SOS Méditerranée : « Pas là pour juger de la volonté des peuples à accueillir ou non ces personnes » [Interview]

12/01/2018 – 06h00 Rennes (Breizh-info.com) – Nous avons souvent, ces derniers mois, évoqué l’arrivée de migrants en Europe, des arrivées de plus en plus nombreuses. Parmi ceux qui leur permettent de poser le pied sur le sol européen, il se trouve une ONG, SOS Méditerranée, qui a été fondée en juin 2015 sur des bases humanitaires (empêcher les noyades de migrants en mer).

Le président de l’association est Francis Vallat, un des hommes les plus en vue du monde maritime et de certains milieux économiques, qui possèdent de nombreux accès dans les antichambres du pouvoir, ce qui explique sans aucun doute le succès rencontré depuis sa création par cette ONG, qui agit aussi parce que les autorités en Europe semblent incapables de régler la question migratoire venue d’Afrique.

Cette dernière a affrété l’Aquarius, un navire chargé de récupérer les migrants en difficulté -dont nous avions parlé lors de l’action menée par Génération identitaire afin d’empêcher les migrants de quitter les côtes africaines pour traiter le problème de l’immigration en amont.  Ces derniers jugeaient en effet l’action des ONG sillonnant la Méditerranée et ramenant les migrants en Europe, comme étant   « irresponsable et criminelle car elle encourage les immigrés clandestins à prendre des risques considérables en traversant la mer dans des embarcations de fortunes, causant ainsi de nombreuses morts. »

Il nous semblait intéressant d’interroger les responsables de SOS Méditerranée pour mieux comprendre leurs motivations et leur engagement. SOS Méditerranée, association engagée politiquement (comme pourrait laisser à penser la participation à la fête de l’Huma en 2017) ou simple ONG humanitaire, à chacun de se faire un avis dans cet entretien avec Julie Bégin, responsable de la communication de l’ONG.

Breizh-info.com : Pouvez vous présenter SOS Méditerranée et dresser votre bilan 2017 ?

SOS Méditerranée : Ces quatre dernières années, au moins 15 000 personnes sont mortes en essayant de traverser la Méditerranée. 88% d’entre elles tentaient de fuir la Libye pour rejoindre l’Italie, faisant de la Méditerranée centrale la route migratoire la plus mortelle au monde. C’est sur la base d’un mouvement de citoyens européens décidés à agir face à cette tragédie des naufrages à répétition que SOS Méditerranée a été créée.

Convaincue qu’il n’est pas acceptable de laisser des milliers de personnes se noyer sous nos yeux, aux portes de l’Europe, l’association poursuit son combat pour sauver des vies en mer et sensibiliser l’opinion publique sur cette tragédie.
Grâce à une mobilisation exceptionnelle de la société civile européenne, nous avons affrété un navire de 77 mètres, l’Aquarius, qui sillonne sans relâche depuis février 2016 les eaux internationales au large des côtes libyennes.  Des associations ont été créées en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse pour soutenir ce formidable élan de solidarité qui ne fait que s’amplifier.

En liaison permanente avec les autorités italiennes du Centre de coordination de sauvetage en mer de Rome (MRCC), les équipes de recherche et de sauvetage de SOS Méditerranée et de Médecins Sans Frontières, notre partenaire médical, ont ainsi pu secourir, recueillir et soigner plus de 26 000 personnes en 22 mois d’opérations.  Parmi elles, le tiers des rescapés étaient mineurs, dont plus de 80 % non accompagnés.

Breizh-info.com : Sachant que les conditions d’intégration et d’accueil ne semblent pas être réunies en Europe (avec en plus l’hostilité d’une partie de la population) pourquoi continuez vous , au delà de sauver des vies, à amener les victimes de naufrage en Europe ?

SOS Méditerranée : La réglementation maritime internationale prévoit que toute personne rescapée d’un naufrage en mer doit être ramenée vers un « port sûr », un port où les conditions de sécurité et d’intégrité physique peuvent lui être garanties, en fonction des instructions du Centre de coordination de sauvetage en mer (MRCC) compétent. Pour la zone qui nous concerne, ce centre est basé à Rome, et nous suivons ses instructions en toute circonstance.

Breizh-info.com : Etes vous uniquement une ONG de sauvetage ou y a t’il des vues plus larges d’accueil à long terme des migrants en Europe ?

SOS Méditerranée :  Nous sommes spécialisés dans le sauvetage en mer, c’est notre vocation, et notre mission s’arrête au débarquement des naufragés à terre. Une fois les survivants ramenés à terre (en Italie), ils sont remis aux autorités de l’immigration et suivent les procédures nationales.

Breizh-info.com : Comprenez vous que des pays ne soient pas disposés à accueillir ces populations ?

SOS Méditerranée : Nos équipes de marins-sauveteurs en mer et à terre ne sont pas là pour juger de la volonté des peuples à accueillir ou non ces personnes.  Ils sont là pour porter secours à toute personne, sans distinction d’origine, de religion ou d’affiliation politique, dont la vie est menacée en mer, conformément à l’obligation légale d’assistance à personne en danger.

Breizh-info.com : La situation en Libye semble empirer de jour en jour. Qui sont les responsables ? La chute de Kadhafi n’a t’elle pas précipité ce processus aujourd’hui ?

SOS Méditerranée : Nous avons fait état, depuis le début de ses opérations en février 2016, des exactions commises en Libye, dont les survivants des naufrages témoignent : séquestration, viols, esclavage, coups et blessures, meurtres…

La situation n a été portée à la connaissance d’un plus large public que récemment, lorsque CNN a diffusé une vidéo qui a fait le tour du monde il y a quelques semaines.

En tant que sauveteurs en mers, nous ne sommes pas légitimes pour analyser les causes et enjeux de la situation géopolitique au Moyen Orient, qui comme vous le savez, est très complexe et multifactorielle. Nous laissons cela aux experts ! Ce que nous constatons, d’après les récits qui nous parviennent par la voix des personnes que nous secourons, c’est que la situation actuelle en Libye reste extrêmement chaotique, avec un semblant d’Etat et la présence de nombreuses milices et trafiquants qui organisent la traite d’êtres humains à grande échelle, poussant à la mer ces milliers de personnes sur des embarcations de fortune.

Breizh-info.com : quel message souhaitez vous adresser aux pouvoirs publics ?

SOS Méditerranée : Une solution doit être trouvée au niveau européen pour mettre en place un dispositif de sauvetage, afin d’éviter la mort de milliers de personnes en Méditerranée.

Breizh-info.com : Que répondez vous à ceux qui vous accusent de collusion avec les passeurs et d’arrangements financiers, comme ont semblé le démontrer les autorités italiennes pour d’autres ONG ?

SOS Méditerranée : Nous travaillons en totale coordination avec les autorités italiennes depuis le début de ses opérations, et nous soumettons à tous les contrôles des autorités nationales compétentes. Notre organisation opère de manière totalement transparente, plus de 130 journalistes de toutes nationalités ont participé aux opérations en mer. 98% de nos fonds proviennent de dons issus de la générosité du public (voir ici le rapport d’activité 2016).

Nous n’entretenons aucun lien avec les passeurs, ni avec aucun interlocuteur libyen d’ailleurs. Nous ne cessons de dénoncer la traite humaine et l’exploitation de ces personnes jetées à la mer par les passeurs.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Crédit photo : CNE CNA C6F
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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9 réponses à “SOS Méditerranée : « Pas là pour juger de la volonté des peuples à accueillir ou non ces personnes » [Interview]”

  1. Danielle Dufaud dit :

    Si dès le départ, nous avions fait comprendre aux « migrants », que nous ne voulions, ni ne pouvions les accueillir, au lieu de la mascarade actuelle, juste organisée pour culpabiliser l’opinion publique européenne, il y aurait eu beaucoup moins de morts, parce que moins de tentatives !
    Ces organisations sont responsables d’une bonne partie de ses morts en mer, ainsi que de la misère à venir en Europe.
    Ce qu’il faut entreprendre en Afrique, c’est une campagne pour limiter les naissances ! Quand on a trois ou quatre gosses, que l’on ne peut élever et nourrir, on en fait pas un cinquième !
    Un exemple : les Maliens viennent en France travailler pour faire vivre « le village ». Au village, on attends l’argent venant d’Europe sans chercher à faire en sorte d’en gagner sur place, c’est une folie qui empêche tout progrès « au village », et qui va amener la ruine en Europe !
    L’avenir des africains n’est pas en Europe, mais en Afrique.

    • René Varenge dit :

      Croissance démographique incontrôlée, c’est bien la principale cause de tous les problèmes actuels sur la planète et surtout des catastrophes futures.

  2. Pschitt dit :

    On reproche à Ponce Pilate de s’être lavé les mains des conséquences de ses actes. Cette association fait exactement pareil. Elle se rend certainement compte que ses actes ne font qu’aggraver la situation, mais, mue par sa bonne conscience (et peut-être par le sentiment de gratification qu’on doit ressentir à être considéré comme le Messie par les gens qu’on a sauvés), elle continue quand même. Une action réellement humanitaire consisterait à dissuader les migrants de partir, mais négocier avec les Lybiens doit être autrement plus difficile et moins gratifiant, même si cela permet finalement de sauver plus de monde.
    SOS Méditerranée et ses pareils exploitent abusivement les obscurités de la convention de Hambourg, qui n’avait pas imaginé de telles situations. Il est urgent de revoir cette convention, notamment pour instaurer une responsabilité personnelle des passagers en cas de prise de risque excessive et délibérée.

  3. Jean-louis Garnier dit :

    De Voltaire (actionnaire dans le trafic négrier) aux chefs mafieux italiens bons cathos, les trafiquants d’homme ont toujours la même hypocrisie

  4. christine dit :

    Attendez de voir débarquer tous les migrants qui sont en attente à Vintimille ,soit 250 000.
    L’Italie ,ne va pas les garder indéfiniment !

  5. Frank Berurier dit :

    «  »Nous sommes spécialisés dans le sauvetage en mer, c’est notre vocation, et notre mission s’arrête au débarquement des naufragés à terre. » : mission louable, mais pourquoi ne pas les reconduire d’où ils viennent, la quasi totalité étant originaires de pays sans conflits/guerre ?? le discours de ces ong est vraiment trouble et hypocrite ! Et ils osent nous affirmer que c’est pour le bien de ces populations !!!!

  6. Da dit :

    « Nous ne cessons de dénoncer la traite humaine et l’exploitation de ces personnes jetées à la mer par les passeurs »

    Tout être, s’il est humain, devrait agir ainsi.
    J’admire et remercie ceux qui portent secours aux malheureux. C’est ce que fait un jeune qui manifestait lundi soir à la Préfecture de Nantes et aux voeux de la Mairesse.
    Mais ensuite il faut aller plus loin et régler le problème à la base.
    Nous avons exploité l’Afrique. Dans l’intérêt des migrants et des Européens, nos élus ( mais une fois élus et payés par l’Etat ils deviennent trop souvent politiquement corrects) doivent interpeller le gouvernement afin d’aider les migrants chez eux. Empêcher la promotion de l’Europe en Afrique. Les grands médias se taisent sur cette option. Tenus par les subventions qu’on leur donne.
    Ce sont les entrepreneurs qui ont poussé madame Merkel à ouvrir les portes aux migrants.
    En France c’est la même chose : moins d’enfants, moins de travailleurs, moins de recettes à tous niveaux : il faut de nouveaux arrivants qui en plus seront mal payés. Qui a peint le pont de la Tortière enfermés sous des bâches plastiques?
    Nous avons suffisamment de malheurs en France pour aussi être spectateurs de ce que criaient les jeunes l’autre soir  »
    la Méditerranée est un cimetière ». Eviter de voir des migrants
    déracinés, sans famille.

    Et nous déstabilisés de voir nos repères se désintégrer.

  7. René Varenge dit :

    Rien n’interdit à cette association de sauver les gens mais rien ne l’oblige à les amener en Europe, elle pourrait aussi bien les renvoyer sur les cotes africaines

  8. Per-Niflard dit :

    Que tous ces professionnels de la compassion aillent exercer leurs talents en Afrique : aider ces gens là à développer leurs économies , organiser leurs sociétés ….
    Que les professionnels de la santé y participant leur apprennent les bienfaits du contrôle des naissances et de la stérilisation .
    A ces seules conditions j’applaudirai , je pourrai même participer au financement de ces campagnes . Ce qui est fait en ce moment ne sert à rien ( sauf à se donner égoïstement bonne conscience ) le vivier africain des  » candidats-à-l’Europe  » est inépuisable et se renouvelle en permanence ; autant vouloir vider la mer avec une cuillère !
    Stabiliser ces pays , leur donner la fierté d’être africains et le désir d’aller de l’avant ; les aider à fuir leurs pays : c’est dégueulasse , c’est faire le jeu des mondialistes , ces nouveaux négriers amateurs de main d’œuvre à bas coût .

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