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Noël, le 25 décembre ? Ce n’est pas gagné !

Noël le 25 décembre, ce n’est pas gagné. Ce n’est pas gagné car ne n’est pas simple. Ni les évangiles canoniques ni les apocryphes donnent une date exacte (calendrier julien) pour la naissance de Jésus le nazôréen. Le mot « Noël » n’apparaît qu’au XIIème siècle. Il dérive du latin « dies natalis », soit le « jour de naissance ».

354 : la date de la naissance du Christ est fixée au 25 décembre.  425 : l’empereur Théodore officialise ce choix. Il obéit à un choix politique : mettre en concordance les grandes spiritualités de l’empire romain. La date correspond à cette période de quelques jours qui gravite autour du solstice d’hiver, le jour le plus court. Les Romains, polythéistes, célèbrent les Saturnales, fête du renouveau, entre le 17 et le 24 décembre le jour de célébration du soleil invincible, sol invictus. Venu de Perse, le dieu Mithra auquel on sacrifie le taureau est le plus populaire dans l’armée, on le fête au solstice d’hiver. Restent les Juifs qui célèbrent la dédicace (hanoukka) à la même date !

Bref, « selon une pratique bien établie, on christianisa un calendrier préexistant en substituant une liturgie chrétienne à une festivité tout à la fois païenne. »

Ce commentaire est de Marie-Françoise Baslez qui vient de publier « Jésus. Dictionnaire historique des évangiles ». Professeur émérite, elle tenait la chaire d’Histoire des religions de l’Antiquité à la Sorbonne. On lui doit un « Saint Paul » très supérieur à celui de Decaux qui parlait de l’  « Avorton de Dieu » en toute ignorance. A lire aussi, de Madame Baslez ses Persécutions dans l’Antiquité  (Fayard, 2007). Où l’on apprend que les « païens » payèrent un tribut aussi lourd que les chrétiens.

Ce Dictionnaire est remarquable de clarté et de concision. Il doit devenir indispensable à toute personne qui prétend se référer aux sources du christianisme. Il y a urgence. Le clergé français, bas et haut, vivote culturellement parlant. Les néophytes, les convertis sont eux aussi les victimes d’une production éditoriale aussi abondante que médiocre comme j’ai pu le constater lors d’un récent salon du livre.

Vous voulez retrouver la religion de nos pères ? Eh bien, lisez et relisez Augustin, François d’Assise, les deux Thérèse, L’Imitation de Jésus-Christ (mise en vers par Pierre Corneille), François de Sales, Chateaubriand (Les Martyrs, Rancé) jusqu’à Péguy.

Épargnez-vous l’illumination au pied d’un pilier à Saint-Sulpice, cela donne du moisi-faisandé-académique (Claudel, Gallo), allez plutôt à Vézelay, entrez dans la basilique quand le soleil frappe juste dans l’axe du chœur et de la nef…

Sol invictus et joyeux Noël !

Jean Heurtin

* Marie-Françoise Baslez, Jésus. Dictionnaire historique des évangiles. Omnibus, 2017.

Les points de vue exposés dans cette rubrique n’engagent que leur auteur et nullement la rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place. 

Illustration : disque dédié à Sol Invictus portant la couronne radiée, argent, œuvre romaine, IIIe siècle. Provenance : Pessinus (Bala-Hissar, Asie mineure) (Wikipedia)
Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.

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4 réponses à “Noël, le 25 décembre ? Ce n’est pas gagné !”

  1. François Cravic dit :

    « Retrouver la religion de nos pères » Le fut-elle vraiment ? Il faut lire aussi Alphonse de Châteaubriant, l’autre, avec un T celui-là, un grand chrétien lui ausi. En 1951, l’année de sa mort, paraissait chez Grasset sa « Lettre à la chrétienté mourante ». Un livre prophétique reprenant des notes des années 1930. Châteaubriant n’ a pas eu besoin de connaître Vatican II pour savoir ce qui allait se passer. Il sait déjà. « le chrétien d’aujourd’hui condamne presque à la désespérance le coeur de celui qui voudrait attendre tout de lui. Le chrétien d’aujourd’hui ne sait plus qu’il est ‘le sel de la terre’. Il ne sait plus rien ni de lui ni du sel. Il ne s’attend plus à rien.(…) Le chrétien d’aujourd’hui peut se comparer, s’il sait lire en lui-même, à l’un de ces cadavres trouvés dans les hypogées, que le premier choc avec ‘la lumière’ fait s’effondrer en un infime tas de cendres ».

    • SYMOB dit :

      Cela fait plusieurs fois que j ‘entend parler d Alphonse de Chateaubriant sur ce site ; Bien sure , je connais ses deux principaux ouvrages , dont la Brière , mais je ne connaissait pas ce  » testament  » de 1951 ;
      Je m’intéresse à son cousin ,le peintre luministe Ferdinand du Puigaudeau dont j ‘avais rencontré la fille au Maroc .
      Le père d ‘Alphonse , oncle de du Puigaudeau , fut le protecteur et l ‘initiateur de l ‘artiste au début des Années 1880 ;
      Une version de la Brière , illustré par du Puigaudeau a existé en projet mais je ne l ‘ai pas trouvé .

  2. Philippe dit :

    En 1995, le savant israélien Shemaryahu Talmon a publié une étude sur le calendrier liturgique découvert dans la grotte 4 de Qumrân (4 Q32l). Il y trouva incontestablement les dates du service au Temple, que les prêtres assuraient, à tour de rôle, encore au temps de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. Selon ce document, copié sur parchemin entre les années 50 et 25 av. J.- C., donc contemporain d’Élisabeth et de Zacharie, la famille des Abiyya à laquelle ils appartenaient (Luc 1,5 ; cf. 1 Ch 24,l0) voyait son tour revenir deux fois l’an, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier essénien, et du 24 au 30 du huitième mois.1

    Cette seconde période tombe vers la fin de notre mois de septembre, confirmant le bien-fondé d’une tradition byzantine immémoriale qui fête la « Conception de Jean » le 23 septembre.

    Or, écrit saint Luc, c’est « le sixième mois » de la conception de Jean que « l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie. » (Lc 1,26-27).

    À compter du 23 septembre, « le sixième mois » tombe très exactement le 25 mars, en la fête de l’Annonciation. Dès lors, Jésus est bien né le 25 décembre, neuf mois plus tard. Noël n’est pas « la
    consécration religieuse et cultuelle d’un événement cosmique, le solstice d’hiver qui marque la régression
    de la nuit »2 . Non! Le 25 décembre est l’anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement…

    Il n’en reste pas moins vrai que « le 25 décembre était dans le monde païen la fête du Natalis Solis invicti, la fête du soleil renaissant, toujours vainqueur des ténèbres »2. Mais loin d’être une invention de l’Église romaine, la rencontre est l’oeuvre de Dieu qui créa le soleil et la lune, « pour séparer le jour et la nuit et servir de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années » (Gn l,l4). C’est Lui qui a voulu, quand les temps furent accomplis, cette coïncidence du Natalis Solis invicti et du Christus natus in Bethleem, pour nous enseigner que le Christ est « le soleil de justice » (Ml 3,20), « l’Astre d’en haut » (Lc 1,78), « la
    lumière du monde » (Jn 8, 12) que les ténèbres n’ont pu « étouffer » (Jn 1,5), et « qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). Saint Matthieu et saint Luc font bien entendre que la naissance eut lieu pendant la nuit; les mages ont vu son étoile (Mt 2,2), et les bergers ont été avertis par « l’Ange du Seigneur » alors qu’ils « gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit » (Lc 2,8). Cela aussi avait été suggéré, moins de cinquante ans auparavant : « Tandis qu’un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, ta Parole toute puissante s’élança du trône royal. » (Sg 1 8, 14-15, sens accommodatice)

    Bible, archéologie, histoire; Sous le signe de la Résurrection, par l’Abbé Georges de Nantes et le Frère Bruno Bonnet-Eymard, 2001, ©La Contre-Réforme Catholique, Maison Saint-Joseph, 10260 Saint-Parres-lès-Vaudes,

    France, page 163

    1 Shemaryahu Tatmon and Israel Knohl, A calendrical scroll from a Qumran cave : Mismorot Ba, 4Q 321,
    dans Pomegranates and Golden Balls, Eisenbrauns 1995, p.292.

    2 Catholicisme, IX (1982), 1310.

  3. SYMOB dit :

    Oui , Ce n ‘est pas si simple cette date du 25 Décembre :
    des précisions dans un article de Media Presse.info :
    «  »…..Tout d’abord si la date de la naissance du Christ a été « changée », cela n’est pas lié au solstice d’hiver, mais bien à ce qu’on n’avait simplement aucun repère pour sa date de sa naissance.
    Les questions de datations sont l’un des problèmes majeurs de l’histoire de l’Antiquité.
    Ici, toute référence à un calendrier hébraïque du temps serait en effet plus que sujette à caution !
    Le calendrier juif primitif – fondamentalement lunaire – ne respecte pas la durée des révolutions astronomiques de l’orbite terrestre…
    D’où des fluctuations et des interrogations quant à la succession des années…
    La “ captivité” de Babylone amena déjà un grand progrès de ce point de vue : la création d’un découpage en mois dont les intitulés hébraïques sont indubitablement d’origine… assyro/akkadienne!
    Le calendrier juif actuel est semi-lunaire, à douze ou treize mois (avec l’intercalaire adar I) – permettant de faire correspondre plus ou moins la date de Pessah avec la tradition juive: le début de la moisson de l’orge.
    C’est la période pivot du calendrier hébraïque peut ainsi, s’il y a 13 mois, dans les années dites embolismiques, compter jusqu’à…385 jours. Voyez comme c’est simple !
    Pour fixer la date des jours de fêtes religieuses, on effectue un calcul qui n’est pas sans rappeler celui pratiqué dans notre comput ecclésiastique pour les fêtes mobiles.

    Si la tradition en laisse la paternité à Hillel II, nassi* du Sanhédrin entre 350 et 365, nous n’en avons aucune trace avant une mention, au XII eme siècle, d’une citation d’ailleurs contestée d’un texte du rav Haï Gaon (texte repris d’un original rédigé semble-t-il au début du XIeme siècle) !
    ……C’est d’autant plus ridicule que les repères des Evangiles, depuis l’Annonciation (située fin mars), sont en concordance parfaite avec une naissance du Christ en l’actuel mois de décembre.
    Ajoutons que c’est l’évangéliste Luc qui décrit la nativité de Bethléem où il souligne que Joseph s’y trouvait pour se faire recenser…
    …..En revanche ce qui est vrai, c’est que la date du début de l’année a fluctué quelque peu dans l’Occident Chrétien gréco-romain, et par contrecoup celle de la Nativité a fluctué: c’est le pape Libère qui décida, en 354, que Noël serait fêté le 25 décembre et qui en codifia les premières célébrations.
    Lire la suite , article complet :
    http://www.medias-presse.info/noel-selon-les-talmudistes-du-delire-au-denigrement/84379/

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