Le langage est l’un des meilleurs reflets de l’époque. Chaque année nous apporte de nouveaux termes tandis qu’elle en martèle d’autres. Retour sur le champ lexical de l’année écoulée. Le nuage de mots au-dessus de nos têtes en 2017 fut particulièrement chargé. Décryptage.
Bitcoin et intelligence artificielle
Le numérique a bien entendu occupé une place prépondérante dans les discussions, articles de presse et contenus médiatiques en tout genre l’année dernière. Le « Bitcoin » est ainsi devenu familier du grand public. Nous n’avons pas manqué l’occasion de vous présenter cette monnaie numérique qui remet bien des certitudes en question. Mais, 2017 oblige, nous parlions davantage de « crypto-monnaie ».
Impossible également de ne pas avoir entendu parler de cette « intelligence artificielle », un concept encore abstrait pour bien des néophytes mais qu’il est nécessaire d’appréhender pour comprendre le monde de demain.
Voilà qui un des éléments qui conduit vers la « révolution numérique », idée maîtresse de 2017. Quant à l’imprimante 3D, elle poursuit son chemin mais serait presque désormais dans l’ombre de « l’IA ». « So 2016 » en quelque sorte.
Et qui dit « numérique », dit « digital ». La « digitalisation » de l’économie, même si elle ne prend pas sa source en 2017, s’est largement accélérée.
Politique : Fillon, Macron, Marine
Sur le plan politique, le champ lexical de l’année doit être décomposé en deux parties. Ou plutôt en deux semestres. Alors que les premiers mois furent très largement occupés par « Marine », « Philippot », « Fillon » et « Penelope », toutes ces occurrences n’ont pas résisté à l’oubli de l’été. Ni même les « fillonistes ».
Par ailleurs, comment parler de Pénélope sans son « Penelope Gate » ? L’épouse du vainqueur des « primaires » de « la Droite et du centre », a connu un moment médiatique court. Mais intense.
Le « vote utile » et le désormais célèbre « débat » auront remisé le Front national au placard. Des victimes parmi d’autres du « dégagisme » actuel.
L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir est le lancement de la seconde partie. « Macron », l’une des recherches les plus fréquentes de l’année sur le moteur de recherche Google. « En Marche » et « Jupiter » figurent également en bonne position.
Bien que davantage confinés à la sphère politique, « Castaner », « Obono », les « Insoumis », « l’hologramme » de « Mélenchon » et « Alexis Corbière » ont occupés les discussions. « Richard Ferrand » et tout ce qui s’est rapporté à des affaires portant sur des « emplois fictifs » n’ont, eux non plus, pas survécu à l’automne. « Tribunal médiatique « et « oligarchie » n’ont par ailleurs échappé à personne en cette année.
En synthèse, « Un intellectuel qui marche… », la citation de Michel Audiard inversée et rapportée par quelques esprits sarcastiques, pourrait bien être la conclusion de cette partie politique française de 2017.
Au niveau international, si « Poutine » et « Bachar el-Assad » ont retrouvé une relative quiétude, « Donald Trump » est resté un nom fortement prononcé ces derniers mois.
Start-ups et CEO
Les anglicismes trouvant progressivement leurs marques dans le vocabulaire des francophones, la fin d’année a largement été marquée par le « blackfriday ». Une journée rappelant que la consommation et l’économie ont tenu un rôle prépondérant en 2017.
Comment oublier les manifestations contre la « loi travail » et contre une « ubérisation » de la société ? Le « détricotage » du « code du travail » a agité les forces « progressistes ». Les promesses de gouverner par « ordonnances » du candidat Macron n’étaient pas pour rassurer le monde syndical.
Mais l’avènement du patron de « La République en Marche » n’est pas anodin : une nouvelle génération, à l’instar du nouveau président, croit en l’entreprise et en cette réussite sociale tant convoitée. « Faire du cash » ou devenir « CEO » (synonyme anglais de PDG) sont désormais des priorités pour les « millennials » et leurs grands frères « startupers » surfant sur la « tech » et même sur la « food tech ».
Sociétal : sans gluten et sans contact
La nourriture et l’environnement ont également eu leurs porte-drapeaux. Déjà en pointe en 2016, le « sans gluten » a toujours une place de choix dans les palabres. Que ce soit dans « l’enfer de l’open space » entre « co-workers » comme dans les rayons des « Biocoop » où se croisent les « vegans ».
Et dorénavant, les amateurs de « mieux manger » payent leurs achats provenant de « petits producteurs », des « circuits courts » et de l’agriculture « responsable » sans insérer leur carte bancaire dans un terminal ou un « TPE » : voici l’ère du paiement « sans contact ».
En 2017, la nourriture est partout, et particulièrement sur « Instagram ». Tandis que les « filtres Snapchat » sont sortis par la petite porte de 2016, les « instagrammers », en bons « influenceurs », ont popularisé un terme : « instafood ». Et le « food porn » alors ? Ça c’est 2014 !
Les « Facebook Live » sont également devenus très prisés. Quant à Twitter, le hashtag qui ressort de 2017 ne fait aucun doute : « Balance ton porc ». « Weinstein » n’est pas loin derrière.
Féministes et racisé-e-s
En 2017, le combat féministe est passé à la vitesse supérieure. Au point d’envahir le champ lexical. Il fut ainsi souvent question d’« écriture inclusive ». Le « genrisme », les « cisgenres » et les « phobies » les concernant ont aussi eu leur heure de gloire. Il en va de même pour la « non-mixité raciale », les personnes « racisées » et celles victime du « racisme d’État ».
Parmi les figures du féminisme, « Simone Veil », décédée en cours d’année, a grandement fait parler d’elle.
En vrac : Netflix, Johnny, et Rohingyas
La disparition de « Johnny Hallyday » a également affolé les compteurs de mots. Remettant pour un temps le « rocker » sur le devant de la scène. De quoi presque éclipser la disparition de « Jean d’Ormesson ».
« PNL », « Sofiane », « Lacrim » et « Damso » rappelle que, hormis « l’idole des jeunes », personne ne détrône le rap dans la France de 2017.
Au cinéma, c’est la comédie musicale « La La Land » qui a le plus souvent été évoquée. La plateforme de visionnage « Netflix » propose évidemment le film.
Enfin, la nouvelle cause à défendre est celle des « Rohingyas » de Birmanie. C’est du moins ce qu’il faut en déduire compte tenu de la contagion du hashtag « Love Army » sur Twitter.
Une prise de position qui demande toutefois à être nuancée, compte tenu des liens avérés entre ces Rohingyas et l’État islamique. Mais « Daesh » est un mot un peu trop 2016 pour que l’opinion publique prenne la distance nécessaire.
Crédit photo : Pixabay.com (CCO/narciso1)
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