La remise du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures le 1er février dernier avait mis les élus de l’ouest breton en émoi. À commencer par le maire socialiste de Brest François Cuillandre. Lequel s’était fendu d’un communiqué pour expliquer son désarroi quant à la mise en chantier fortement retardée de la ligne TGV reliant sa ville à Paris en 3 heures. Mais voilà que le rapport Duron vient d’être retoqué.
De quoi s’agit-il ?
Ce fameux rapport a été rédigé par le Conseil d’orientation des infrastructures. Il est appelé plus communément rapport Duron en référence au nom du président de ce conseil, le député Philippe Duron. Un homme qui, pour l’anecdote, est lui aussi membre du Parti socialiste. Or, dans la version remise le 1er février, le prolongement de la ligne LGV depuis Rennes vers Brest et Quimper ne devait se concrétiser qu’après 2038. Une nouvelle qui avait mis vent debout l’ensemble des décideurs de la pointe bretonne. Ces derniers estimant que sans Paris à 3 heures de train du Finistère, il n’y avait point de salut pour l’économie locale.
Mais, fort heureusement pour le personnel politique de Basse-Bretagne, Emmanuel Macron a annoncé le 9 février que l’échéance lointaine de 2038 n’était plus d’actualité. Cette modification concerne aussi plus généralement les autres projets censés assurer le désenclavement (on se demande bien par rapport à qui et à quoi) de l’ouest de l’Hexagone.
Parmi les autres projets en question, citons par exemple le développement des aéroports de Brest et de Rennes mais aussi la fin des travaux sur la RN164 entre Rennes et Châteaulin. Un chantier qui semble s’éterniser. La liaison ferroviaire entre Nantes et Quimper devrait aussi être revue. Plus généralement, la desserte de Nantes depuis les autres villes bretonnes est, pour l’heure, très médiocre. Il est parfois plus rapide de se rendre à Paris qu’à Nantes depuis Rennes en train.
Des élus rassurés dans leurs convictions
L’annonce de ce changement de cap décidé par le président de la République a ainsi vu l’ensemble des élus de l’ouest breton exprimer leur satisfaction. Notamment le Conseil départemental du Finistère par la voix de sa présidente Nathalie Sarrabezolles :
Laisser de côté les conclusions du rapport Duron pour l’Ouest et travailler sur la base des propositions du Pacte d’accessibilité : un meilleur scénario pour la #Bretagne ! #Objectif3h #PackBreton #Accessibilité pic.twitter.com/VWV4zVCOl7
— N Sarrabezolles (@NSarrabezolles) 9 février 2018
Un manque de créativité
Malgré cette annonce de dernière minute, il est intéressant de se pencher sur les craintes du personnel politique finistérien. Dans la complainte de François Cuillandre, pas l’ombre d’une volonté de chercher d’autres ouvertures afin de développer ce territoire un peu trop loin des bureaux de décision parisiens. Et quid de la politique maritime brestoise ?
Développer les synergies locales et les interactions avec l’Est breton et les Marches de Bretagne ? Regarder vers les îles britanniques ? À titre informatif, Brest est géographiquement plus proche de Londres que Paris. Rien de tout cela ! Pour le patron de Brest Métropole comme pour le Conseil départemental du Finistère, la seule solution possible et souhaitable réside dans les 3 heures de train pour gagner Paris. Pour la créativité, on repassera !
Plus généralement, cet épisode du rapport Duron avec ses revirements montre les limites des prérogatives des élus bretons en matière de développement. Du point de vue économique comme de l’aménagement du territoire. Il souligne aussi un cruel manque d’ambition et des attentes envers Paris qui confinent à l’obsession !
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC-BY-SA-3.0/Michel Briand)
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