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Rugby. A quand un mort dans le Top 14 ?

Les secouristes se précipitent sur la pelouse, sortent les draps blancs de protection pour éviter aux voyeurs de diffuser les images de la réanimation et de la souffrance du joueur. Après de longues minutes sur le terrain, il sera évacué sur civière et transporté en urgence dans un hôpital parisien.

Pour le moment, sa santé semble s’améliorer : « Samuel Ezeala a repris connaissance et bouge normalement. Il récupère de son KO et sera transporté rapidement dans un hôpital parisien pour tous les examens d’usage.» expliquait après la rencontre le staff de Clermont. Pour le moment, car comme lors d’un combat de boxe, ou d’une bagarre qui tourne mal, un tel coup peut avoir des repercussions dramatiques et des conséquences dans les jours, dans les semaines qui viennent.

On a frôlé le premier mort en direct dans le top 14 dimanche soir. Cela pose la question de la violence, de plus en plus présente dans ce sport, et notamment dans un top 14 où tout le jeu semble baser sur l’affrontement, et l’impact, plutôt que sur l’intelligence de jeu, la vitesse.

Il y a encore vingt ans, n’importe qui pouvait prétendre, moyennant entrainement et efforts, à devenir un bon joueur de rugby. Aujourd’hui, les standards physiques, nutritifs, pharmaceutiques barrent la route à bon nombre de jeunes, qui se voient remplacés par des monstres physiques (morphologie naturellement impressionnante mais travaillée) venus de l’hémisphère sud, ou doublés par des locaux qui veulent les imiter et s’acharnent sur la musculation et les produits.

Jusqu’à présent, outre trois décès sur le terrain pour cause de crises cardiaques (2) et de foudre (1), un seul décès est imputable, en France, à la violence d’un choc. « Le dimanche 24 octobre 1937, au cours de la réception d’Oyonnax par son club de Bourg-en-Bresse, Marcel Verchère remplace son coéquipier Roger Mazuir au poste d’ailier. Il est victime d’un plaquage pendant qu’il effectue un saut pour réceptionner un ballon haut. Sa ceinture abdominale étant alors complètement relâchée, le choc lui cause un éclatement de la rate et du foie. Évacué en civière, il meurt néanmoins dans les jours suivants » peut-t-on lire sur Wikipedia.

En Australie en 2015, un joueur est mort des suites d’un plaquage. Idem en 2017 en Argentine. Plusieurs fois déjà, le rugby a tué. Et combien de joueurs, cabossés, victimes de commotions à répétition, vont-ils être amenés à subir les mêmes conséquences que celles qui emportent des joueurs de football américain (pourtant protégés) ces dernières années ?  Combien de blessés graves, de K.O répétés à la Sexton ? Rappelons que Raphael Ibanez, Jean-Pierre Rives, et d’autres anciennes stars du Top 14 ont dû arrêter de jouer au rugby à cause de commotions à répétition.

Lors de la Coupe du Monde 2015, en quelques jours, dix-neuf rugbymen avaient déjà dû quitter la compétition, victimes de graves blessure. Le staff de Clermont, avec 16 joueurs clés blessés actuellement, est obligé d’aligner des espoirs pour aller prendre une volée face au Racing. Il semble y avoir urgence.

En effet, comment des parents – bien que tout plaquage soit interdit chez les plus jeunes – peuvent-ils envoyer leurs enfants au casse-pipe en les inscrivant en club de rugby ? Car il y a une différence entre le combat, une violence calculée et mesurée, et des actes de jeu qui peuvent vous envoyer à la morgue ou sur un lit d’hôpital. C’est le juste milieu à trouver, et le problème est à résoudre rapidement par les instances du rugby, français notamment.

Faut-il interdire le dépassement d’un certain poids ? Faire des catégories de poids ? Contrôler la prise de produits pour augmenter la masse musculaire ? Revoir les règles concernant les rucks et les plaquages ? (Rappelons que dans le football gaélique, cousin du rugby, tout plaquage est interdit) Prononcer des exclusions plus lourdes (une saison entière) pour les joueurs qui vont trop loin ?

Le rugby n’est pas, contrairement au MMA par exemple, discipline contraire à toutes les valeurs du sport et qui draine une économie impressionnante, une discipline où l’on jette des gladiateurs dans une arène, sans aucune règle, pour que la foule se régale de sang.

Il y’a en tout cas urgence à trouver des solutions en la demeure pour le rugby. Avant que le Top 14 ne connaisse son premier mort sur la pelouse.

Yann Vallerie

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Rugby. A quand un mort dans le Top 14 ?”

  1. John Deufalacoc dit :

    C’est un KO ni plus ni moins, il y en a des plus impressionnants en boxe. Ce n’est pas bon pour le cerveau c’est sûr et certain mais c’est le genre de chose que l’on doit prendre en compte en faisant un sport de combat au contact (et le rugby en est un, sport de combat collectif au contact). J’ai été boxeur et lutteur, même en lutte j’ai vu des personnes bien groggy après une projection un peu âpre. Encore cette néo maladie bien bobo que de vouloir voir une polémique partout.

    Concernant le stéréotype suranné du MMA qui serait contraire aux valeurs sportives il suffit de consulter le règlement d’une des grosses organisations (UFC, Bellator) pour s’apercevoir que l’on est très loin d’une discipline de combat « sans aucune règle ».

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