Elle se faisait beaucoup plus discrète ces derniers temps sur la scène politique française. Mais voilà que Christiane Taubira vient de faire un retour remarqué au cours d’un entretien. Elle s’est notamment prononcée sur la loi asile-immigration. En y étant opposée bien entendu.
Loi antiterroriste « vénéneuse »
C’est le journal trimestriel Regards qui a interrogé l’ancienne ministre lundi 12 février. Christiane Taubira donne son point de vue sur la loi antiterroriste dont la promulgation a eu lieu au mois de novembre 2017. Selon elle, la loi en question « pose une inquiétude de fond » sur « des principes de base ».
Elle poursuit alors : « À partir du moment où l’on considère que l’on peut introduire dans le droit commun, qui nous concerne tous, des dispositions d’exception, on est fondé à s’interroger : ‘Sommes-nous encore dans un Etat de droit ?’ ». Selon Christiane Taubira, c’est alors que « l’on introduit effectivement quelque chose de vénéneux dans la démocratie ».
Un endiguement « absurde »
Par la suite, l’ancienne garde des Sceaux évoque la loi « asile et immigration ». Une question sur laquelle elle ne fait pas mystère de ses convictions. Christine Taubira estime ainsi qu’il est « absurde de vouloir endiguer cette circulation humaine juste pour satisfaire une partie de l’opinion publique ».
Face aux crispations civilisationnelles d’une partie des Européens qui s’inquiètent pour le devenir de leur continent, Christiane Taubira répond qu’il faut « penser le monde et notre rapport à ces circulations humaines ». En résumé, aborder le problème en bon citoyen du monde. Puis elle en profite pour rappeler que l’asile est « une tradition qui a beaucoup de sens en Europe en particulier ». De quoi rappeler discrètement que les Européens doivent justement se sentir un peu plus citoyens du monde que les autres.
« Ça va s’intensifier »
Enfin, l’ancienne ministre fait preuve de lucidité lorsqu’elle évoque la démographie. L’augmentation de l’immigration extra-européenne est effectivement déjà actée pour Christiane Taubira : « Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, ce n‘est pas le sujet : ça va s’intensifier ».
Quant à la réception à Paris du chancelier autrichien Sebastian Kurz par Emmanuel Macron, Christiane Taubira considère que cela révèle « nos lâchetés », « nos renoncements collectifs » et « nos impuissances ». N’ y a t-il pourtant des impuissances bien plus dangereuses qui pèsent sur l’avenir des Européens à l’heure actuelle?
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Ericwaltr)
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