09/12/2017 – 06h50 Paris (Breizh-info.com) –L’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe est délicat, tant sur un plan technique que sur un plan géostratégique, et nécessite de lourdes négociations pour le sécuriser. Une accélération des accords entre plusieurs pays a eu lieu à l’Est de l’Europe.
En Méditerranée Orientale
Le 5 décembre, Chypre, Italie, Grèce et Italie ont signé un protocole pour la construction du plus long pipeline sous-marin de gaz naturel au monde : les chiffres sont astronomiques : 2100 km de long, 0,45 milliards de m3 en capacité, 5 milliards d’euros de coût, et des segments du pipeline à plus de 3km de profondeur ce qui correspond à un nouveau record. Les vastes champs gaziers Chypriotes du nom d’Aphrodite, et ceux du Leviathan au large d’Israël seront donc raccordés dès 2015 grâce à cette autoroute reliant Israël et Chypre aux terminaux gaziers italiens et grecs. George Lakkotrypis, le minsistre Chypriote de l’énergie souligne « une étape significative qui souligne l’engagement politique des quatre pays à poursuivre un important pilier de ce que nous appelons le corridor en gaz naturel ». Alexis Tsipras a précisé que « ces ressources vont contribuer à renforcer coopération et stabilité » dans le bassin oriental de la Méditerranée, et Binyamin Netanyahou a de son côté décrit le gazoduc Med East comme une « révolution ».
En Baltique
Avec l’essouflement du projet Nabucco qui devait intialement relier l’Iran à l’Europe centrale par la Turquie, puis après l’abandon du South Stream qui devait relier les gisements Russes à l’Europe Centrale en passant sous la Mer Noire, le deuxème grand sujet stratégique est la réalisation ou non des projets Nord Stream : Nord Stream est le nom du gazoduc reliant actuellement la Russie à l’Allemagne via la Mer Baltique et approvisionnant le cœur de l’Europe à partir des gisements de la Mer Arctique, dont celui de Chtokman qui représente à lui seul 2% des réserves mondiales.
Nord Stream 2 est le projet qui consisterait à doubler le gazoduc. Lancé le 4 septembre 2015 avec la signature d’un accord commercial entre les Russes de Gazprom, les Autrichiens de OMV, les Allemands Uniper et Wintershall, l’Anglo-Néerlandais Royal Dutch Shell mais aussi les Français d’Engie, le consortium prévoyait une répartition des parts autour de 50% pour Gazprom et de 10% pour chacun des partenaires Européens. Le budget total évalué à 9,5 milliards d’euros prévoyait la construction des deux conduits sur une longueur totale de 1224 kilomètres entre Vyborg, Russie, et la ville portuaire de Greifswald en Allemagne pour 2019, avec une pleine exploitation du dispositif en 2021.
Nord Stream est vue, par de nombreux observateurs et principalement par des Américains, comme un moyen de rendre dépendante l’Europe centrale vis-à-vis du gaz Russe. Pologne, Pays Baltes et Slovaquie se sont élevés également contre ce projet en s’appuyant sur les dispositions adoptées par l’Union en 2014 à travers sa Stratégie de sécurité énergétique visant à se libérer de la tutelle gazière Russe. D’autre part, le Danemark a émis des réserves environnementales.
Ingérence américaine
Cela a été peu médiatisé en France mais les USA ont milité de manière très incisive contre Nord Stream, à la fois pour contrer l’influence énergétique Russe mais également pour vendre son gaz de schiste aux Européens. Les moyens de pression ont été considérables : menaces de sanctions juridiques et financières sur le sol Américain contre les entreprises Européennes prenant part au projet, puis le 2 aout la signature d’un texte proposé par le Congrès Américain et signé par le Président Trump visant à sanctionner économiquement la Russie et ses partenaires occidentaux participant à Nord Stream.
Malgré la violence de leurs rétorsions économiques, les Américains restent gênés par la faiblesse des dispositifs portuaires en Europe pour accueillir leur gaz de schiste sous forme de Gaz naturel Liquéfié. Il reste que la parlement Danois a voté le 30 Novembre 2017 une loi accordant au Ministère des Affaires Etrangères la possibilité de s’opposer au tracé du Nord Stream dans les eaux territoriales de la Baltique leur appartenant. Cette pression obligerait à en déplacer le tracé, mais ne met pas en péril la nature même du projet.
Les Polonais, dont le Ministre des Affaires Etrangères a qualifié Nord Stream d’équivalent au Pacte Russo-Germanique Molotov-Ribbentrop, et les Ukrainiens, voyant leur position stratégique liée au transit du gaz Russe vers l’Europe particulièrement menacée, ne semblent pas faire le poids face aux nécessités économiques Allemandes qui ont troqué leur nucléaire puis leur charbon contre les énergies renouvelables et le… gaz.
Photos : DR
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