Sur le papier, les intentions sont louables. À l’heure du « consommer local », le conseil régional de Bretagne administrative entend faciliter l’approvisionnement en circuit court des cantines des lycées. Mais les choses ne sont pas si simples.
Le projet Breizh Alim
L’intérêt des circuits courts dans la restauration collective ne souffre plus d’aucune contestation aujourd’hui. Réduction de la pollution liée au transport des denrées, synergie avec les acteurs économiques locaux, traçabilité via la réduction des intermédiaires… les arguments ne manquent pas. Mais la mise en pratique est confrontée à des réalités contraignantes. Qu’il va bien falloir prendre en compte malgré tout.
C’est donc dans cette optique que la Région Bretagne a mis en place le projet Breizh Alim à la fin de l’année 2016. Son but ? Accompagner la mise en œuvre de ces circuits courts dans les cantines des 115 lycées du territoire administratif (B4). Breizh Alim entend notamment faciliter la consommation de poisson local et de produits de la mer chez les lycéens. Mais également de porc, de lait ou encore d’œufs.
Une réalité plus compliquée
Cependant, une fois les bonnes intentions dévoilées, la réalité est plus compliquée qu’elle n’y parait. En premier lieu, il y a des contraintes juridiques. Les marchés publics sont effectivement régis par des règles bien particulières. Il est ainsi impossible d’afficher une préférence régionale ou nationale. Selon la loi, le localisme est tout bonnement interdit. Les appels d’offres sur ce type de marché doivent parfois se faire à l’échelle européenne.
Toutefois, une parade existerait. Elle consisterait alors à poser des critères bien précis dans l’appel d’offre. Des critères que seuls des fournisseurs locaux seraient à même de remplir convenablement.
Produits de la mer incertains
À la législation s’ajoute un autre problème potentiel en ce qui concerne les produits de la mer. L’approvisionnement des cantines avec ces derniers est en effet dépendant des conditions météorologiques ainsi que des volumes pêchés. D’autant plus que les quantités commandées sont particulièrement conséquentes. Sans oublier les contraintes du respect des portions et de l’absence d’arête propres à ce type de restauration.
Contacté, un mareyeur du Finistère nous confie : « Ce marché est à première vue intéressant. Mais peut vite virer au casse-tête car là, on parle de volumes très importants. Après, ça semble quand même délirant d’aller acheter du poisson congelé à l’autre bout de l’Europe quand on se trouve en Bretagne. Il faudrait remettre un peu de bon sens dans tout cela ».
Voilà donc de quoi sérieusement freiner l’arrivée de poisson breton dans les restaurants scolaires. La mise en place d’outils de surgélation par le Conseil régional pourrait être un début de réponse aux risques de ruptures de flux.
Quoi qu’il en soit, l’accès à une alimentation saine et locale pour les lycéens bretons va encore connaître de nombreuses embûches sur son chemin. Le localisme est malheureusement à ce prix.
Crédit photo : Flickr (CC/Jeanne Menjoulet)
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