Jean d’Ormesson, Jean d’O, Jeannot, Jojo, « Hey, Jo ! »

C’est un petit billet d’humeur que, je l’espère, certains trouveront malséant.

« Ne voilà-t’y pas » que j’erre l’autre jour dans mon hypermarché préféré. Veau parmi les veaux, ce qui me met en tête ce jugement sans appel de Louis-Ferdinand Céline qu’en ces temps d’interdiction klarsfeldienne on ne cite jamais :

« … La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus, vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français. (Voyage au bout de la nuit) ».

Bref, que vois-je en tête de gondole au rayon livres, l’œuvre de Jean d’Ormesson sous toutes les coutures, une douzaine de titres… Manquait juste le « pléiade » de l’intégrale de ses romans, un volume jugé trop cher et sans doute incongru vis-à-vis de ces suburbains nantais à peine dépedzouillés.

J’ai eu comme une passade, un flash, une poussée de vandalisme : si je précipitai mon caddie sur cet empilement… je plaiderai la maladresse, j’aiderai le personnel à ramasser tout en piétinant avec mes godasses un peu bouseuses tous ces chefs-d’œuvre…

Je suis lâche, je n’ai rien fait, juste grogné. A la maison, je suis tombé par hasard – je vous jure – sur le Dictionnaire des injures littéraires de Pierre Chalmin (L’éditeur, 2010). Une anthologie. J’ai ouvert à la lettre O : deux pages sur le regretté académicien : un long texte de Prouvost d’Agostino (musicologue et peintre), deux de François Mitterrand et de Pierre Desproges.

Du « lourd », façon « carpet bombing » de B 52 :

« Ormesson, dit le cabotin mondain, ou le culculte du moi (…). Baudelaire stigmatisait chez Sand « le style croulant, cher au Bourgeois ». Chez Jeannot, on parlerait plutôt de prose vaselinée, propre à entrer sans faire le moindre mal dans les parties molles…

« Le grand drame de Jeannot, en vérité, est moins d’avoir été méprisé à sa juste valeur par les grands écrivains qu’il a connus, que d’être admiré aujourd’hui… par des analphabètes. » (Prouvost d’Agostino)

« On aimerait l’aimer, ce cœur unanimiste. Dommage qu’entré en politique, il coule son talent dans le ciment des postulats (…) il écrit notamment ce qu’on attend de Michel Droit. (F. Mitterrand)

« N’avez-vous point honte, Jean d’Ormesson, de fricoter dans les belles lettres en compagnie de Jean Mistler, d’Henry Bordeaux, d’André Maurois ou de Jean Dutourd, autant d’écrivaillons tellement inexistants que je me demande s’il n’y en a pas déjà la moitié de morts ? Est-il possible qu’il existe une précocité du gâtisme ? Peut-on être gâteux précoce comme on est éjaculateur mondain ? » (Desproges)

Allez, je conclus avec l’immense Johnny qui a ramené Jean d’O à l’état de vedette américaine pour ses funérailles :

« Hey, hey Joe

« En naissant t’a marché dans quoi ! »

Que les dieux te soient doux, Johnny !

Jean Heurtin  

Crédit Photo : Georges Seguin/Wikipedia (cc)
Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.

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5 réponses à “Jean d’Ormesson, Jean d’O, Jeannot, Jojo, « Hey, Jo ! »”

  1. mélennec dit :

    Docteur Louis Mélennec.

    En un mot : une p…
    Une p… pitoyable.
    Personne n’a lu au delà de la troisième page de ses « livres », tant ils sont ch…..
    En naissant, on sait très bien dans quoi il a marché.
    Et je pèse mes mots.
    Il n’était pas convenable de le dire : c’est fait.

    Le toujours bon docteur.

  2. Noël dit :

    Mr Jean Hertin…
    si je corrigeaiS les fautes …..
    comme vous lancez votre caddie…:-)

  3. Fred dit :

     » J’ai l’impression de dire des bêtises ou, plutôt non, des inutilités » dit d’Ormesson dans un de ses premiers livres. De fait toute son oeuvre fut marquée d’un constant égotisme. Le romancier et critique Bernard Frank, parfois bien inspiré, écrivait en 1986 : »Jean d’Ormesson est un de ces heureux et très rares auteurs qui n’ont même plus besoin d’être lus pour se vendre. Nous sommes tous (?) d’accord pour penser que d’Ormesson écrit bien, est d’une érudition prodigieuse et que ces histoires ont du charme. N’en parlons plus ».

  4. LAPARRA dit :

    C’est dommage, on commence à lire n’importe quoi sur Breizh-Info. C’était bien et bon jusqu’à présent !

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