« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », avait coutume de dire un vieux routier de la politique qui fit la gloire du RPR en des temps anciens, un certain Charles Pasqua. Il se pourrait bien que François de Rugy (LREM), député de Nantes – Orvault et président de l’Assemblée nationale, reprît ce principe à son compte.
28 juin 2017 – M. de Rugy affirme qu’il démissionnerait à mi-mandat : « C’est un engagement qui a été pris collectivement et individuellement, je ne vais pas le remette en cause. » Il souligne l’avoir « dit devant le groupe des députés de La République en marche » (« Questions d’info », Le Monde – France info, 28 juin 2017).
08 juillet 2017. Confirmation : « Dans deux ans et demi, je remettrai mon mandat en jeu. Nous avons pris un engagement individuel et collectif, au sein du groupe La République en marche, de remettre notre mandat à disposition du groupe à mi-législature. Nous voulons qu’il y ait un renouvellement. » (Entretien Le Monde, samedi 8 juillet 2017).
09 août 2017 – Changement rapide de programme, le président écolo estime que sa fonction devait s’aligner sur « la durée du quinquennat », soit cinq ans (Europe 1, mercredi 9 août 2017).
11 janvier 2018 – François de Rugy insiste lourdement en présentant ses vœux à la presse : « A plusieurs reprises dans son discours, il a bien pris soin d’indiquer qu’il ne se plierait pas à la demande de Richard Ferrand – que chaque poste soit remis en jeu à mi–législature – et que lui Rugy, resterait président de l’Assemblée nationale jusqu’à la fin de son mandat.« Le message que je veux livrer à mon successeur en 2022 », a-t-il ainsi glissé, après avoir vanté son action réformatrice à la tête de l’Assemblée. « Ceux qui viendront après moi, en 2022 », insistait-il un peu plus tard. Au début de son propos, Rugy n’avait d’ailleurs pas caché son « ambition » : « faire battre le cœur de la démocratie ces quatre prochaines années ». Et faire siffler les oreilles de Ferrand pendant tout ce temps ? » (Le Canard enchaîné, 17 janvier 2018).
« Il y en a un qui s’emmerde dans son poste et l’autre qui a peur de se faire piquer sa place »
Donc pas question de laisser la place à Richard Ferrand, député de Carhaix, et président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, qui rêve de s’installer à l’Hôtel de Lassay. D’où la guerre froide qui s’est installée entre les deux personnages. « Tous les deux se regardant du coin de l’œil. Il y en a un qui s’emmerde dans son poste et l’autre qui a peur de ses faire piquer sa place », décrypte un député proche du président de l’Assemblée nationale (Le Monde, mercredi 20 décembre 2017).
Pourtant l’un et l’autre gagneraient à faire cause commune. Dans le malheur, on s’entraide§ En effet, dans le tableau de bord politique IFOP – Fiducial de janvier, ils sont tous les deux mal placés. Ensemble à la 37ème place – sur cinquante personnalités – avec seulement 24% de bonne opinion. Alors que Nicolas Hulot fait la course en tête avec 64% de bonne opinion. A la 7ème place on trouve Jean-Yves Le Drian (51%), à la 19éme Benoît Hamon (40%), à la 22ème Stéphane Le Foll (35%) et à la 28ème Marine Le Pen (30%) (Paris Match, 18 janvier 2018).
Bernard Morvan
Crédit photo : Jimmy Baicovicius/Flickr (cc)
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