« Qui a bu boira ». Le célèbre adage s’applique-t-il également entre deux générations d’une même famille ? Existe-il des liens effectifs entre patrimoine génétique et alcoolisme au sein d’une lignée ? C’est ce qu’ont affirmé certains chercheurs.
Des gènes influenceurs
Le sujet a déjà fait l’objet de diverses études et en suscite régulièrement de nouvelles. Ainsi, en 2016, un collège de scientifiques américains publiait un document sur la question. Selon eux, un gène déterminerait cette envie ou non de consommer de l’alcool : β-Klotho (KLB). Une caractéristique d’ADN dont serait dotés environ 40 % de la population.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs avaient alors étudié dans le détail le génome de 105 000 patients. En effectuant une corrélation entre le patrimoine génétique des individus et leur consommation d’alcool, ils ont constaté que les personnes dotées du fameux gène KLB étaient enclines à moins boire que les autres. Une conclusion qui n’explique pas tout cependant.
Souris alcooliques
La théorie a été confirmée par la pratique en effectuant une série de tests sur des souris génétiquement modifiées. Certaines d’entre elles se sont en effet vues dépourvues de leur gène KLB. Face au dilemme de choisir entre eau et alcool, les petits animaux ont opté pour l’éthanol. Et ce, en grande quantité.
L’expérience a par ailleurs révélé que la protéine KLB, présente quant à elle dans le système nerveux, est codée par le gène et entre en réaction avec l’hormone FGF21. Cette dernière est produite par le foie. Or, il se trouve qu’en inoculant cette hormone à des souris dénuées du gène KLB, elles se sont malgré tout dirigées vers l’alcool. La déduction s’imposait alors : l’attirance pour l’alcool dépend bien de la présence du gène KLB.
De père en fils ?
Les maladies génétiques transmises par les parents existent. C’est notamment le cas de la mucoviscidose ou du diabète. Ce dernier est le résultat d’une interaction entre le patrimoine génétique et des facteurs environnementaux. Cette interaction s’applique aussi pour l’alcoolisme. Voilà pourquoi l’entourage familial, l’exposition à l’alcool et la propension au stress engendrée par la dépression ou les situations violentes sont aussi des déterminismes dans l’alcoolisme d’un individu.
Par ailleurs, d’autres gènes entrent également dans la danse. C’est le cas du ADH1B qui contribue à fabriquer l’enzyme en charge du métabolisme de l’alcool dans le foie. Enfin, le gène DRD2, lié aux neurotransmetteurs du cerveau, a une incidence sur la dépendance à l’alcool.
Par ailleurs, différentes études ont montré que les enfants de parents en proie à une addiction à l’alcool avaient quatre fois plus de risques de connaître ces mêmes problèmes de dépendance. Mais, là encore, l’affirmation demande une contextualisation et de la nuance. Les deux parents sont-ils concernés ? À quelle fréquence ? Quelle quantité consommée ? Dans quel environnement social ?
En définitive, cette relation entre génétique et alcoolisme a tout d’un cocktail complexe. Cocktail qui tente toutefois de répondre à un problème de société majeur puisque l’alcoolisme est la deuxième cause de mortalité évitable en France. La Bretagne en sait quelque chose !
Crédit photo : Wikipedia (CC BY-SA 4.0/MarcoMontero93)
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