Nantes : ça sent le sapin breton place Viarme

19/12/2017 – 18h00 Nantes (Breizh-info.com) –Noël est dans moins d’une semaine et nous entamons une série sur les bonnes adresses pour faire les dernières courses ou avoir des idées de cadeaux. Aujourd’hui, le sapin.

Comme chaque année depuis 1980, les nantais trouveront des sapins place Viarme. Roger Tavarson et son frère Bernard en vendent, d’abord place Talensac, puis sur la place Viarme près du café l’Aubette depuis 1999. Les sapins, du Nordmann, Nobilis et de l’épicéa, sont cultivés au milieu de 200.000 autres sur 7 hectares dans les communes de Saint-Gravé, Peillac, Saint-Jacut-les-Pins dans l’est du Morbihan, entre Rochefort-en-Terre et Redon.

Vendus de 25 à 80 €, ils font de 1 à 5 mètres et sont approvisionnés tous les trois jours, de manière à ce que les acheteurs – souvent beaucoup d’habitués – trouvent toujours des sapins frais. Près de 2500 sapins ont ainsi été vendus en 2015, souvent hauts d’un mètre 50 à deux mètres. On peut en acheter jusqu’au 23 décembre près du café de l’Aubette – et face à la MatMut les samedis matins, à cause de la brocante.

Ces sapins là sont produits et récoltés par des bretons. Il existe d’autres exploitations familiales dans le Morbihan. La récolte est très physique. « En gros, il faut une dizaine de personnes », nous explique un salarié agricole du centre de la Loire-Atlantique qui fait la récolte tous les ans. « Devant, il y a quelqu’un qui coupe, puis un autre qui relève les branches des sapins, ensuite il les passe à un troisième qui utilise une sorte de taille-crayon géant pour tailler le bas des pieds – ceux-ci seront ensuite mis dans des socles faits avec des demi-bûches. C’est le poste le plus physique. Derrière, il y a deux ou trois personnes qui mettent le sapin dans la goulotte qui sert à emballer le sapin avec un filet, puis qui mettent les sapins en tas. Derrière, enfin, une dernière équipe de deux ou trois personnes ramasse les sapins et les ramène à l’exploitation ».

Le travail est considéré comme « très physique, d’autant qu’il faut aller vite », mais « bien payé ; je me fais 450, 500 euros la semaine ». Les travailleurs commencent à « sept heures du matin, il y a une pause de 20 minutes vers dix heures, une autre d’une heure vers midi, et on finit à six, sept heures du soir ». Dans son exploitation, tous les récolteurs sont français – et même bretons.

A Scaër, multinationales du sapin et mondialisation dans les sapinières

Là-bas, à Scaër, les danois de Jorgen Gejlager et de Green Team se sont implantés en 1997, sur le site de la ferme de Cosquer. « Ils avaient besoin d’un endroit où ça ne gèle pas et ont pu récupérer les bâtiments et les terres de plusieurs petites exploitations familiales où les enfants ne voulaient pas reprendre », explique un autre exploitant ; au fil des années, Geiljager a ainsi racheté une dizaine d’exploitations et accumulé 400 hectares. Greencap, entreprise belge à l’origine, a pris le relais en 2005. Les sapins ne poussent pas seulement sur Scaër, mais aussi sur Saint-Goazec, Châteauneuf-du-Faou et Pleyben. D’autres producteurs danois – leaders du marché en UE – ont investi en 2005 à Plouray.

Il s’agit d’une toute autre échelle : 700 hectares de sapins (dont 80% de Normann), 11 permanents pour entretenir les arbres à l’année, 80 saisonniers pour la récolte, 4 millions d’euros de chiffres d’affaires. Les sapins sont vendus à de nombreuses jardineries et pépinières dans toute la France. Chaque année, ce sont plus de 200.000 sapins qui sont coupés par cette société, premier producteur de France, à raison de 15.000 par jour. D’autres forêts en Belgique et en Ecosse appartiennent à la même société.

Chez GreenCap, la mondialisation est à l’oeuvre. Les plants mis en terre ont quatre ans et sont issus de graines prélevées dans des forêts du Caucase, notamment en Géorgie. Les saisonniers viennent pour partie de Bretagne – notamment une dizaine d’agriculteurs prestataires qui viennent avec leurs tracteurs – et pour partie d’ailleurs. Ainsi, deux coupeurs sont polonais et une vingtaine de roumains, sous contrat de saisonnier français, font le chargement. « Il y a un monde entre les exploitations familiales et les géants du secteur », confirme un autre salarié agricole souvent employé au moment de la coupe des sapins. « Les exploitations familiales embauchent des locaux tandis que chez les géants, ce sont essentiellement des polonais et des roumains qui font la récolte. Pour tout le monde, le prix du sapin est le même ; c’est la marge qui change ».

Louis-Benoît Greffe

Illustration : Pixabay (cc)
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