L’impact de l’activité humaine n’épargne pas les océans. Dans l’Atlantique Nord, c’est une augmentation très rapide de l’acidité qui inquiète particulièrement les observateurs. Les conséquences environnementales pourraient effectivement être désastreuses.
Un pH en forte baisse
À l’origine de ces révélations, se trouve le projet Ovide. Ce dernier est une mission menée par des chercheurs de l’Institut de recherche marine de Vigo (Espagne) et du Laboratoire d’océanographie physique et spatiale (CNRS/Ifremer/IRD/UBO). Dans les grandes lignes, le but de ce projet est de mesurer l’impact du changement climatique sur le milieu marin de l’Atlantique Nord. Une zone qui s’étend du Groenland au Portugal.
Depuis 2002, ces études sont notamment réalisées lors de campagnes scientifiques ayant lieu tous les deux ans. La composition chimique des océans est alors passée à la loupe. Au-delà des relevés de température et de pression, il s’agit notamment de noter la salinité mais aussi le potentiel hydrogène, plus communément appelé « pH ».
Et la nouvelle inquiétante est justement la baisse rapide de ce pH en Atlantique Nord. Des relevés effectués en mer d’Irminger, zone septentrionale comprise entre le Groenland et l’Islande, en attestent.
L’Atlantique Nord, clé de voûte climatique
L’océan Atlantique Nord joue un rôle primordial dans la régulation du climat. Il est par ailleurs parcouru par des courants dérivés du Gulf Stream. Celui-ci prend sa source entre la Floride et les Bahamas avant de traverser l’Atlantique en direction du Nord-Est.
Ces masses d’eau chaude de surface se densifient en arrivant dans les zones froides et pénètrent ainsi en profondeur. Ce mélange sous-marin entre des eaux de températures contrastées donne naissance à un phénomène de convection. Une convection qui est la pièce motrice de la redistribution de la chaleur par la suite entre pôles et équateur. Son influence sur le climat mondial est donc prépondérante.
Le CO2 en cause
Cependant, même si initialement la nature est bien faite, la situation risque de se gâter. Alors qu’une augmentation de la profondeur de pénétration des eaux de surface est observée depuis 2014, celle-ci s’accompagne aussi d’une pénétration plus importante de CO2 dissous. Pourquoi ?
C’est l’accumulation des rejets d’origine humaine dans l’atmosphère qui est en cause. Rappelons que les océans font office de zones de stockage géantes pour le CO2 puisqu’ils absorbent environ 25 % du carbone produit par l’activité de l’Homme sur la planète. Toutefois, ce rôle d’amortisseur climatique entraîne l’acidification rapide des océans, comme en attestent les derniers relevés.
Des coraux sérieusement menacés
Les coraux feraient alors partie des victimes de cette acidification des eaux. Une acidification qui réduirait le taux d’ions carbonates, primordiaux pour le maintien de l’espèce. Tandis que la profondeur critique pour la survie de ces coraux est estimée à 2 500 mètres de profondeur dans l’océan Atlantique Nord à l’heure actuelle, cette limite pourrait évoluer. Et remonter de 1 000 mètres d’ici 30 ans. Cette désertification de l’espèce au-delà des 1 500 mètres de profondeur aura assurément des conséquences sur l’écosystème marin.
Les choses devraient se préciser lors de la future campagne du projet Ovide qui débutera au mois de juin prochain.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Toby Hudson)
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