régional entend réduire la fracture ville-campagne. Un processus engagé depuis 2017 avec la mise en place d’un réseau intitulé « Les territoires innovent ». Un événement est d’ailleurs prévu en 2018 avec pour thème « Campagnes, villes : cultivons nos liens ».

Une démarche qui s’inscrit en résonnance du projet BreizhCOP, présenté par la Région Bretagne comme un « projet régional de territoire, mobilisateur et producteur d’engagements citoyens ». En réalité un concept sonnant assez creux et masquant mal les faibles leviers de décisions régionaux quant à l’aménagement du territoire.

Par ailleurs, l’accent a été mis sur le « renforcement des bourgs et centres-villes par l’habitat social ou les services, l’investissements en faveur d’écoles, d’équipements sociaux-culturels ou sportifs, de pôles de services, des mobilités ». Reste à savoir quelles seront les modalités d’attribution pour cet habitat social. Mais nul doute que les Bretons ne seront pas prioritaires.

La fibre pour tous ?

Enfin, point très importants pour les acteurs économiques bretons : le projet Bretagne Très Haut Débit. Le Conseil régional entend couvrir l’ensemble du territoire en fibre optique, soit un très haut débit supérieur à 100 Mb/s.

En cette année 2018, la seconde tranche des travaux sur le très haut débit va donc démarrer. Pour rappel, le projet Bretagne Très Haut Débit a pour ambition d’amener le Très Haut Débit (THD) à travers la fibre optique à 100 % des foyers bretons à l’horizon 2030. Pour un coût total estimé à 2 milliards d’euros.

Un horizon très lointain alors qu’il s’agit d’une nécessité majeure. Pour l’ensemble des aménagements précités, c’est une dotation de 36 millions d’euros qui a été votée.

Économie et innovations

En ce qui concerne les dotations destinées à l’innovation et à l’emploi, celles-ci s’élèvent à 197 millions d’euros. Dans son optique de rapprochement entre offre et demande, nous retrouvons le projet Breizh Alim mis en place par la Région et destiné à la restauration collective. Une initiative que nous évoquions il y a peu et qui est le symbole même des limites du Conseil régional quant à sa capacité d’agir.

Entre autres délibérations, la poursuite du financement d’un dispositif de soutien aux entreprises de moins de 7 salariés et de moins d’un millions d’euros de chiffre d’affaires. Des entreprises qui doivent se situées dans les communes de moins de 5 000 habitants (90% des communes bretonnes).

Ce Pass’Commerce et Artisanat représente une aide plafonnée à 7 500 euros pour les créateurs et repreneurs d’entreprise. Mais aussi en cas de modernisation ou de développement de l’activité.

Terre et mer

Du côté de l’agriculture, le Conseil régional a déjà mis en place des plans d’aides adaptés aux filières bovine et porcine. Un dispositif qui se traduit aussi par le prêt d’honneur BRIT (Bretagne Reprise Initiative Transmission) sans intérêt et sans garantie personnelle.

Pour ce qui est de l’économie maritime, il a été rappelé que « les activités économiques liées à la mer représentent 15% du PIB de la Bretagne (administrative) ». C’est dans cette optique qu’une stratégie régionale destinée à la mer et au littoral sera finalisée en 2018. Son ambition étant la promotion d’une « politique maritime intégrée » avec des objectifs à l’horizon 2040. Le tout en cherchant à allier préservation de l’environnement et activités économiques raisonnées.

Mais le vernis des mots utilisés par l’exécutif breton masque mal, une fois encore, l’absence totale de vision et de projet d’envergure. Tant pour l’agriculture que pour nos activités littorales.

402 millions d’euros pour la mobilité

Le Conseil régional a aussi évoqué la modernisation du parc du TER (Train express régional) en Bretagne. Une dépense qui aura alors atteint plus de 520 millions d’euros en 2019.

Du côté des ports bretons, la Région entend mener une stratégie multicartes. Ainsi, elle compte développer de front le commerce de marchandises et de passagers, la réparation navale, la pêche et la plaisance. Des intentions qui se concrétiseront en 2018 par la poursuite d’un programme de modernisation des infrastructures portuaires.

Là aussi, un coup d’œil comparatif s’impose. Et il permet de voir que les 402 millions d’euros débloqués pour l’ensemble de ces chantiers ne pèsent pas lourds par rapport au plus d’un milliard d’euros que la Région Bretagne et quelques autres collectivités locales ont su trouver pour le projet de LGV depuis Paris.

Rappelons enfin que les ports de Lorient, Brest et Saint-Malo ont une activité économique très limitée. Et souffrent également d’un déficit d’image évident. Lorient, premier des trois, n’apparaît qu’à la 17ème place au classement des ports de commerce français. Nantes-Saint-Nazaire est quant à lui 5ème. De quoi rappeler l’intérêt d’une synergie entre celui-ci et les trois autres.

500 000 euros pour la réunification

Un soupçon de bon sens dont a, semble-t-il, fait preuve le président du Conseil régional Loïg Chesnais-Girard. Suite à une proposition des conseillers régionaux de la droite et du centre, ce dernier a validé la mise en place d’un chargé de mission pour étudier concrètement un rapprochement entre la Bretagne administrative et le département de la Loire-Atlantique. Avec en toile de fond le retour de la Bretagne historique via la réunification.

Un budget de 500 000 euros a ainsi été attribué à la tâche. Ce qui ne sera pas de trop compte tenu de l’intérêt économique que présenterait une Bretagne réunifiée.

Crédit photo : Facebook
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