20/02/2018 – 06h45 Paris (Breizh-info.com) – Mardi 13 février, l’Assemblée nationale a donc commencé l’examen du projet de loi relatif à « l’élection des représentants au parlement européen ». L’article 1 instaurant une circonscription nationale unique a été adopté ; les huit grandes circonscriptions ont donc vécu.
Bien entendu, le rapporteur Alain Tourret (LRM), député de Vire, s’est empressé de préciser que le gouvernement n’avait pas « d’arrière-pensées électoralistes», après que Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, a souligné que le nouveau mode de scrutin « va intéresser d’avantage les citoyens » puisqu’on pourra proposer « aux Français des options claires ». Étant entendu que tous, majorité et opposition, se lamentaient sur la progression de l’abstention aux élections européennes.
En bonne logique, les orateurs de la droite ont défendu « avec vigueur le système des circonscriptions multirégionales, au motif qu’elles permettent d’instaurer de la proximité entre les électeurs et leurs représentants au parlement européen » (Le Monde, jeudi 15 février 2018). Facile à dire. Mais la réalité montre que l’effet « proximité » n’existe pas dans ces grandes circonscriptions.
Dans celle qui nous intéresse – « Ouest » – on avait en effet regroupé la Bretagne (4), les Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Quant aux neufs élus, ce sont d’illustres inconnus : Alain Cadec (UMP), Élisabeth Morin – Chartier (UMP), Marc Joulaud (UMP), Gilles Lebreton (FN), Joëlle Bergeron (FN), Isabelle Thomas (PS) Emmanuel Maurel (PS), Jean Arthuis (UDI – MoDem) et Yannick Jadot (EELV). Quelquefois, on lit dans la presse la relation d’une intervention d’Isabelle Thomas (de Saint-Malo) au Parlement européen sur une question relevant de la pêche…Mais c’est à peu près tout. De toute manière, d’Alain Cadec (UMP), on ne peut pas attendre grand-chose puisqu’il cumule : député européen et président du conseil départemental des Côtes d’Armor ; il a donc d’autres soucis que de défendre les intérêts bretons à Strasbourg.
Si les arguments utilisés par la droite ne pèsent pas lourd, ceux mis en avant par la majorité (LRM et MoDem) ne doivent pas faire oublier que derrière ce redécoupage se cache un enjeu électoral majeur. « LRM fait le pari qu’un scrutin de liste nationale lui sera favorable, en faisant émerger les lignes de fracture au sein du PS et de LR. Et permettra, en outre, de poursuivre la recomposition lancée par l’élection de M. Macron, en poussant les pro-européens de droite et de gauche à rejoindre son grand arc central pro-européen en cours de constitution. Le parti présidentiel voit également aussi dans le cadre national une manière de combler un de ses handicaps : son manque d’ancrage local. Alors qu’il aurait sûrement peiné à trouver des têtes de liste régionales capables de mobiliser les électeurs, il pourra mener campagne avec M. Macron comme figure emblématique. C’est pour cette raison que LR dénonce un » tripatouillage du mode de scrutin « pour une formation » en mal de leadeur et de visibilité dans les territoires « . » (Le Monde, jeudi 15 févier 2018).
Ce mardi 13 février (Mardi – Gras), à la séance de 17 heures, les députés bretons brillaient par leur absence ; ils n’ont donc pas participé à la discussion générale. Il est vrai qu’à 19 heures, il n’y avait plus que 32 vaillants résistants dans l’hémicycle !
Pourtant, deux vedettes de la politique nationale faisaient acte de présence. En tant que président du groupe La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a pu intervenir à plusieurs reprises. Orateur au souffle puissant, percutant, capable de sortir des sentiers battus dans lesquels pataugent les membres des autres groupes, il appartient à la catégorie des gens qu’on écoute, surtout lorsqu’il fait rire, pour la plus grande joie de son équipe. Alors que Marine Le Pen est apparue éteinte, lasse, manquant d’enthousiasme ; il apparaît tout de suite qu’elle n’a pas la pêche – ce qui peut expliquer son manque d’envie de diriger la liste du FN aux élections européennes. D’où une ambiance morose chez la petite troupe qui l’entourait. En tant que membre du groupe des non – inscrits, elle a eu la parole pendant cinq minutes, ce qui lui a permis d’expliquer que les députés européens ne représentaient pas une région mais la France ! Qu’on se le dise.
Très important pour les états-majors : le projet de loi maintient la proportionnelle, ainsi que la barre des 5% des suffrages exprimés pour obtenir au moins un élu. Mais, pour le remboursement des frais de campagne, 3% suffiront.
B. Morvan
Crédit photo : Clément Baillon/Wikipedia (cc)
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