19/12/2017 – 06h00 Bouvron (Breizh-info.com) – Bonne nouvelle pour les habitants de Bouvron, entre Blain et Savenay, au centre de la Loire-Atlantique. Bien qu’ils sont confrontés de plein fouet à la désertification rurale et à l’avancée du déclin, la supérette, qui a fermé mi-septembre, pourrait rouvrir, plusieurs repreneurs s’étant manifestés.
En revanche, les agences de La Poste et du Crédit Mutuel sont condamnées à court terme tandis que la mairie (socialiste, puis En Marche) semble rester impassible.
Trois repreneurs différents se sont manifestés, nous confirme-t-on à la mairie de Bouvron ; ils ont pris la peine de présenter leur projet et leur détermination à garder un point presse. « Nous leur avons fait valoir que la boucherie était un produit d’appel des fonds de commerces précédents », nous explique-t-on ; deux des repreneurs sont proches des enseignes Carrefour et Super U, un troisième serait indépendant. Entre les trois, la mairie a déjà trouvé son favori, et l’a fait savoir sans guère de discrétion.
La supérette rouvrira dans son ancien local, face au magasin paysan qui est pour l’heure le seul ravitaillement des bouvronnais – ceux du moins qui ne peuvent pas se déplacer à Blain, Fay-de-Bretagne ou Savenay (la Colleraye), avec le marché du jeudi matin, de moins en moins fréquenté. La liquidation judiciaire simplifiée de l’ancien fonds de commerce a été prononcée à la fin du mois de septembre.
Réinventer l’épicerie et la remettre dans les cœurs des habitants
Quoi qu’il en soit, la supérette devra se réinventer pour vivre : Bouvron est sur la nationale, les habitants sont à quelques minutes des centres commerciaux de Blain et de Savenay. « Si c’est pour avoir des boîtes de conserve et des biscuits, autant prendre sa voiture, on a le choix et c’est moins cher », remarque un bouvronnais. « Le problème, c’est pour le dépannage, et pour les anciens ». Pour les commerces qui ont besoin de la presse – le PMU s’est abonné au Turf mais le reçoit un jour sur deux, ce qui n’est guère pratique ni pour les clients ni pour la commerçante, d’autres s’organisent avec leurs clients ou voisins.
L’épicerie de Saint-Omer-de-Blain, 7 km plus au nord, vient de trouver un repreneur – mais elle fait des pizzas et des crêpes en plus d’un assortiment large de produits. « Le vrai problème, c’est qu’à Saint-Omer, ils font corps autour de leurs commerces, ici on n’arrive pas à se les approprier et à les défendre », remarque un autre bouvronnais, pour lequel, « c’est clair, Bouvron est en déclin et la mairie, au lieu de financer des lampadaires écolos et des panneaux où ils disent qu’ils laissent pousser de la »végétation spontanée », autrement dit des mauvaises herbes [dans la courbe de la RD16 près du cimetière, NDLA], devrait défendre ce qui reste avant que tout ne ferme et que Bouvron ne devienne un village-dortoir ».
La Poste et le Crédit Mutuel fermeront-ils ?
Pendant ce temps, les horaires de La Poste ont été réduits à quinze heures par semaine. Au conseil municipal du 12 septembre dernier – où les taxes locales ont été remontées d’un point encore (19.05% pour la taxe d’habitation, 18.46% pour la taxe foncière sur le bâti, 48.85% pour la taxe foncière sur le non bâti) la mairie a écarté la création d’une agence postale communale et accepté que La Poste descende jusqu’à 12 heures 30 par semaine, à raison de 2h30 « le mardi matin, le mercredi après-midi, le jeudi matin, le vendredi après-midi et le samedi matin ».
Non pourvue d’un distributeur automatique et ouvrant moins de 20 heures par semaine, l’agence est condamnée selon les critères de la Poste, d’autant que Bouvron est à quelques minutes des agences maintenues de Blain et de Savenay. L’optimisation postale a déjà frappé à Fay-de-Bretagne, à 4 km : le bureau de tabac y a repris l’activité de la Poste, qui ferme définitivement début 2018. Pour l’heure, contrairement au Gâvre ou à Piriac sur Mer, où les mairies ont défendu leur Poste avec véhémence, à Bouvron la mairie ne semble pas vouloir défendre un service public pourtant indispensable.
Juste à côté, l’agence du Crédit Mutuel semble condamnée elle aussi – « les comptes ont été regroupés avec ceux de la Colleraye », nous explique un client professionnel. La Colleraye est le centre commercial au nord de Savenay, dont l’agence apparaît intitulée sur le web « caisse de Crédit Mutuel Savenay-Fay-Bouvron ». Maintenant, « quand on prend un rendez-vous, c’est à la Colleraye et non pas à Bouvron », remarque un autre client – cependant certains rendez-vous sont maintenus encore dans la commune, où les clients pensent cependant que « l’agence ne tiendra pas longtemps ». Derrière, le marché qui bat de l’aile, sera fragilisé, ainsi que certains commerçants : « s’il n’y a plus de banque ici, je ne continuerai pas », nous confie l’un d’eux, proche de la retraite.
Le bar-restaurant s’en sort, taxons-le !
Loin de défendre ses commerces, la mairie de Bouvron semble vouloir s’acharner à les plomber. Ainsi, selon nos informations, le premier adjoint est venu voir les tenanciers du Bouvronnais – le café-tabac-restaurant au carrefour de la RN171 (Blain – Savenay) et de la RD16 (Pontchâteau – Nort-sur-Erdre) au cœur du bourg, qui ne désemplit pas.
Pour les féliciter ? Pensez-bien ! Pour leur affirmer qu’ils devront payer le droit de terrasse – à peine aménagée et séparée des camions, « à raison de 5€ par jour », soit plus de 1800 € par an. Il faut bien payer les « résidences d’artistes » décidées en février dernier pour un coût de 3000 € par an ! Cependant, si les droits de terrasse sont un classique dans les grandes villes, c’est le seul commerce de Bouvron qui en dispose et les tenanciers précédents n’ont jamais payé de droits de terrasse. Sans compter qu’ils paient déjà bien assez de charges et d’impôts comme ça. La mairie aurait lâché l’affaire, pour 2017 du moins. Espérons que les repreneurs de la supérette n’auront pas les mêmes surprises…
Louis-Benoît Greffe
Crédit photos : DR
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