09/02/2018 – 06h15 Nantes (Breizh-info.com) – La mobilisation d’étudiants – principalement en lettres – contre Parcours Sup et la sélection à l’université s’est poursuivie hier mercredi. Si le blocage du campus a pu être effectif, seuls 400 d’entre eux ont tenté d’aller manifester en ville.
Pour ce matin du 8 février, dès 7h00, était organisé le blocus complet du campus Tertre. La fac de Langues n’y a pas échappé non plus ! Toutes les entrées étaient obstruées par des objets hétéroclites, tels que des barrières de chantier, des tables, des chaises, de tôles, des restes de sapin, permettant d’ailleurs aux manifestants de commenter la photo avec humour : « Bloqué ! Michel Sapin est avec nous ! », etc.
Devant ces barricades improvisées, la présidence de la faculté – qui devait pourtant être au courant depuis au moins la veille et avoir une idée de la détermination des étudiants – n’a jugé bon d’envoyer un mail à ses étudiants que vers 10h pour les informer de la banalisation de la matinée (jusqu’à midi). Dans son mail, pour masquer un manque d’autorité flagrant (la fac était totalement aux mains des étudiants), la direction invoque le fait « de garantir la sécurité des étudiants et des personnels », expliquant que « cette disposition exceptionnelle est la conséquence du blocage du bâtiment mis en place depuis ce matin 7h par un rassemblement de manifestants étudiants et extérieurs à l’université » ! C’est ce qui s’appelle ouvrir le parapluie…
A 10h, nouvelle AG dans un amphi de la fac de Droit, vite trop petit ! Les prises de paroles des nombreux étudiants présents vont bon train, les applaudissements aussi… Bref, les manifestants refont le monde à leur manière ! Vient l’heure de voter la suite des actions à réaliser. Après de nombreuses propositions et hésitations, sont votées à l’unanimité, la continuation du blocus et la banalisation de la journée, ainsi qu’un départ en manif à 13h30 avec l’ambition d’emmener aussi les étudiants de sciences, et les lycéens de Michelet particulièrement. Leur but : aller dans le centre-ville !
« Les murs de flics, on va les passer ! »
Entendu sur place, dans la bouche d’une étudiante, qui sera largement applaudie : « Ensuite, j’appuie vraiment la proposition de la copine qui appelle à aller manifester dans le centre non seulement en solidarité avec les personnes qui sont en grève à Carrefour ou à la gare, mais aussi, parce que la police nous a bien bloqués, et c’était clairement… leur but, c’était ‘vous n’irez pas dans le centre-ville !’. Quoi ? On ne va pas dans le centre-ville ? Elle est à qui la ville, là ? Moi j’en ai marre [applaudissements]… Partout dans les rues, à chaque fois qu’on se balade dans le centre-ville de Nantes, on croise tous les corps de la police en arme, avec des mitraillettes, et juste, c’est pas possible ! A un moment ça va là ! C’est devenu impossible de manifester dans cette ville, eh ben, on va forcer ! Et justement, on parle de faire exploser les murs, les murs de flics aussi, on va les passer ! »
Pendant ce temps, à la fac de sciences, boulevard Michelet, les CRS et la police se préparent à accueillir les potentiels manifestants. 15 cars de CRS d’environ 7 personnes chacun, et trois voitures de police ! De quoi en effet accueillir et barrer le chemin aux étudiants tentés par une excursion dans le centre-ville. Devant ce déploiement, des passants s’arrêtent, intrigués : « Autant de militaires? Des manifs étudiantes… mais c’est la guerre ou quoi ? Faut pas déconner! ». Et pourtant, il faut croire que les étudiants sont passablement énervés, parce que l’hélicoptère tourne depuis 14h et à 17h, il était encore sur les lieux !
Hélène Lechat
Crédit photos : Breizh-info.com
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