Concrétisation matérielle de l’internationalisation des échanges, le commerce mondial est un excellent baromètre de la situation géopolitique de la planète. Le point à l’orée de 2018.
2017, année délicate
Sur la scène internationale, le climat n’est pas à l’euphorie chez les acteurs du commerce. Loin de là même. Parmi les premiers facteurs pointés du doigt, la montée du protectionnisme et le sentiment anti-mondialisation.
Tandis que l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis a marqué l’année passée, les milieux d’affaires ont fait part de leurs inquiétudes. Les tourments rencontrés par l’Union européenne via le Brexit ou la montée en puissance des partis qualifiés de « populistes » par les observateurs internationaux ont aussi contribué à tendre la situation.
Sans oublier les risques militaires liés au conflit s’amplifiant entre la Corée du Nord et des États d’Occident.
Protectionnisme plébiscité
Alors que le protectionnisme en question a suscité toutes les craintes dans les milieux d’affaires, il est venu répondre à une demande croissante des populations. C’est notamment ce qu’affirme John Sitilides, stratège géopolitique et consultant en diplomatie auprès du département d’État américain :
« Ils [ndlr : les citoyens] sont préoccupés par les déséquilibres de richesse provoqués par la mondialisation, et de plus en plus furieux contre la corruption politique. Ils s’attendent à ce que leurs dirigeants politiques fassent passer les intérêts souverains avant les accords multilatéraux qui peuvent bénéficier aux dirigeants politiques et financiers au détriment de l’ensemble des citoyens ».
Des attentes dont Donald Trump a visiblement pris la mesure. Il avait notamment déclarer son intention de corriger les déséquilibres commerciaux causés par « des pratiques peu scrupuleuses à l’encontre des États-Unis par des pays ou des entreprises qui trichent sur les accords commerciaux ou qui soutiennent des tarifs, des subventions et des barrières commerciales injustes ».
En quelques mots, l’heure serait donc à une réponse ferme des États face aux appétits grandissants des marchés.
Chine et croissance
Ironie de l’histoire, les deux principales puissances économiques mondiales de la planète sont également les deux pays usant le plus du protectionnisme ces temps-ci. Si l’interventionnisme du gouvernement chinois est connu de longue date, les mesures mises en place depuis l’arrivée de Donald Trump ont replacé les intérêts américains au cœur des préoccupations.
La récente crispation des États-Unis sur le sujet de la monnaie chinoise et la volonté du nouveau président de passer outre l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) est l’une des preuves les plus probantes d’un retour au nationalisme économique.
Mais, malgré les craintes des affairistes, la politique de Donald Trump a porté ses fruits. À tel point que l’économie américaine enregistre pour la première fois depuis plus d’une décennie une croissance de 3 %. Avec pour signaux tangibles, l’augmentation des expéditions entre les ports américains ainsi qu’une hausse des importations et des exportations.
Les USA gardent l’ascendant géopolitique
Malgré le fait que la Chine est pressentie pour ravir la première place de l’économie mondiale aux États-Unis d’ici 2032, la réalité de la scène géopolitique apporte des nuances. En effet, en termes de stature diplomatique et d’influence politique, les Chinois ont, à l’heure actuelle, un poids bien moindre que les Américains. Or, ces qualités sont plus que nécessaires dans la négociation des contrats commerciaux internationaux.
D’autant plus que le gouvernement chinois continue de faire preuve d’un protectionnisme poussé parfois à l’extrême. Et ce, dans toute une série de secteurs et de fonctions dont tous les partenaires commerciaux comme politiques sont pleinement conscients.
Pékin insiste notamment sur la libéralisation progressive de son marché intérieur. Sauf que, dans le même temps, le président chinois Xi Jinping maintient fermés les grands secteurs nationaux à l’investissement international.
2018 et ses tensions
L’année 2018 ne devrait pas manquer de rebondissements politiques (voire militaires) sur la scène internationale. L’évolution de la situation entre l’Iran et ses voisins va rythmer les prochains mois dans le monde arabe. Une tension croissante également due au fait que l’administration Trump compte renforcer progressivement ses sanctions envers l’Iran. Et appliquer plus strictement les termes de l’accord nucléaire de 2015.
Quant à la question nord-coréenne, le géopoliticien John Sitilides évoque la stratégie du président américain. Il entend ainsi persuader Pékin et Moscou qu’ils ont un pouvoir critique sur Kim Jong-un et son régime. À défaut, ce serait tout le nord-Pacifique qui pourrait s’embraser. Avec des conséquences économiques désastreuses à la clé.
De plus, les acteurs économiques devront surveiller d’autres points de tensions. Plus particulièrement le terrorisme islamiste radical en Afrique du Nord, en Asie du Sud et dans la mer de Chine méridionale.
Voilà autant de raisons qui devraient mettre la géopolitique au cœur des enjeux commerciaux en 2018.
Crédit photo : Pixabay (CC/TheDigitalArtist)
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