Les chiffres de novembre 2017 communiqués par l’administration pénitentiaire font état de 69 307 personnes actuellement incarcérées et sous les verrous (on ne compte donc pas ceux qui bénéficient de régimes particuliers, comme le bracelet électronique).
Avec officiellement 59 151 places disponibles dans les différentes prisons françaises (maison d’arrêt, centre pour mineurs, établissements pour peine ..) le premier réflexe est de se dire : il manque des places de prison en France, il faut donc en rajouter, ou construire des nouvelles prison. Discours classique, notamment à droite, et cela depuis des années.
D’autres, aux discours assez effrayants, viennent expliquer que « les prisonniers » (comme si il y avait une généralité à faire) ne devraient pas avoir à se plaindre de la promiscuité, des conditions carcérales déplorables, de la surpopulation, des bâtiments vétustes, nids à maladies et à épidémies…
Pourtant, il existe bien plusieurs pistes pour mettre fin à cette politique carcérale française, machine à reproduire en permanence des délinquants, du fait justement des conditions de vie en prison, qui ne sont pas acceptables, ni pour les délinquants, ni pour le personnel, ni pour les présumés innocents qui constituent 20 000 des 69 307 incarcérés ce qui constitue un scandale absolu.
En effet, sur ces 20 000 personnes, une large partie n’a absolument rien à faire en prison, en attente de jugement. Et le droit français dispose que ces personnes, bien que mises en examen, sont présumées innocentes. On enferme donc des innocents présumés, tandis que dans le même temps, la justice laisse sortir avant la fin de leur peine des coupables condamnés, avec tous les risques en conséquence (combien d’affaires mettant en cause des délinquants libérés avant la fin de la peine prononcée par la justice souveraine et aménagée par un JAPD ?)
Première solution : n’enfermer que les personnes condamnées, c’est à dire jugées coupable. Cela passe par l’accélération des procédures judiciaires (et donc les moyens inhérents à cela, à moins que l’État français ne reconnaisse qu’il est un pays du Tiers monde et qu’il ne peut pas financer cela …), et par la multiplication des alternatives à la prison (un voleur de vêtements et un chauffard de la route doivent-t-ils réellement être dans des cellules avec des dealers et avec des agresseurs ?)
Deuxième solution : recenser l’intégralité des personnes de nationalité étrangère, ou ayant obtenu la nationalité française en plus de leur nationalité de naissance. Les extraire des prisons françaises, et les remettre aux autorités de leurs pays d’origine, avec interdiction définitive de revenir sur le territoire européen. Le simple argument de devoir être exemplaire dans le pays qui vous accueille devrait convaincre les opposants de principe à la double peine, qui n’en est en réalité pas une, puisque la seule peine est l’expulsion (les autorités du pays se chargeant ensuite de juger l’individu).
Avec ces deux solutions mises en oeuvre, les prisons françaises seraient dépouillées de plus de la moitié des places disponibles. Les frais actuellement gaspillés à maintenir en prison des individus n’ayant rien à y faire pourraient être dépensés pour permettre à la justice d’accélérer son travail (embauche massive) et dans la rénovation de toutes les prisons.
Car quoi qu’en disent les acharnés qui estiment qu’un délinquant devrait être enfermé dans le noir au pain sec et à l’eau, à partir du moment où le pacte social inclut la prison (et non pas la peine de mort), la société doit admettre que les personnes qui y sont enfermées doivent être traitées dans l’optique d’un jour, ressortir, et donc de se réinsérer dans la société. On ne réinsère pas des animaux privés de toute dignité en plus de liberté.
On dit qu’on peut souvent jugé la propreté et la qualité d’un restaurant à l’état de ses toilettes. Un Etat digne de ce nom est lui aussi incontestablement jugé eu égard de l’Etat de ses prisons.
Moins de mise en détention, plus de rénovation, plus d’expulsions, tout cela pour plus de justice et pour donner un réel sens à la prison et à l’enfermement, qui n’en ont plus aucun aujourd’hui.
Julien Dir
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5 réponses à “Non, la France n’a pas besoin de construire plus de places de prison ! [Tribune libre]”
Y a qu’a… La prison préventive est quand même un bon moyen pour éviter l’évaporation de « présumés innocents » dont la justice suspecte qu’ils ne le sont pas tant que ça. La présomption d’innocence ne s’oppose pas du tout à cette pratique encadrée par la loi, le problème étant de rendre l’instruction plus rapide et plus efficace.
Par ailleurs, les « alternatives » à la prison sont déjà largement pratiquées sous l’appellation hypocrite d' »aménagement des peines », c’est-à-dire que des délinquants condamnés à la prison au nom du peuple français NE SONT PAS en prison. Tout simplement parce que, contrairement à ce que vous dites, il manque des places de prison.
Quant à votre deuxième solution, « you have to be two to tango » : elle suppose la collaboration des Etats étrangers, qui n’est pas acquise. La double nationalité est plus un obstacle qu’un atout : elle permet aux délinquants de choisir « à la carte » l’endroit où il s’en tirera le mieux — et comme la plupart des pays, dont la France, n’extradent pas leurs nationaux, la situation des délinquants est facilitée.
Pour parler de « double peine », il faut supposer que retourner dans son pays soit une « peine ». L’expulsion des étrangers délinquants devrait être une simple sanction administrative automatique : le droit de séjourner sur le territoire français est subordonné à un comportement respectueux des lois locales, en cas de délit ou de crime, ce droit disparaît. Si l’on tient au vocable de « double peine », il faut en clarifier les raisons : la première peine sanctionne une infraction aux lois française, la seconde (l’expulsion) sanctionne une infraction aux lois de l’hospitalité.
Enfin, il n’y a aucune raison que les délinquants étrangers soient emprisonnés aux frais de la République française : des frais de séjour devraient leur être facturés (et traités comme une dette imprescriptible s’ils ne sont pas réglés immédiatement) Toute régularisation ultérieure de leur situation (délivrance d’un visa notamment) serait conditionnée par l’apurement de cette dette.
60% des détenus sont d’origines étrangères, si on les expulsés il y aurait de la place dans les prisons
Plus (+) d’expulsion de délinquants étrangers avec un seuil d’automaticité c’est très bien.
La détention provisoire revient a remettre la liberté d’un homme dans les mains d’un « petit juge » souvent débutant, avant que le dossier ne soit réellement constitué puisque l’instruction est là pour le faire. C’est évidemment un scandale et cette détention lorsqu’elle est nécessaire aux besoins de l’enquête en cas de délits graves ou de récidive ne devrait pas se faire en prison. On a libéré beaucoup de casernes, on démolit à coups de dynamites beaucoup d’immeubles qui pourraient ou auraient pu être utilisées comme maisons de rétention pour les prévenus comme d’ailleurs certains délits mineurs pour lesquels les risques d’évasions sont limités.
Revoir la formation des magistrats dans ce sens et dans celui d’une plus grande fermeté pour les actes de nuisance sociale (ce que Renaud Camus appelle la « nocence ») qui pourrissent la vie de tous les jours et sans forcément passer par la case prison.
Interdire le syndicalisme dans la magistrature et notamment ce syndicalisme pourri (SM) d’extrême gauche a visée anti sociale.
Ce sont des réformes de fond qui impliquent un véritable changement de logiciel et qu’on ne doit guère attendre d’une gouvernement de transition façon Macron.
les prison sont sales, les microbes sont la aussi les conditions sont déplorables je ne comprend pas nous n’allons pas payer des impôts supplémentaire pour leur offrir des femmes de ménage ils ont plus que de nombreuses personne Agées ils peuvent faire leur ménage tout seul la propreté les regardent ne pas rendre responsable les asugéties à l’impôts
Bien dit, Julien !